Pendant le week-end du 21 au 24 juillet, Erfurt sera " occupée " par le forum social — il n'y aura pas d'autres réunions publiques. Cela se fait avec l'accord de la municipalité (pourtant dirigée par un maire conservateur, membre de la CDU, mais en automne il y aura des élections communales et ce maire croit obtenir un gain de popularité en accueillant le forum).
La structure du forum social a un peu la forme de cercles concentriques. Selon la tradition du forum mondial et du forum européen, il y aura quatre grands axes thématiques, au sein desquels on veut structurer les discussions : 1. Le monde du travail et la dignité humaine ; 2. La mondialisation et le rôle de l'Allemagne dans le monde ; 3. Les droits de l'homme et la participation politique ; 4 . Un monde vivable - vivre autrement.
Cette structure permet des questions comparables formulées par des milieux et des secteurs fort différents ; on veut inciter à la discussion des thèmes communs à partir d'optiques divergentes. Des séminaires et des groupes de travail sont prévus pour les quatre thèmes indiqués. Selon la méthodologie internationale, les groupes de travail auront entre 10 et 25 participant(e)s, les séminaires, qui doivent en tout cas être préparés par plusieurs associations, groupes ou organisations, entre 80 et 200. La question, si le Forum (comme le FSM ou le FSE) va organiser lui-même des séminaires ou des conférences, reste encore ouverte. A la fin d'une journée, les participant(e)s seront appelé(e)s à résumer les débats et les conclusions. En cas de réussite, ce serait un grand pas en avant dans le processus des forums sociaux.
Outre les quatre thèmes il y aura des espaces autogérés comme l'espace des femmes ou le forum social " d'en bas ". Évidemment, il y aura également beaucoup d'événements culturels dispersés par la ville. Des groupes chrétiens de base (les églises catholique et protestante jouent un rôle beaucoup plus important dans la société civile allemande qu'en France) vont organiser des prières politiques et des méditations. Il y aura de même un espace où les forums sociaux locaux pourront discuter de leur travail et se coordonner, ainsi qu'un espace pour la discussion (et la confrontation) entre les mouvements sociaux et les partis politiques.
La conférence d'Erfurt a déclaré vouloir organiser le forum social sur la base des principes de Porto Alegre. Cela concerne aussi la phrase suivante : " Ni des représentants des partis politiques ni des organisations militaires ne sont admis dans le forum ". Dans la réunion préparatoire, il y avait des propositions de rendre plus souples ces principes, mais elles ont rencontré une résistance massive. Ainsi les partis politiques ne peuvent pas organiser des réunions dans le cadre du forum — bien que leurs organisations de jeunesse, leurs fondations et leurs journaux soient admis.
On est d'accord sur le fait que le forum social en tant que tel ne prenne pas de décisions. Mais il y a un très grand besoin de discuter de la défaite des luttes contre les soi-disant " réformes Hartz IV " et des possibilités, stratégies et formes d'organisation des mouvements sociaux qui se battent contre les méfaits du néolibéralisme. C'est pourquoi on a décidé d'organiser une réunion des mouvements sociaux à Erfurt.
Ainsi le processus de la construction du premier forum social en Allemagne a commencé. Étant un forum contre le libéralisme, il veut intégrer toutes les associations sociales attaquées par le grand capital. L'enjeu est la construction d'un nouveau sujet social après la faillite du " socialisme réellement existant " et après l'adaptation de la social-démocratie à l'ordre néolibéral. Il s'agit d'un projet à long terme, dans lequel les acteurs/actrices sociaux doivent faire connaissance avec leurs partenaires et commencer la discussion et la coopération. Et on veut inviter nos ami(e)s et camarades des pays voisins à venir à Erfurt pour discuter avec nous. Nous sommes convaincus que la plupart de nos problèmes sociaux ne sont plus solubles dans le cadre d'une politique nationale ; une politique internationale est à l'ordre du jour.