En date du 26 octobre, la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires par intérim de l’ONU, Joyce Msuya, déclarait : «Ce que les forces israéliennes font dans la partie nord de Gaza assiégée ne peut pas être autorisé à continuer. Des hôpitaux ont été frappés et des travailleurs de la santé ont été arrêtés. Des abris ont été vidés et incendiés. Les premiers intervenants ont été empêchés de sauver des personnes sous les décombres. Des familles ont été séparées et des hommes et des garçons sont emmenés par camions entiers… Toute la population du nord de Gaza risque de mourir. Ce mépris flagrant de l’humanité et des lois de la guerre doit cesser.» Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), département du secrétariat de l’ONU, le 28 octobre, «prévient que les habitants du nord de Gaza ont désespérément besoin d’une aide vitale. L’OCHA indique que les autorités israéliennes ont refusé, au cours du week-end, des demandes supplémentaires d’acheminement de nourriture et de carburant pour les installations d’approvisionnement en eau de Jabaliya [à l’extrême nord de la bande de Gaza].»
Le 26 octobre, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) soulignait à nouveau et à son tour que «la situation dans le nord de la bande de Gaza est catastrophique. Les opérations militaires intensives qui se déroulent autour et à l’intérieur des établissements de santé et la pénurie critique de fournitures médicales, aggravée par un accès très limité, privent les gens de soins vitaux. Le ministère de la santé de Gaza nous a informés que le siège de l’hôpital Kamal Adwan avait pris fin, mais cela a coûté cher. Après la détention de 44 membres du personnel masculin, il ne reste plus que le personnel féminin, le directeur de l’hôpital et un médecin pour s’occuper de près de 200 patients qui ont désespérément besoin de soins médicaux. Les rapports faisant état d’installations hospitalières et de fournitures médicales endommagées ou détruites pendant le siège sont inadmissibles. Le seul moyen de préserver ce qui reste du système de santé de Gaza, qui s’est effondré, est un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Des vies en dépendent!»
Clothilde Mraffko le 28 octobre, dans le quotidien Le Monde, écrivait: «Dimanche 27 octobre au matin, un groupe d’hommes creusaient, à mains nues pour la plupart, dans les décombres d’un quartier résidentiel de Beit Lahya, dans l’extrême nord de la bande de Gaza, éclairant les gravats à la lumière de leurs portables. La nuit précédente, des bombes israéliennes avaient rasé le pâté de maisons où vivaient trois familles, les Abu Shdaq, les Masri et les Salman. Au moins 22 personnes, dont 11 femmes et deux enfants ont été tuées selon le ministère de la santé local. Les voisins et leurs proches ont mené les recherches seuls: depuis quatre jours, les secours n’atteignent plus ces zones après avoir été menacés – certains de leurs membres ont été détenus par l’armée israélienne. “Dans le nord de Gaza, ceux qui sont blessés se vident de leur sang et meurent”, résumait le journaliste d’Al-Jazira Hossam Shabat, sur son compte X, le 26 octobre.» La journaliste poursuivait: «Depuis le 6 octobre, Israël mène une offensive pour vider le nord de la bande de Gaza de ses habitants loin des regards. La plupart des reporters palestiniens ont fui vers le sud depuis un an. Les autorités israéliennes interdisent aux journalistes étrangers d’accéder à l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre 2023. Les communications sont régulièrement coupées.»
Le site israélien +972, le 23 octobre, publiait un article – écrit par Mohammed R. Mahawish, Ola Al Asi et Ibrahim Mohammad – décrivant le siège du nord de la bande de Gaza par l’armée israélienne: «Depuis plus de deux semaines, l’armée israélienne mène l’une des campagnes les plus brutales et les plus destructrices de la guerre dans le nord de Gaza. Les habitants de Jabaliya, Beit Lahiya et Beit Hanoun vivent un siège implacable qui les a privés de nourriture, d’eau et de toute illusion de sécurité. Les survivants décrivent un cauchemar qui dépasse l’entendement: des frappes aériennes et des bombardements si incessants que leurs corps n’ont cessé de trembler. L’opération militaire israélienne, qui a débuté aux premières heures du 6 octobre, a tué à ce jour au moins 640 Palestiniens.
»De nombreux habitants des zones assiégées ont décrit des scènes apocalyptiques de cadavres jonchant les rues, les équipes médicales étant incapables de les récupérer en raison des bombardements incessants. Ces derniers jours, l’armée israélienne a diffusé des vidéos montrant des soldats rassemblant des Palestiniens qui s’abritaient dans des camps de déplacés et les forçant à se diriger vers le sud, en direction de la ville de Gaza. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a estimé que 20 000 personnes avaient été déplacées de force de Jabaliya au cours de la seule journée du 18 octobre. Des images postées sur les réseaux sociaux par des soldats israéliens suggèrent également que l’armée a incendié des refuges pour empêcher les Palestiniens de revenir.
