La réflexion sur les municipalités et les campagnes municipales du passé, doit nous servir à sauver ce qu’il y a de meilleur dans les divers héritages, nous aider à se débarrasser des tares du passé et du présent, nous permettre de confronter ce legs d’expériences aux impératifs des temps présents et à venir.
Des choix politiques adaptés à l’échelon municipal
L’échelon municipal est celui qui met le plus immédiatement au contact des problèmes du quotidien.C’est là, que le rapport de proximité est le plus évident entre la population et les élu·e·s.
Si l’on s’en tient aux institutions politiques, la commune comme la ville, doit être l’instance première de résistance à la politique scélérate des classes dominantes et de leurs divers relais. Les traditions d’identification aux masses laborieuses, sur le plan social, et de résistance au colonialisme sur leplan politique, sont un patrimoine précieux qui doit nous écarter des discours aseptisés de la neutralité dansla lutte de classes, de la prétention trompeuse de représenter aussi bien les exploiteurs et les dominants queles exploités et les dominés, au féminin comme au masculin.
Au lieu d’équipes municipales qui nous promettent « d’aller chercher l’argent » sans nous dire ni où, ni comment, nous avons besoin d’équipes appelant les masses à mener le combat face à l’État et au Capital pour arracher les moyens financiers d’une politique en faveur du plus grand nombre. Il ne s’agitcertes pas de prétendre réaliser le socialisme dans un îlot communal, mais de contribuer un tant soit peu àla redistribution pour plus de justice sociale.
Le problème des municipalités défaillantes concernant la recherche des moyens financiers n’est paslié d’abord à un manque d’imagination, d’envie ou de compétence. Il découle du refus de certain·e·s de se positionner dans les affrontements de classes traversant la société. Dans la politique municipale, comme ailleurs, on est du côté du peuple, ou du côté de la bourgeoisie ; et non de « tout le monde ».
Un autre modèle productif
Les idéologues des classes privilégiées nous répètent : vous ne pensez qu’à la redistribution et pas à la production qui en est la condition. Ce faux-procès ignore une chose, c’est qu’en matière de productionaussi, il faut choisir entre deux orientations. La nôtre, c’est une production organisée et répondant aux besoins de la majorité avec des méthodes qui ne la sacrifie pas. La production socialiste que nous voulons,ne se réalisera pas dans le cadre du capitalisme. Mais attendre son renversement sans mettre en place, dès que possible, des formes de production qui se soustraient à la tyrannie du marché capitaliste, c’est retarder ce renversement.
La ville est un des lieux, où ces formes de production doivent être mises en œuvre. Les régies municipales publiques, les coopératives ouvrières de production, les sociétés publiques locales, les sociétéscoopératives d’intérêt collectif (associant coopératives et collectivités publiques) peuvent être réalisées à l’initiative, et avec l’aide des municipalités. Elles peuvent intervenir dans des domaines essentiels pour lapopulation : l’eau, l’énergie, les transports, la santé, le logement, la culture, l’artisanat, l’agriculture, la pêche.
Rentabilité à long ou moyen terme sont parfaitement compatibles avec l’intérêt général. Lesprocédures de contrôle populaire doivent être des outils efficaces contre la corruption, la gabegie, le laxisme.
Le peuple comme acteur essentiel
Notre insistance sur le contrôle est liée à notre conception du rôle des masses dans la politique municipale.
Beaucoup de gens veulent agir « pour le peuple ». Bien peu indiquent concrètement comment lepeuple peut prendre ses affaires en mains dans la ville et dans le pays. Même, lorsque certains vont jusqu’à affirmer cette nécessité, ils ne s’engagent pas à mettre en place les mécanismes le permettant. Ici et là, on avu surgir des « conseils de quartiers » au fonctionnement épisodique et au rôle purement consultatif sur des sujets non essentiels.
Dans notre conception, les conseils de quartiers doivent être saisis de l’acte majeur de toute collectivité : le vote du budget. Avec l’aide des technicien·ne·s de la ville, le peuple doit pouvoir seprononcer sur les choix budgétaires, c’est-à-dire sur les priorités, les équilibres, les calendriers. Il est possible et nécessaire d’avancer vers la décision sur les grandes masses du budget par le peuple lui-même. Cela doit se combiner avec la pratique des votations populaires sur les questions posant problème. Les municipalités peuvent s’engager à en respecter les résultats à partir d’un certain niveau de participationaprès une campagne suffisante.
Publié le 22 décembre 2025 dans Révolution socialiste n°426