
Ne nous trompons pas ! Le peuple martiniquais n’avancera pas dans la solution des problèmes qui l’assaillent en ignorant ce qui se passe dans les autres colonies, en France et dans le monde.
Même dans les plus grandes puissances de la planète, les travailleurs/ses, les classes subalternes ne peuvent espérer avancer réellement en détournant leur regard du contexte mondial. Le sort de Trump et de sa bande dépendent de la lutte des exploité·e·s des USA, mais aussi de la résistance interne et externe au génocide en Palestine, des tueries en Ukraine, du réveil des solidarités internationalistes dans le monde.
Les états-majors politiques martiniquais peaufinent leurs tactiques électorales pour les prochaines municipales, mais nul ne sait quelle sera en vérité la première échéance électorale découlant de la crise du régime en France. Au lieu de faire des séances, de jouer à madame soleil, si on préfère le vocabulaire français, mieux vaut partir de ce qui est sûr.
La France d’en-haut est dans la panade, et veut faire payer les pots cassés par elle, aux exploité·e·s. Mais les résistances diverses cherchent la voie dégageant les dirigeants, conjurant la menace néofasciste, et assurant un avenir de dignité.
Bayrou sera évacué, et par milliers les gens du peuple s’apprêtent à fêter l’évènement.
Le 10 septembre, un mouvement issu des profondeurs de la société posera la question : et maintenant ? Des organisations syndicales comme Solidaires, la CGT, la FSU vont s’impliquer dans la lutte. Les Insoumis·e·s, les anticapitalistes du NPA, de nombreux collectifs locaux mettent leurs forces dans la bataille.
Le 18 septembre, l’intersyndicale complète appelle à la grève.
Le refus de Macron et de son monde, l’opposition à leur politique enragée contre les classes populaires et pour les plus riches est manifeste. Les Le Pen, Bardella et cie, sont en embuscade. Leur rêve : détourner durablement la colère contre le pouvoir en s’excitant contre les immigré·e·s, les musulman·e·s, les racisé·e·s pour mieux diviser le peuple.
Nous ne sommes évidemment pas neutres devant cet affrontement de classes. Les mauvais coups contre la retraite, les allocations sociales, le smic, le délabrement des services publics (de la santé, de l’École...), la perte de pouvoir d’achat pour la majorité sociale nous concernent au premier chef. Nous subissons même en la matière le fameux « supplément colonial » en termes de vie chère, de santé publique, de chômage, etc.
Les syndicats qui se mobilisent, ont raison. Les autres ont tort. Il en va de même pour les forces politiques qui soutiennent ou au contraire se désintéressent.
En appelant à la lutte, nous attirons l’attention sur les points suivants : une journée de mobilisation, des grèves ponctuelles répétées, ont montré leurs limites. Le mouvement ouvrier et populaire martiniquais doit se préparer pour une lutte d’ampleur, prolongée, en liaison avec leurs alliés en France. Cela suppose une rencontre de toutes les forces de résistance et de changement. L’heure du chak bèt a fé n’est pas de mise. Dépasser ces vieux réflexes, si facilement contagieux, est une condition de victoires durables.
Mettre ensemble les forces d’émancipation ne se fera pas à partir de grandes confrontations idéologiques, mais en s’attelant sérieusement à définir un programme partagé, forgé à la chaleur même de la lutte, avec la population, en prenant le temps nécessaire malgré les urgences.
La méthode du débat démocratique reste la meilleure pour créer les conditions de l’adhésion des masses.
Ce n’est pas un hasard si l’exigence d’une Assemblée Constituante refait surface pour aborder la question statutaire. Nous ne voyons pas de meilleur moyen de définir les institutions dont nous aurons besoin pour la mise en place du programme revendicatif des masses.
Oui à la mobilisation ! Oui au débat concret !
Oui à la construction de perspectives conformes aux intérêts des masses !
10 septanm 2025 – Annou doubout ! – Extraits d’un tract de la CDMT (Confédération Démocratique martiniquaise des Travailleurs/ses)
À force de provoquer les masses laborieuses par des mesures scélérates contre ceux d’en bas au bénéfice de ceux d’en-haut, Macron, Bayrou, et leur bande ont réveillé une colère que les grèves en défense de la retraite avaient déjà prouvée.
Cette fois, comme à l’époque des gilets jaunes, le signal de la révolte est donné par un mouvement citoyen sous le mot d’ordre : ON BLOQUE TOUT .
La gauche sociale et politique de France s’oriente vers un soutien et sa participation…
Le macronisme a du plomb dans l’aile. De plus en plus de gens du peuple comprennent qu’un changement radical de cap est la condition de la survie…
La Martinique vit pour sa part, une situation insupportable. La dérive sociale a des visages multiples : vie chère, salaires de misère, services publics dégradés, délinquance, exil des jeunes pendant qu’arrivent de France, une migration de confort…
Ces combats nécessaires doivent être complétés par un réveil général du monde du travail. Le rôle du mouvement syndical est de le préparer.
Le 10 septembre peut être l’occasion d’un grand branle-bas de combat
Publié dans Révolution socialiste n°411 – 8 septembre 2025