Défaite du gouvernement et abstention élevée aux élections municipales

par Luis Branco

Les élections municipales du 29 septembre 2013 ont été un nouveau signe de l'opposition populaire aux politiques d'austérité de la troïka au Portugal. Trois semaines seulement avant la présentation du budget de l'État pour 2014 — qui prévoit de nouvelles coupes sur les salaires et les retraites supérieurs à 600 euros —, ces élections locales a été l'occasion pour sanctionner les partis gouvernementaux.

Lisbonne, 1er octobre 2013

L'occasion de sanctionner les partis du gouvernement a été saisie, en particulier dans les grandes villes — Porto, Gaïa, Sintra, Coimbra — où les maires sortants du PSD ont été remplacés par des maires issus du Parti socialiste ou des listes citoyennes et " indépendantes » en conflit avec le PSD au pouvoir (1).

Synthèse Inprecor

En dépit de sa victoire, le Parti socialiste a perdu 170.000 voix depuis les dernières élections municipales de 2009. Il a également perdu les municipalités des capitales symboliques de l'Alentejo (Évora et Beja) et de la cinquième ville du pays, Loures (banlieue de Lisbonne), reconquises par le Parti communiste (PCP). Les votes en faveur de ce dernier ont été les seuls à ne pas reculer du fait de l'abstention, qui est passée de 41 % des inscrits en 2009 à 47 % le dimanche 28 septembre. La massive émigration, en particulier des jeunes, a sans doute été un facteur important de la faible participation.

Le Bloc de gauche n'a pas réalisé ses principaux objectifs lors de ces élections : il lui a manqué 500 voix à Salvaterra de Magos (une petit ville qu'il dirigeait) et il n'a pas réussi à faire élire son coordinateur national, João Semedo, au conseil municipal de Lisbonne (par seulement 52 voix). A Lisbonne, le Parti socialiste a réussi son meilleur score historique, obtenant 51 % des suffrages exprimés.

A l'échelle nationale, le Bloc de gauche a élu 8 conseillers municipaux (un de moins qu'en 2009), 100 membres des assemblées municipales (37 de moins qu'en 2009) et n'a pas été capable de résister à la poussée de l'abstention et à la polarisation entre le PS et le PSD dans certaines villes ou entre le PS et le PCP dans d'autres (2).

Néanmoins, il a joué un rôle important au sein de certaines listes citoyennes — à Coimbra et à Braga — ainsi qu'au sein de la large coalition à Funchal, capitale de l'île de Madère, qui a remporté la mairie, défaisant pour la première fois depuis 38 ans le pouvoir autoritaire qu'Alberto João Jardim imposait à Madère.

Au cours de la nuit électorale le Premier ministre Passos Coelho (PSD) a annoncé que la politique d'austérité va continuer, en dépit de la défaite historique de son parti. Au cours des semaines à venir, les protestations contre l'austérité envahiront à nouveau les rues, les 19 et 26 octobre, la première à l'appel de la centrale syndicale CGTP à Lisbonne, la seconde organisée par le mouvement citoyen " Que se lixe a troïka » (Que la troïka aille se faire voir) dans toutes les grandes villes.

Après sa défaite électorale, la droite annonce des nouvelles attaques de l'austérité et un nouvel accord avec la troïka. Cela ne pourra que faire augmenter la pression pour renverser ce gouvernement et pour obtenir des élections anticipées au cours des prochains mois. ■

* Luís Branco, éditeur et rédacteur du quotidien électronique esquerda.net, est militant du Bloc de gauche et de la IVe Internationale.

1. Le Parti social-démocrate (PSD) est un parti néolibéral de droite, qui n'a pas de liens historiques avec la social-démocratie, contrairement à ce que son nom pourrait faire croire. Son président, Pedro Passos Coelho, dirige depuis 2011 le gouvernement de coalition avec le Parti populaire (droite traditionaliste). C'est le Parti socialiste, dans l'opposition depuis 2011, qui fait partie de l'Internationale socialiste. Le Parti communiste (PCP) est un des partis les plus staliniens en Europe.

2. Lors des élections locales au Portugal les électeurs votent trois fois : pour élire l'exécutif municipal (le conseil), puis pour élire l'assemblée municipale (une sorte de parlement local) et enfin pour élire l'assemblée de la " freguesia » (une zone urbaine, une petite ville ou une zone rurale). Dans les assemblées de la " freguesia » le recul du Bloc de gauche en 2013 est similaire à son recul dans les assemblées municipales.