L’ISO soutient les appels à manifester et à se rassembler le 27 septembre à Berlin – « All Eyes on Gaza » et « Ensemble pour Gaza ».
On peut comprendre la critique qui leur est faite. Certaines organisations issues du mouvement de solidarité avec la Palestine, y compris au niveau international, soulignent à juste titre que le ton de ces appels reste trop timide : ils parlent d’« humanité » et de « paix », alors qu’il s’agit en réalité de colonialisme, d’apartheid et de la lutte de libération de tout un peuple. Ceux qui ne parlent que de « deux parties » qui devraient se réconcilier d’une manière ou d’une autre occultent la relation entre les opprimé.e.s et leurs oppresseurs.
Mais c’est précisément parce que cette critique est justifiée qu’il est incorrect de ne pas participer à la manifestation du 27 septembre. En Allemagne, ce qui se décide actuellement, c’est si la solidarité avec la Palestine sera longtemps encore soumise aux allégations d’’antisémitisme ou si nous parviendrons à en faire une composante légitime et incontournable de toute politique de gauche.
Nous assistons actuellement à un ébranlement des positions pro-sionistes et anti-allemandes qui ont paralysé la gauche radicale pendant des années. Elles ne représentent ni l’opinion majoritaire dans la société, ni la nouvelle réalité au sein de Die Linke depuis son grossisement à l’issue des dernières élections fédérales. Pour la première fois depuis des années, il existe une réelle possibilité que la solidarité avec la Palestine acquière une visibilité non pas à la marge, mais bien en tant que position majoritaire parmi les mouvements de gauche.
Dans ce contexte, il ne faut pas se comporter comme s’il s’agissait uniquement du texte d’un appel. Par le passé, le Die Linke en tant que parti – ou du moins une partie de celui-ci – a défendu la solidarité avec Israël, au détriment de la solidarité avec la Palestine. Le fait qu’un parti représenté au parlement prenne désormais parti pour Gaza constitue un progrès. Certes, ce n’est pas avec de grandes ONG telles que Medico International ou Amnesty International que nous aurons une orientation combative. Mais le fait que ces forces descendent dans la rue aux côtés du parti Die Linke et des groupes de solidarité avec la Palestine marque une rupture politique, et c’est précisément là que se situe l’opportunité d’apporter notre contribution.
Cette manifestation est un pas en avant. Elle constitue une plate-forme à partir de laquelle un nouvel élan peut être donné à une solidarité internationale efficace, une solidarité qui dépasse les formules humanitaires creuses et qui mette véritablement fin à la complicité allemande avec les crimes d’occupation et de guerre commis par Israël.
D’un point de vue socialiste, cela signifie consolider ce qui est juste et clarifier ce qui est flou. Dans un pays qui est l’un des principaux alliés politiques, économiques et militaires d’Israël, nous devons commencer à mener le débat à grande échelle, et non dans un petit espace protégé. Ceux et celles qui se retirent maintenant prennent le risque que la solidarité avec Gaza continue d’être considérée comme une question taboue.
Oui, les formulations des appels restent en deçà de ce qui est nécessaire. Oui, elles n’expriment pas toute la radicalité de la lutte de libération. Mais cette manifestation peut être un pas vers la rupture des barrières qui nous entourent depuis des années : la boucle sans fin des accusations d’antisémitisme à l’encontre de la moindre forme de solidarité concrète. Elle peut préparer le terrain pour une mobilisation plus claire, plus forte et plus cohérente la prochaine fois.
C’est pourquoi il est juste d’être présent le 27 septembre et de faire progresser les discussions.
