Bloco de Esquerda face à la crise

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Nous reproduisons ici quelques articles du quotidien électronique <a href="http://beparlamento.esquerda.net/"><span style="color: red;">ESQUERDA</span>.NET</a>, animé par le Bloco de Esquerda (Bloc de gauche), qui permettent de voir comment la gauche anticapitaliste intervient dans la crise au Portugal.

8 septembre 2012 : " Nous vivons un coup d'État économique »

Le Premier ministre a présenté au pays " un ensemble de mesures qui vont changer l'économie portugaise et la réalité sociale du pays » et il l'a fait " sans présenter les comptes », sans donner aucune garantie que, en 2013, nous serons au début de la fin de la crise, a rajouté Louçã.

En réalité, " avec ces mesures, le Portugal sera, en 2013, un pays beaucoup plus petit et plus ravagé, avec bien moins d'options et une plus petite capacité de faire des choix en raison de l'imposition sauvage de cette économie par la Troïka et du mémorandum qui a été appliquée », a-t-il dit.

Le dirigeant du Bloc a souligné que nous sommes face à un ensemble de " taliban de l'économie qui, avec des flatteries et des propositions cruelles » présentent des mesures qui correspondent seulement aux intérêts du grand capital mais " jamais aux souffrances de la population ».

Francisco Louçã a accusé le Premier ministre Passos Coelho de mentir au pays en affirmant que les mesures présentées découlent des décisions du Tribunal Constitutionnel et de sa pression, qu'elles renforcent la sécurité sociale, que tous les Portugais seront traités de manière égale et que le Portugal n'était pas la Grèce.

" Le Premier ministre a menti effrontément en disant qu'il a pris des mesures pour répondre au Tribunal Constitutionnel, car le Tribunal Constitutionnel a dit exactement le contraire, demandant l'égalité pour le travail et l'arrêt de la protection du capital et de la spéculation. Le gouvernement a transformé les mesures provisoires en perpétuelles, poursuivant l'attaque contre les salariés et contre les réformes, c'est-à-dire en violant de manière grotesque les principes du Tribunal Constitutionnel » a déclaré le coordinateur de la Commission politique du Bloc de gauche.

" Les plus pauvres sont traités avec la plus grande cruauté » a dit Louçã, contrairement à ceux qui " échappent à l'impôt », et sont favorisés.

Synthèse actualisée Inprecor

En ce qui concerne les supposées différences qui séparent le Portugal de la Grèce, Francisco Louçã a rappelé que dans les deux pays il a toujours été clair que " les réductions de salaires n'ont jamais été une solution à la crise ».

En se référant aux inégalités patentes dans les propositions présentées par le gouvernement, Louçã a affirmé que la taxation des 3 466 millions d'euros qui, comme il a été récemment découvert, étaient déposés sur des comptes offshore, correspondent à des réductions de salaires imposés aux fonctionnaires et des réductions des pensions des retraités, et même les dépassent. Le coordinateur de la Commission politique du Bloc de gauche a rajouté, que l'abaissement de la Taxe sociale unique (TSU) " favorise seulement les grandes entreprises » et que les petites seront pour leur part défavorisées par la baisse de la consommation des ménages.

" Nous vivons un coup d'État économique » qui se traduit par une " dépression économique » a souligné le député du Bloc, en alertant que le Parti socialiste devra choisir et décider s'il continue à appuyer la politique " d'insensibilité, de démence et de cruauté » de ce gouvernement qui s'est transformé eu " une ambassade des intérêts financiers » ou s'il est disposé à rompre avec ce mémorandum et de s'opposer à ce " coup d'État économique ».

Le Bloc sera, comme l'a dit Francisco Louçã, " disponible pour chaque lutte, pour toute forme d'unité et de convergence dans le cadre de toutes les mesures démocratiques qui permettent de s'opposer à ce coup d'État économique sauvage ».

" Nous sommes à un moment où le Portugal doit se mettre de nouveau debout et où le travail doit savoir se défendre et la démocratie doit inclure tout le monde. C'est une lutte qui aboutira à un gouvernement des gauches, capable de rompre avec la troïka, de restructurer la dette, de défendre l'économie et l'Europe contre les talibans de la politique de la spéculation financière » concluait-il. ■

(8 septembre 2012, http://www.esquerda.net/artigo/ "estamos-viver-um-golpe-de-estado-económico"/24548)

22 septembre 2012 . Convergence des oppositions pour une motion de censure

Lors d'une conférence de presse ce samedi, Francisco Louçã a annoncé que le Bloc de gauche est " disponible pour une convergence ou une confluence de toutes les oppositions autour d'une motion de censure » du gouvernement, qui représenterait " la voix du pays contre l'agression sur les salaires et les retraites ». C'était la principale proposition approuvée — à l'unanimité — par le Bureau national du parti, qui a débattu de " l'aggravation dramatique de la crise économique et sociale » du pays et de " l'échec politique du gouvernement ».

