Le 24 novembre, le magazine +972 (israélien et palestinien) mettait en ligne un long entretien avec un analyste et militant de Gaza, Muhammad Shehada. Nous publions ici l’introduction à cet échange, comme premier élément du dossier mis en ligne ce 26 novembre par A l’Encontre.
Six semaines après le cessez-le-feu à Gaza, la majorité de la population de l’enclave continuent de subir les mêmes conditions qui ont marqué les deux dernières années de conflit. Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les attaques incessantes d’Israël ont tué plus de 340 Palestiniens et blessé plus de 900 autres. La famine, les maladies, la guerre psychologique et les bombardements répétés continuent de marquer le quotidien, désormais aggravé par l’arrivée de l’hiver.
Si Israël a réduit l’intensité de son offensive génocidaire, il ne l’a pas pour autant arrêtée; au contraire, sa tactique est passée d’un bombardement incessant à une stratégie de contrôle plus bureaucratique et à long terme. Au cœur de cette approche se trouve la «ligne jaune», une frontière qui divise Gaza en deux zones distinctes.
Près de 60% de la bande de Gaza reste sous occupation israélienne: il s’agit de la zone orientale ou «verte», en expansion, dans laquelle les forces israéliennes rasent systématiquement toutes les infrastructures restantes. La partie occidentale de la ligne, ou zone «rouge», qui représente environ 40% de la superficie de l’enclave, est celle où se concentre la quasi-totalité de la population gazaouie et où le Hamas exerce encore un certain contrôle.
Bien que présentée comme un signe du retrait éventuel d’Israël, la ligne jaune semble préparer le terrain pour une forme de domination plus profonde et plus permanente qui pourrait permettre une future colonisation israélienne. Et alors que les manœuvres diplomatiques se multiplient et que les acteurs extérieurs se disputent pour remodeler Gaza selon leurs propres intérêts, la situation sur le terrain n’en devient que plus opaque, et l’avenir de la vie civile et de la gouvernance reste profondément incertain.
Traduction rédaction A l’Encontre