»Le docteur Mohammed Salha, directeur de l’hôpital Al-Awda à Jabaliya, nous a déclaré que la situation dans l’établissement était “catastrophique”. Environ 180 personnes – personnel médical, patients et familles déplacées – sont piégées à l’intérieur de l’hôpital, l’armée israélienne bombardant la zone environnante. “Nous attendons simplement que la mort vienne”, a-t-il déclaré, “ou un miracle”.»
Quand l’UNRWA est qualifié d’organisation terroriste
C’est dans ce contexte que la Knesset, le parlement israélien, a décidé d’interdire de fait les activités de l’UNRWA en Israël et dans les territoires occupés. Jean-Philippe Rémy, dans Le Monde daté du 30 octobre (version imprimée), écrit: «Ce fut expédié [le 28 octobre] en deux petites heures au Parlement, la Knesset, par deux votes quasiment unanimes – et à peine remarqué en Israël. Il s’agit pourtant d’un acte d’ampleur, mettant en cause tout à la fois une agence de l’Organisation des Nations unies (ONU), empêchée désormais d’opérer, ainsi que le sort de l’aide humanitaire dans Gaza et les territoires palestiniens occupés. Au-delà se joue donc l’avenir des habitants de ces territoires, incluant la Cisjordanie et Jérusalem-Est.» Ces deux lois ont «pour effet de mettre techniquement un terme aux activités de l’UNRWA». Le premier texte adopté par 92 voix contre 10 aboutit à l’expulsion du personnel du siège de l’UNRWA qui se situe à Jérusalem-Est, qui est un territoire occupé selon les Nations unies. «Le deuxième texte de loi, adopté par 87 voix contre 9, a pour objet de suspendre tout contact entre les représentants de l’Etat en Israël et l’UNRWA ainsi que ses employés. Le texte, qui devrait entrer en vigueur sous 90 jours, devrait avoir pour conséquence de mettre un terme à la délivrance de visas pour les employés étrangers de l’UNRWA, mais surtout d’empêcher le passage des marchandises et des personnels nécessaires au fonctionnement de l’agence à Gaza, en Cisjordanie occupée ou à Jérusalem-Est, qu’il s’agisse de l’aide humanitaire, de la gestion des écoles ou de l’assainissement.»
Lahav Harkov, sur le site JewishInsider le 28 octobre 2024, présente des arguments assénés par Yuli Edelstein, le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, par Boaz Bismuth, principal auteur du projet de loi, tous deux membres du Likoud. La logique de l’argumentation et des textes est transparente. Premièrement, ouvrir un espace aux forces qui, dans divers pays (comme en Suisse), déclarent qu’une aide, certes nécessaire, devrait être apportée par une structure alternative à l’UNRWA et obéissant à la «sécurité d’Israël». Deuxièmement, dissoudre de facto le statut de réfugié, avec droit de retour, établi depuis 1949 pour les Palestiniens, et réduire ces réfugiés à une «masse d’individus sans enracinement territorial».
Ce dessein ressort de déclarations tels que celle de Yuli Edelstein: «Quant aux arguments selon lesquels les Palestiniens ne recevront pas l’aide humanitaire nécessaire, il y a une période de 90 jours avant la mise en œuvre de la loi et que quiconque se préoccupe de la population devrait amener des organisations pour l’aider. Ceux qui veulent perpétuer le conflit peuvent continuer à soutenir l’UNRWA.» Ou encore de Ron Katz, député de Yesh Atid (parti dirigé par Yair Lapid): «Nous avons écouté attentivement nos amis internationaux [Etats-Unis avant tout]. Nous avons prêté une attention particulière au droit international… Nous disons simplement qu’Israël se dissocie de la branche du Hamas qui se fait appeler UNRWA.» Quant à Boaz Bismuth il a souligné: «L’UNRWA est égal au Hamas, un point c’est tout. A la communauté internationale, je dis: “Quiconque ferme les yeux sur cette vérité est un partenaire du terrorisme.”» L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, Danny Danon, a publié une déclaration vidéo sur X, suite à l’adoption des projets de loi, affirmant: «Israël continuera à coopérer avec les organisations humanitaires, mais pas avec celles qui coopèrent avec les terroristes du Hamas.» (Haaretz, 28 octobre)
Quant à l’auteur de l’article de JewishInsider, Lahav Harkov, d’«informer» le sens de ces lois en précisant: «L’UNRWA continue de conférer le statut de réfugié aux descendants des réfugiés de la guerre d’indépendance d’Israël de 1948, ce qui, selon ses détracteurs, perpétue le problème des réfugiés palestiniens au lieu de chercher à le résoudre, comme le fait le HCR, la principale agence des Nations unies pour les réfugiés, dans le cadre d’autres conflits. L’UNRWA opère en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, où les nouvelles lois israéliennes entraîneront probablement leur fermeture, ainsi qu’au Liban, en Jordanie et en Syrie.» Autrement dit, le statut particulier de réfugié reconnu aux Palestiniens se dissout dans la nébuleuse de l’ensemble des réfugiés à la charge du HCR.