Le député du Bloc a rappelé que la manifestation du 15 septembre était la réponse la plus convaincante et la plus déterminée à l'annonce du Premier ministre que tous les travailleurs devaient offrir aux patrons un mois de leur salaire. La manifestation a rassemblée tant de secteurs que " le Premier ministre s'est retrouvé tout seul », a-t-il affirmé.

Il apparaît, néanmoins, que le gouvernement se penche sur de nouvelles idées sur la façon d'enlever aux travailleurs encore un à deux mois de salaire, ou deux pensions dans le cas de retraités, soit en utilisant une nouvelle augmentation des impôts, soit à travers de nouvelles taxes et surtaxes ou par d'autres agressions similaires. " Toutes ces mesures, depuis un an, montrent que ce gouvernement est totalement incompétent et inviable du point de vue social ainsi que déraisonnable économiquement », a déclaré Louçã.

Soutien à une grève générale

Le Bloc a présenté un ordre du jour autour de trois propositions, indique le communiqué présenté aux journalistes : d'abord, le soutien urgent à la mobilisation populaire; deuxièmement, le soutien à la grève générale qui unifierait tout le mouvement syndical et qui s'élargirait socialement ; troisièmement, le recours au Tribunal Constitutionnel avec motion de censure et combat dans le Parlement pour présenter des alternatives claires.

Après sa cuisante défaite qui le força à abandonner les changements de la TSU, le gouvernement veut à nouveau imposer des mesures aussi graves qu'une énorme augmentation des impôts, a dit le coordinateur du Bloc. " Alors, il faut avoir le courage de dire que la seule réponse que le Portugal attend, c'est la démission du gouvernement ». Pour cela, le Bloc présente à toutes les forces de l'opposition sa complète disponibilité pour une motion de censure qui reflètera cette clameur populaire et cette revendication. " Tous pour une riposte contre l'austérité. Tous pour une riposte contre la troïka. Tous pour un pays qui vit décemment », a conclu Francisco Louçã.

(22 septembre 2012, http://www.esquerda.net/artigo/bloco-prop§e-confluência-das-oposiç§es-para-apresentar-moção-de-censura/24732)

24 septembre 2012 : Louçã insiste pour une motion de censure

" Au cours de cette semaine nous allons voir ce que le gouvernement veut faire. Nous allons discuter et nous n'abandonnerons pas, nous n'allons pas baisser la garde. Je parlerai avec les dirigeants des partis de l'opposition pour insister sur l'obligation que le pays nous a donné, pour que le Parlement entende ce million de personnes qui ont censuré le gouvernement et la troïka », a dit le coordinateur de la Commission politique du Bloc aux journalistes, ce lundi matin, après un voyage effectué sur la Ligne verte du métro afin de démontrer les contraintes imposées aux voyageurs par la réduction des rames à seulement trois wagons.

Cette descente dans le métro s'insère dans la campagne du Bloc contre les coupes budgétaires et les privatisations des transports, " Avec ce gouvernement, c'est la fin de la ligne ».

Bien que le Parti socialiste ait avancé qu'il était prématuré de présenter une motion de censure du gouvernement après que l'exécutif de Passos Coelho ait apparemment abandonné les modifications des contribution à la Taxe sociale universelle (TSU), Louçã a insisté sur le fait que " nous ne devons pas nous désister ni baisser les bras ».

" Après les premières réponses du Parti communiste (PCP) et du Parti socialiste (PS), je pense qu'il faut débattre encore. A notre avis la motion de censure est toujours nécessaire. Si la politique du gouvernement c'est d'accroître le chômage, de réduire les salaires, d'augmenter les impôts encore davantage, alors qu'ils ont promis qu'ils ne les augmenteront pas, ce que le peuple a dit dans la rue doit atteindre le Parlement et contraindre l'opposition à être cohérente. C'est pour cela que le Bloc a convié tout le monde à la cohérence et à répondre aux difficultés du pays », a souligné le dirigeant du Bloc.

