Attaque de la flottille de Gaza : en finir avec l'impunité des crimes de l'État d'Israël !

31 mai 2010, rassemblement sur les Champs-Elysées, prés de l'ambassade d'Isra?½l. Photothèque Rouge/JMB

Le gouvernement d'extrême droite de Benjamin Netanyahu et d'Avigdor Lieberman a démontré une fois de plus sa capacité d'aller au delà des précédents gouvernements israéliens en piétinant le droit international et les fondements mêmes de la décence. Son attaque meurtrière de la Flottille de la liberté de Gaza dans les eaux internationales exige une forte réponse du mouvement de la solidarité et de l'opinion publique mondiale.

Du fait de la présence du Parti travailliste au sein du gouvernement extrémiste de Netanyahu, c'est toute l'élite politique sioniste qui est complice de cet outrage. Le travailliste Ehud Barak, ministre de la Défense, a déclaré que le gouvernement a consciemment accepté les conséquences de son acte. C'est-à-dire qu'il escompte que les gouvernements du monde entier se limiteront aux paroles : quelques communiqués diplomatiques et quelques phrases de désapprobation adressées aux ambassadeurs israéliens. Comme d'habitude. Mais cette fois il faut que ce soit différent : une effusion de protestations doit forcer les gouvernements de passer des mots aux actes.

Barack Obama et Ben Ki-mon ont déjà parlé d'investigation. Mais sur quoi veulent-ils enquêter ? Le gouvernement israélien ne nie pas qu'il a lancé une attaque illégale dans les eaux internationales ; il le proclame. L'armée israélienne dit elle-même que neuf militants ont été tués. Le porte-parole des militaires israéliens lui-même ne parle pas de plus de quatre Israéliens blessés pour justifier ces meurtres. Le correspondant d'Al-Jazeera, présent sur le bateau, rapporte qu'un drapeau blanc a été hissé et que c'est alors que les Israéliens ont ouvert le feu. De même qu'ils ont donné l'assaut, sans provocation. Tout ceci indique un choix délibéré du recours " disproportionné à la force », comme en 2008-2009, et certainement pas un cas " d'autodéfense ».

L'assaut contre la Flottille de la liberté a été une prolongation logique du blocus de Gaza, contre lequel la flottille protestait et qu'elle défiait. Il est difficile de trouver dans le monde un gouvernement, en dehors de celui d'Israël, pour justifier ce blocus qui est un cas flagrant de punition collective illégale infligée à une population civile. Pourtant, pas un gouvernement n'a soulevé un doigt pour y mettre fin. Et de manière cynique, les relations publiques israéliennes osent recommander aux journalistes un restaurant chic à Gaza pour qu'ils se rendent compte des effets du blocus.

Certainement l'auteur de ce communiqué de presse se souvient que des bons restaurants sont restés ouverts dans le Ghetto de Varsovie alors que les Juifs mouraient de faim dans les rues ! Non, il n'y a pas de famine généralisée à Gaza aujourd'hui ; tout arbitraire et capricieux que soit le blocus israélien, il a été calibré de manière à éviter ce degré de dévastation. Il ne produit " que » la malnutrition massive, " que » le traumatisme des dizaines de milliers d'enfants, " que » le chômage de masse qui touche 80 % de la population qui compte 1,5 millions de personnes, " que » l'impuissance d'une population essayant de survivre dans les ruines laissées par l'agression israélienne de 2008-2009, qui se voit refuser tous les moyens de reconstruction, " que » le décès de 28 Palestiniens en attente de l'autorisation de sortie pour un traitement médical d'urgence.

Les protestations contre l'attaque dont fut victime la flottille — qui fut le couronnement du blocus — sont plus que justifiés. Les rassemblements et les manifestations devant les ambassades et les consulats doivent se poursuivre. Mais ils doivent aller au-delà, viser les gouvernements dans chacun de nos pays qui ont rendu possible et qui continuent à rendre possible les outrages israéliens.

► Aux États-Unis, qui restent sous l'administration Obama le principal soutien d'Israël, les protestations doivent exiger et obtenir l'arrêt immédiat des trois milliards de dollars d'aide annuelle qui finance les crimes du gouvernement israélien.

► Dans les pays de l'Union européenne, qui il n'y a que quelques mois ont décidé de tisser des liens plus étroits avec Israël, les protestations doivent exiger et obtenir la mise en œuvre immédiate de la clause des droits de l'Homme dans l'accord de libre-échange UE-Israël, suspendant les privilèges commerciaux qui fournissent à Israël une aide économique.

► Dans les pays arabes qui maintiennent des relations avec Israël, la fureur des peuples devrait forcer leurs gouvernements à mettre fin à cette complicité — et tout particulièrement le gouvernement égyptien dont le rôle est indispensable dans le blocus criminel de Gaza.

► En Israël, où des protestations ont également eu lieu, il faut renforcer la résistance face au gouvernement d'extrême droite.

► Partout, où le mouvement de solidarité n'est pas encore assez fort pour obliger le gouvernement à rompre avec l'État d'Israël, il faut prendre les choses en main en renforçant massivement la campagne de Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS).

Finalement, ce nouveau crime israélien devrait susciter une nouvelle vague de discussion et de réflexion sur la faillite du " processus de paix » censé d'établir un mini-État palestinien dans les territoires occupés en 1967, à côté d'un État sioniste intact. Aujourd'hui le gouvernement israélien sera " puni » pour son agression contre la flottille par une nouvelle suspension du processus anémique de pourparlers indirects avec l'Autorité palestinienne — un processus qui évidemment ne conduit à rien de plus qu'à le distraire occasionnellement de ses efforts visant à établir des faits accomplis. Les mouvements pacifistes et de solidarité devraient se préoccuper d'avantage maintenant du besoin d'une alternative, conduisant vers une paix véritable, c'est-à-dire une autodétermination sans conditions du peuple palestinien, le droit de retour pour la population des réfugiés de 1948 (qui composent quatre cinquièmes de la population de la Bande de Gaza), le démantèlement de l'État sioniste et une solution politique qui permettre aux peuples Palestinien et Juif d'Israël de vivre ensemble en bénéficiant des droits égaux.

 

Paris, le 1 juin 2010