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Municipalités d’aujourd’hui pour la Martinique

par Groupe Révolution Socialiste

L’élément nouveau de la situation des municipalités de Martinique, découle de l’évolution de la configuration politique globale. Cette dernière reste à mettre en rapport avec les évolutions économiques, sociologiques, géographiques lourdes, sur lesquelles il conviendra de revenir. Pour l’heure, disséquons-en l’aspect politico-institutionnel.

Par rapport aux époques d’affrontements idéologiques évoqués dans notre précédente édition (RS n°424), la nouveauté est la succession des recompositions politiques avec leursconséquences au niveau des luttes municipales. Au grand clivage autonomistes/assimilationnistes (PCM/PPM versus DROITE/PS), a succédé le fort conflit PPM/MIM. Cette querelle a structuré la vie politique de façon très pesante.

Il a signifié la course effrénée aux alliances, menée par chaque camp. Le système électoral antidémocratique régnant encore (barre pour fermer la route aux courants minoritaires, etprime pour transformer le courant arrivé en tête en courant dominant absolu) a aggravé les choses.

Dans les alliances extravagantes conclues de part et d’autre, celle réalisée entre le MIM et la droite de Monplaisir mérite une mention spéciale par l’ampleur de ses effets délétères sur le« mouvement anticolonialiste » au sens large. La dislocation en deux temps de cet attelage (la droite, puis le RDM quittant le navire), est contemporaine d’un affaiblissement de presque tous les partis politiques. Droite, PPM, composantes diverses du « camp patriotique », ont perdu en substance et en crédibilité.

Cette perte de poids et de pouvoir de contrôle sur les initiatives politiques, a ouvert un espace pour des contestations extra-institutionnelles plus ou moins inspirées, quoiqu’elles en disent, du grand mouvement de février 2009. Mais, elle a aussi accentué la floraison des ambitions électorales personnelles dépourvues de contenu idéologique, ou en tout cas, le cachant plus ou moins consciemment.

À la lecture des programmes des nouveaux candidats aux diverses élections, on peutsouvent se demander ce qui les différencie quand ce n’est pas le fringant de leurs nœuds papillons (pour la gent masculine) ! La défaite historique de la droite ne s’accompagne-t-elle pas là, d’une victoire idéologique qui est la disparition du débat politique chaque fois quepointe une élection ? La nature ayant horreur du vide, on a vu surgir dans la municipalitéfoyalaise l’appel à la « culture d’entreprise », et dans les majorités successives de la Région puis de la CTM, les théories du privé comme solution systématique pour le développement économique. C’est de là que vient le désir « d’assoiffer l’âne », c’est-à-dire de baisser lessalaires réels comme voie royale contre le « laxisme des salariés » (on peut noter que les cadres qui prônent cette thérapie de choc ne se l’appliquent jamais à eux-mêmes ; bien au contraire !).

Dans un tel contexte, les « citoyen·ne·s » remplacent les classes sociales dans lesprogrammes électoraux, on se veut le porte-parole de « tous les habitants » de la ville (villecapitale ou pas), on ne se distingue plus guère que par son habileté dans la com…, sa promessede sérieux, d’honnêteté, de modernité créative, sans s’engager à mettre en place le moindre mécanisme de contrôle populaire concernant le respect de ces belles promesses.

Sans vouloir vexer d’excellentes personnes, on doit interpeller celles et ceux qui proclament : rangez-vous derrière mon panache blanc ou multicolore, on prendra toujours les bonnes idées qui viendront ! Ou encore : on aura le temps de poser les questions les plusgraves, concentrons-nous sur les choses aussi banales qu’évidentes. Ou encore, la question essentielle c’est « tiré yo la ! », sans trop de précision sur ce qu’on fera à la place de celui (ou celle) qu’on veut « tiré la ». Ou encore : le maire en place fait de bonnes choses, mais je ferai mieux, sans dire en quoi ni comment.

Le problème de tous ces discours c’est l’ignorance, malgré les dires contraires, de lagravité des problèmes se posant aux peuples de nos régions et du monde. Il y a pourtant urgence à mettre en œuvre d’autres modèles, d’autres stratégies centrées sur les intérêts des masses laborieuses. Tout ne dépend pas des élections en général et des élections municipales en particulier. Nou sav sa !

Mais il faut aujourd’hui construire des points d’appui pour la lutte, des perspectives claires dès maintenant pour affronter les forces de la pwofitasyon économique, de la domination politique, de l’égarement culturel, du mépris pour l’écologie. Dès aujourd’hui, nous avons besoin d’autres politiques municipales.

Publié le 15 décembre 2025 dans Révolution socialiste n°425

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