A la question sur ce qu'il espérait de la réunion de Concertation sociales, qui a débuté ce matin, Louçã a affirmé que le gouvernement prépare " une colossale attaque des salaires » et qu'il se prépare à demander aux travailleurs de payer pour " l'incompétence et l'inefficacité du budget et la destruction de l'économie qu'il a provoquée ».

" Le gouvernement est complètement accro à la baisse des salaires, il est drogué par les attaques contre les retraites et il pense que la seule chose possible dans l'économie portugaise c'est de réduire les salaires et les réformes. Cela provoque seulement la crise », critiqua Louçã.

Le député et dirigeant du Bloc a souligné que l'alternative c'est " d'être sérieux dans le domaine de l'économie » et que c'est pour cette raison que l'opposition devrait s'unir autour d'une motion de censure. Pour Louçã, il est temps de " passer des paroles aux actes et d'assumer les responsabilités ».

" Nous voulons nous unir sans perdre de temps. Nous ne sommes pas disposés à tourner le dos au pays. C'est déjà aussi mauvais que possible » a-t-il conclu.

(24 septembre 2012, http://www.esquerda.net/artigo/louçã-insiste-no-apelo-à-união-da-oposição-numa-moção-de-censura/24745)

João Semedo : " La lutte est la seule façon de vaincre la politique d'austérité »

Esquerda.net a interrogé le député João Semedo sur le recul de l'État en ce qui concerne le TSU et sur les mesures annoncées par Passos Coelho ce lundi.

Esquerda.net : Que penses-tu des mesures annoncées par Passos Coelho ?

João Semedo : Sous la pression de la gigantesque manifestation du 15 septembre et le concert des protestations à travers tout le pays, le gouvernement a été contraint de retirer les modifications de la TSU et il essaye maintenant de nous duper en prétendant qu'il nous soulage de l'austérité alors qu'il va l'intensifier en réalité par une augmentation générale des impôts sur le revenu du travail pour tous les travailleurs, y compris les retraités et les pensionnés. Le peuple est descendu dans les rues contre l'austérité imposée par la troïka et par le gouvernement, contre encore plus de sacrifices inutiles et inégaux, qu'ils s'appellent TSU ou IRS (Impôt sur le revenu des particuliers). Les Portugais en ont marre d'être systématiquement victimes de la troïka et du gouvernement, alors qu'en même temps celui-ci distribue les avantages aux banques, aux groupes financiers et au patronat. Que va faire cette fois-ci le CDS ? [qui a fait sa campagne électorale autour du slogan contre toute augmentation des impôts]. Garder le silence sur une augmentation des impôts comme il l'a toujours fait depuis qu'il est au gouvernement avec le PSD ? Je n'ai pas souvenir d'un gouvernement qui aurait autant augmenté les impôts de ceux qui vivent de leur travail que ce qu'a déjà fait le gouvernement de Pedro Passos Coelho et Paulo Portas.

Esquerda.net : Le Bloc a appelé à une motion de censure, maintient-il cet appel ?

João Semedo : Samedi, le Bloc a jugé qu'il était nécessaire que l'opposition parlementaire censure la politique d'austérité et que cette condamnation pourrait et devrait prendre la forme d'une convergence autour d'une motion de censure du gouvernement. Les mesures qui ont été annoncées maintenant confirment l'aggravation de l'austérité et donc donnent raison à la position du Bloc de gauche. Si toute l'opposition convergeait vers une motion de censure, cela aurait une grande importance pour la lutte contre les propositions du gouvernement. Je pense qu'on peut dire que ce qu'on sait déjà des intentions du gouvernement renforce le bien-fondé de la position du Bureau national du Bloc de gauche.

Synthèse actualisée Inprecor

Esquerda.net : Au-delà de cet appel, que faut-il faire maintenant ?

João Semedo : Je pense que l'essentiel maintenant c'est d'intensifier la protestation sociale, le mouvement social, les luttes sociales sous toutes les formes qu'elle peuvent prendre, depuis les grandes manifestations, les grandes protestations de rue, jusqu'à la grève générale. Ni le Conseil d'État, ni le patronat, ni les groupes financiers ne peuvent arrêter l'offensive gouvernementale contre les salaires de ceux qui travaillent, ni les réformes des retraites de ceux qui ont passé leur vie à travailler. Le seul frein à cette politique, la seule façon de vaincre et de renverser ce gouvernement c'est la lutte sociale ; dès maintenant, en manifestant le 29 septembre à l'appel de la CGTP. Le Bloc va mobiliser de toutes ses forces pour contribuer à une manifestation d'ampleur qui une fois de plus indiquera la porte de sortie au gouvernement. ■