Transports de Corse : l’unité dans la lutte

par Serge Vandepoorte

Le 31 décembre prochain expirera la concession qui permettait jusqu’alors la gestion des infrastructures portuaires et aéroportuaires par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse (CCI). Anticipant l’ouverture à la concurrence de cette gestion, la Collectivité de Corse (CdC) et la CCI ont conçu un montage juridique pouvant éviter que nos ports et aéroports tombent dans l’escarcelle de grands groupes comme Vinci. Cette formule potentiellement dérogatoire aux exigences de la Commission européenne en termes de privatisations, poursuit un objectif qui est la pérennisation de la gestion d’infrastructures par nos institutions régionales.

Cette volonté de ne pas livrer encore un peu plus le secteur des transports à des intérêts privés a été mise en cause par le Secrétariat général des affaires corses (sic…) et donc par la Préfecture de région. Celles-ci s’abritant derrière des arguments juridiques qui voudraient que Bruxelles s’oppose au projet de la CdC et de la CCI et ce pour cause d’incompatibilité avec la « libéralisation » et la déréglementation qui sont les pierres angulaires des politiques de transport de l’Union européenne.

La riposte à cette manœuvre a été massive autant qu’immédiate et c’est la majorité des salarié·es de la CCI qui a aussitôt totalement bouclé tous les ports et les aéroports de notre pays et ce dans le cadre d’une intersyndicale interprofessionnelle.

Seuls les vols permettant à des personnes en soin dans des hôpitaux hors de Corse furent autorisés à décoller.

Devant l’ampleur de la mobilisation et plus encore devant la détermination des agents, la panique a gagné les instances préfectorales et l’actuelle ministre des Transports.

En 24h ces deux parties ont opéré un rétropédalage en affirmant que le projet dérogatoire de la CdC et de la CCI n’était pas entaché d’illégalité et qu’il serait donc examiné.

Cette première victoire entièrement due au monde du travail ne met pas un terme au danger de privatisation. Il s’agit pour l’heure d’un sursis. Car ni l’État français ni Bruxelles ne renonceront à leur vison à la date du 31 décembre.

Pour l’heure, démonstration est faite que l’unité dans la lutte et la détermination des travailleuses et des travailleurs concerné·es a été payante. Et c’est bien là un enseignement majeur à l’issue de cette phase du conflit.