On retrouve là la formule d’Ignazio Cassis, le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères de l’Helvétie, qui lors d’un entretien publié dans la presse suisse de langue allemande (Luzerner Zeitung, Aargauer Zeitung) le 17 mai 2018 déclarait: «Les réfugiés rêvent de retourner en Palestine… Il n’est pas réaliste que ce rêve devienne réalité pour tout le monde. Cependant, l’UNRWA maintient cet espoir. Pour moi, la question se pose: l’UNRWA fait-elle partie de la solution ou du problème?… Tant que les Palestiniens vivent dans des camps de réfugiés, ils veulent retourner dans leur patrie. En soutenant l’UNRWA, nous maintenons le conflit en vie.» Dans la foulée des propos d’Ignazio Cassis, Yves Besson, ancien responsable suisse de l’UNRWA pour la Cisjordanie de 1990 à 1995, confiait à Frédéric Burnand (Swissinfo, 17 mai): «Aujourd’hui, l’UNRWA est le dernier vestige de l’intérêt de la communauté internationale en faveur des Palestiniens et de leurs réfugiés. De plus, dire une telle chose n’a rien de neutre, puisque cet argument a été un leitmotiv d’Israël et des Etats-Unis. Ignazio Cassis fait bien peu de cas de ces personnes qui aimeraient pouvoir se prévaloir d’une origine, de ce droit au retour, même s’ils ne vont pas le réaliser concrètement.» Le droit au retour s’inscrit dans la reconnaissance de l’expulsion de 1948 – la Naqba – et fait écho, dans la réalité présente, au «nettoyage ethnique» à l’œuvre à Gaza.
Un notable plaidoyer de Philippe Lazzarini
Antérieurement au vote de la Knesset, le Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, publiait un communiqué: «L’UE souligne que toutes les agences des Nations unies incarnent l’ordre international fondé sur des règles, puisqu’elles défendent et mettent en œuvre à la fois la lettre et l’esprit de la Charte des Nations unies, à laquelle tous les Etats membres des Nations unies doivent se conformer.
»L’UE rappelle que l’UNRWA est le seul fournisseur de ces services essentiels et qu’il est indispensable pour apporter une aide d’urgence à des millions de réfugiés palestiniens. L’UNRWA s’est engagé depuis longtemps à remplir le mandat spécifique qui lui a été confié par l’Assemblée générale des Nations unies en 1948, avec plus de 30 000 employés dans la région [dans laquelle se trouvent 58 camps de réfugiés], dont 13 000 à Gaza.
»Outre l’expulsion prévue de l’UNRWA de ses locaux à Jérusalem-Est, les projets de loi pourraient également entraîner la violation des mesures provisoires ordonnées par la Cour internationale de justice (CIJ) et, une fois encore, des obligations d’Israël en vertu du droit international. Des millions de vies sont potentiellement en jeu et ces obligations ne peuvent plus être ignorées.» (Traduit de l’anglais)
Suite à l’adoption des deux lois par la Knesset, le communiqué de l’UE affirme: «L’UE reste déterminée à soutenir l’UNRWA et sa mission, tout en maintenant la neutralité, la responsabilité et le contrôle dans son partenariat.» Divers membres de l’UE ont prolongé à leur façon, avec des nuances, cette position.
