Incendie de Sarrola : le triomphe d’une logique de profit

par A Manca
© Yann Benard-France 3 Corse ViaStella

L’incendie qui a ravagé l'entreprise de recyclage Rocca Environnement est la conséquence directe de la privatisation de toute la chaîne de traitement des déchets.

La logique du profit l’a emporté sur toute autre considération et ce, en portant de très graves atteintes à l’environnement dont toutes les conséquences sont encore à venir, et en particulier en termes de santé publique.

Nous observons que les autorités préfectorales étaient parfaitement informées des multiples manquements de l’entreprise concernée, laquelle après un appel d’offre a remporté un marché. Or dans le cahier des charges qu’elle se devait dès lors de respecter, figurent les conditions légales et réglementaires, à l’évidence totalement négligées puisque l’on parle de « manquements graves »

Ce n’est donc en rien une situation récente qui a prévalu à la catastrophe écologique occasionnée par l’incendie des lieux de stockage de déchets hautement toxiques. Tous les décideurs et acteurs impliqués à divers titres dans ce dossier partagent donc d’écrasantes responsabilités au regard de cet inacceptable événement.

Elles sont à la charge des autorités qui n’ont pas agi avec la célérité nécessaire au regard des risques encourus. Elles sont également à la charge de la CdC qui a opté pour une logique de privatisation dans un domaine où la loi du profit ne pouvait qu’immanquablement déboucher sur des infractions attentatoires à nos cadres de vie. Nous nous interrogeons également sur les positionnements de la commune concernée et de la CAPA, lesquelles institutions locales ne pouvaient en rien ignorer cette situation.

L’affaire ne peut se résumer à une unique procédure de justice. Certes, les responsables de l’entreprise concernée ont à l’évidence contrevenu à la loi. Mais ce qui prime avant tout autre aspect demeure la politique irresponsable de tous les décideurs en matière de traitement des déchets.

Une véritable attention portée à la notion de bien public aurait dû prévaloir sur tout autre aspect. En choisissant délibérément de transformer les dizaines de milliers de tonnes produites en pactole pour des intérêts privés, ils ont ouvert toutes grandes les portes à de multiples dérives pourtant aisément prévisibles.

C’est ainsi que l’argent public est dilapidé sans autre forme de précaution. Et c’est également ainsi que nos conditions de vie subissent de graves altérations du fait d’une avidité totalement incompatible avec le respect et la préservation de notre environnement.

Il est improductif et inefficace de ne s’en prendre qu’aux effets d’une catastrophe écologique. Un vrai souci de nos conditions de vie devrait se traduire par un changement radical de politique en ce domaine qui touche l’ensemble de notre pays.

Si la logique du profit continue de l’emporter sur la préservation de nos espaces naturels et sur tous les autres aspects de nos conditions de vie, alors d’autres catastrophes ne manqueront pas de produire d’autres dévastations jusqu’à des seuils hélas irréversibles.

L’heure n’est donc ni aux évitements de responsabilité, ni à une confiance placée exclusivement dans la justice pour que soit réglé un problème de nature prioritairement politique.

Seules des mobilisations populaires sont à même d’apporter les changements radicaux qui s’imposent. Il est plus que temps de prendre conscience collectivement que l’économie de marché est totalement incompatible avec les équilibres écologiques garantissant la préservation de nos vies.

Le 17 août 2024