Depuis le début du bombardement brutal de Gaza, des manifestations ont eu lieu presque sans interruption dans de nombreuses villes, grandes et petites, de toute l’Espagne. La principale revendication a été « arrêtez le génocide », accompagnée de dénonciations du rôle du gouvernement espagnol et de l’Union européenne, présidée précisément ce semestre par l’Espagne. « Israël assassine, l’Europe sponsorise » a été l’un des slogans les plus scandés.
Malgré le soutien de la plupart des partis politiques au gouvernement de Netanyahou et le parti pris pro-israélien d’une grande partie des médias, il semble que la bataille de l’opinion publique soit en train d’être gagnée en raison de la brutalité des images, qui ne peuvent être masquées. C’est en partie grâce à cette pression sociale que le Premier ministre espagnol par intérim, Pedro Sánchez, est le seul chef d’État de l’UE à avoir appelé à un cessez-le-feu, même si, dans la pratique, il s’est conformé au « consensus » sur une simple « pause humanitaire » et n’a rien fait de concret pour l’obtenir.
Une différence importante par rapport aux autres pays européens est que, jusqu’à présent, ni les actions ni les slogans propalestiniens n’ont fait l’objet d’une quelconque répression.
Bien que certains secteurs influents du nationalisme catalan aient toujours proposé Israël comme modèle à imiter (État indépendant, récupération de la langue, dynamisme économique…), la solidarité d’en bas avec le peuple palestinien s’est très fortement fait sentir en Catalogne.
Il y a d’abord eu des rassemblements d’urgence qui ont déjà réuni des milliers de personnes, dont beaucoup d’origine marocaine et pakistanaise. Puis, le 21 octobre, une manifestation unitaire à Barcelone a rassemblé quelque 70 000 personnes, la plus importante depuis plusieurs années. Et une semaine plus tard, des rassemblements devant les mairies ont eu lieu dans plus de 50 municipalités.
En Catalogne, l’efficacité de l’énorme élan d’empathie, spontané, envers la souffrance de la population de Gaza s’est multipliée et a dépassé la réponse purement humanitaire, grâce à la constitution d’une assemblée ouverte autour d’un manifeste signé par plus de 300 organisations. L’élan généré a contraint le plus grand syndicat, Comisiones Obreras, à faire connaître la grande manifestation du 21 octobre auprès de ses membres, même s’il n’a pas signé le manifeste.
Un sommet euro-méditerranéen axé sur les questions d’asile et de migration est prévu à Barcelone les 27 et 28 novembre. La possibilité d’un contre-sommet est déjà à l’étude, avec une manifestation le 26, qui, dans un cadre antiraciste et décolonial, mettrait également la question palestinienne sur le devant de la scène. Ce sommet est également considéré comme une occasion de faire progresser la coordination de la solidarité avec la Palestine au niveau européen et des deux côtés de la Méditerranée.