Dans une lettre ouverte adressée, le 29 octobre, au président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Philémon Yang, Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, écrit: «Cette législation intervient après une année de mépris flagrant pour la vie du personnel de l’UNRWA [237 employés ont été tués et 200 structures endommagées ou détruites, tuant plus de 560 personnes cherchant la protection de l’UNRWA], ses locaux et ses opérations humanitaires à Gaza, et après d’intenses campagnes diplomatiques du gouvernement israélien visant les donateurs de l’UNRWA par la désinformation afin de saper son financement. Les autorités locales israéliennes menacent également d’expulser l’UNRWA de son siège à Jérusalem-Est occupée et de le remplacer par une implantation de colons […]
»La situation à Gaza dépasse le vocabulaire diplomatique de l’Assemblée générale. Après plus d’un an du bombardement le plus intense d’une population civile depuis la Seconde Guerre mondiale, et la restriction de l’aide humanitaire bien en deçà des besoins minimums, la vie des Palestiniens est brisée. Plus de 43 000 personnes auraient été tuées, en majorité des femmes et des enfants. La quasi-totalité de la population est déplacée. Les écoles, les universités, les hôpitaux, les lieux de culte, les boulangeries, les réseaux d’eau, d’égouts et d’électricité, les routes et les terres agricoles ont tous été détruits. La population survivante vit dans la plus grande indignité. Dans le nord, la population est prise au piège, attendant d’être tuée par des frappes aériennes ou de mourir de faim. Les otages pris en Israël continuent de souffrir en captivité, leurs familles étant laissées dans une terrible détresse. La violence s’intensifie en Cisjordanie, où la destruction des infrastructures publiques inflige une punition collective à la population civile. La guerre a débordé et s’est intensifiée au Liban.
»Le démantèlement de l’UNRWA aura un impact catastrophique sur la réponse internationale à la crise humanitaire à Gaza. Il sabotera également toute chance de redressement. En l’absence d’une administration publique ou d’un État à part entière, aucune entité autre que l’UNRWA ne peut assurer l’éducation de 660 000 garçons et filles. Une génération entière d’enfants sera sacrifiée, avec des risques à long terme de marginalisation et d’extrémisme. En Cisjordanie, l’effondrement de l’UNRWA priverait les réfugiés palestiniens d’accès à l’éducation et aux soins de santé primaires, ce qui aggraverait considérablement une situation déjà instable.
»Les ramifications politiques de l’effondrement de l’UNRWA sont désastreuses et ont des conséquences désastreuses pour la paix et la sécurité internationales. Les attaques menées contre l’Office entraînent des modifications unilatérales des paramètres de toute solution politique future au conflit israélo-palestinien et portent atteinte au droit des Palestiniens à l’autodétermination et à leurs aspirations à une solution politique. Ces attaques ne mettront pas fin au statut de réfugié des Palestiniens, qui existe indépendamment des services fournis par l’UNRWA, mais nuiront gravement à leur vie et à leur avenir.»
Face aux accusations du gouvernement israélien, Philippe Lazzarini souligne: «…depuis plus de 15 ans, l’UNRWA partage chaque année les noms de son personnel avec le gouvernement israélien. Cela inclut les noms des membres du personnel au sujet desquels le gouvernement n’avait jamais exprimé d’inquiétudes auparavant, mais qui ont été inclus dans les listes gouvernementales alléguant un militantisme armé. L’Agence prend chaque allégation très au sérieux. Elle a envoyé des demandes répétées au gouvernement – en mars, avril, mai et juillet – pour obtenir des preuves lui permettant d’agir. Aucune réponse n’a été reçue. L’UNRWA se trouve donc dans la position délicate d’être incapable de répondre à des allégations pour lesquelles il n’a pas de preuves, alors que ces allégations continuent d’être utilisées pour miner l’Office. […]
»Aujourd’hui, alors même que nous regardons les visages des enfants de Gaza, dont nous savons que certains mourront demain, l’ordre international fondé sur des règles s’effondre dans une répétition des horreurs qui ont conduit à la création des Nations unies, et en violation des engagements pris pour empêcher qu’elles ne se reproduisent. Les attaques contre l’UNRWA font partie intégrante de cette désintégration.
»Je pense que l’UNRWA s’est acquitté de son mandat en dépassant de loin tout ce que l’on pourrait demander à une entité ou à un membre du personnel des Nations unies. Les habitants de Gaza disent que l’UNRWA est le seul pilier de leur vie encore debout. Mon personnel a travaillé pendant 13 mois sans relâche, en grand danger, au milieu de tragédies personnelles et de déplacements de familles. Les enseignants gèrent des abris pour des dizaines de milliers de personnes. Le personnel des soins de santé primaires effectue des opérations chirurgicales. Des chauffeurs risquent leur vie chaque jour pour sauver des gens de la famine. Les cadres prennent des décisions de vie ou de mort impossibles à prendre. L’UNRWA a contribué à assurer la survie de Gaza jusqu’à présent, entretenant l’espoir d’une solution politique. Mon personnel a donné bien plus que ce que nous sommes en droit de lui demander.» (Traduction de l’anglais)
Il y a là un chapitre de plus à ajouter au Livre noir de Gaza (Le Seuil, octobre 2024), qui réunit de nombreux rapports présentés par Agnès Levallois et préfacé par Rony Brauman, ex-président de Médecins sans frontières.