Crise de régime en France : notre pouvoir est dans la rue

par A Manca

Le bras de fer entre les directions du NFP et Macron au sujet de la nomination d’un premier ministre a extrêmement mobilisé des énergies dans le cadre des institutions d’une Ve république en proie à une crise de régime sans précédent.
Que le président de la République puisse exercer des pouvoirs exorbitants ne constitue en aucun cas une surprise. Que Macron et ses gouvernements successifs aient piétiné ce qui reste des cadres dits démocratiques, ne saurait non plus apparaître comme une nouveauté.
Ces institutions taillées sur mesure pour asseoir la domination des classes dominantes ne sont pas réformables. La véritable nature de la superstructure étatique demeure avant tout autre aspect une arme de contrôle social et politique dirigée contre le monde du travail. Ce n’est pas un scoop et ceux qui continuent d’espérer en un État social se fourvoient et s’illusionnent gravement.

L’heure n’est sûrement pas à des gesticulations sur un modèle « d’agit-prop ». Macron ne sera pas révoqué et il ne démissionnera pas.
En cette rentrée 2024, les préoccupations des salarié·es, des sans-emplois, des retraité·es, de la jeunesse précarisée et de toutes celles et tous ceux condamnés à survivre via les minimas sociaux, sont très éloignées d’une agitation politique qui préfère à la rue et aux mobilisations sociales, le seul jeu institutionnel.
Le monde du travail ne s’est pas arrêté de vivre au soir d’un 7 juillet qui de surcroît n’a pas débouché sur une véritable majorité de gauche. 
Il n’y a donc rien à espérer de joutes parlementaires qui engluent le peuple de gauche en le privant ainsi d’user d’autres moyens que le seul bulletin de vote. 

Nous avons participé à notre échelle à faire barrage le plus possible aux néofascistes du RN. Cependant, nous nous sommes refusés à considérer que cela constituait l’unique moyen de lutte. Force est de constater que les vendeurs d’illusions sont encore très actifs. Il y aura pour celles et ceux qui les suivent de terribles déceptions si les choses restent en l’état. De faux espoirs entretenus ne peuvent en effet mener qu’à une désespérance mortifère préjudiciable à toute forme d’engagement dans l’action politique.
D’autant que le RN fait son miel du spectacle donné par la classe politique traditionnelle.

Pour notre part, convaincu·es que seul un vaste et puissant mouvement social s’avère à même d’imposer les revendications primordiales du monde du travail, nous ferons tout notre possible pour y apporter notre soutien indéfectible.
L’idée, certes non aboutie à l’heure où nous écrivons, d’une grève générale est bien dans l’air. C’est là que doivent se concentrer les énergies et c’est dans cette perspective qu’il nous faut œuvrer sans relâche.