Je suis fier d'être Juif, mais j'ai honte d'être Israélien

par
Chronologie récente Israël et Palestine(Inprecor)

Depuis plusieurs jours, je me demande si je dois partager mes réflexions et mes émotions, comme je l'ai fait en 2009 et 2014 après les guerres à Gaza. Aujourd'hui, l'histoire se répète et nous avons une nouvelle (en fait la même) guerre. La violence et les guerres se poursuivront tant que la " communauté internationale » va observer, sans rien faire, les affrontements sanglants, sans intervenir fermement et de manière décisive pour mettre fin à ce non-sens. Les Juifs israéliens ne sont pas capables de le faire en raison de l'état d'esprit nationaliste et conflictuel partagé par leurs dirigeants et la majorité de la société israélienne.

Une fois de plus, je franchis la ligne du silence, de la culpabilité et de la honte face à la violence perpétrée par les forces israéliennes. Je suis fier d'être Juif, mais j'ai honte d'être Israélien. Il est de mon devoir d'aider les minorités dans leur lutte pour la normalité, la paix, la moralité et la démocratie.

Le Hamas et les Palestiniens portent également une part de responsabilité dans la violence et l'impasse du processus de paix, mais seulement dans une faible mesure, car Israël est une superpuissance et, en tant que telle, a la capacité de lancer le processus de paix, de négocier et de mobiliser les Palestiniens et les États arabes en faveur de la paix.

Il suffit de penser à la proposition toujours actuelle de la Ligue arabe, qu'Israël choisit d'ignorer et refuse ainsi de résoudre le conflit, cherchant toujours à annexer la Cisjordanie et à contrôler Gaza, ce qui se produit maintenant, graduellement, de manière informelle. La possibilité d'une solution à deux États s'affaiblit, et Israël sera bientôt confronté au défi d'accorder des droits égaux à des millions de Palestiniens. Mais la majorité des Juifs israéliens préfèrent le statu quo actuel, l'annexion sans donner de droits aux Palestiniens ou la conquête totale de la Cisjordanie. Une solution de paix n'est préférée que par une minorité.

Un cycle de violence initié par Netanyahu

Je suppose que certains d'entre vous savent que le cycle actuel de violence a été initié par le Premier ministre Benjamin " Bibi » Netanyahou, qui fait face à des accusations officielles d'abus de confiance, d'acceptation de pots-de-vin et de détournement de fonds. Mais il occupe toujours le poste de Premier ministre et, après quatre élections, nous avons toujours une égalité entre deux blocs (les partisans de droite de Netanyahou contre un bloc hétérogène qui n'avait qu'un seul objectif : renverser Bibi).

Comme il ne réussissait pas à former une coalition et voyant l'autre bloc réussir, il a décidé de provoquer des émeutes palestiniennes afin qu'un petit parti arabe conservateur ne soutienne pas la coalition qui s'oppose à lui.

Et en effet, le Premier ministre, ainsi que ses acolytes, le ministre de la Sécurité publique et le commissaire de police nouvellement nommé, ont fomenté des émeutes dont la force a dépassé leurs imaginations les plus folles. Le reste a déjà été rapporté dans les journaux et sera écrit dans les livres d'histoire. Vous verrez probablement une guerre aussi asymétrique que les précédentes à Gaza, où les bombardements israéliens tuent des dizaines de Palestiniens alors que peu d'Israéliens sont tués, malgré les centaines de roquettes tirées sans discernement sur les civils.

Malheureusement, cette escalade, qui a été précédée d'un bon nombre de signes avant-coureurs, se déroule sous nos yeux. (Le monstre est enfin arrivé). Il ne s'agit pas d'un tsunami ou d'un impact soudain d'une météorite sur Israël, mais plutôt d'une explosion résultant de développements progressifs menant à une catastrophe planifiée à l'avance.

Ils sont constitués par :

• Un leader psychopathologique qui a tenté de toutes ses forces d'échapper à un procès qui pourrait le conduire en prison ;

• Son désir de pouvoir à tout prix, sans respecter les " lignes rouges » des normes démocratiques et morales ;

• Un essaim de flagorneurs et des béni-oui-oui, semblables à ceux que l'on trouve dans les cours des dictateurs ;

• Des personnes occupant des postes importants qui ont été choisis selon le seul critère de la loyauté envers leur chef ;

• Le soutien aveugle d'une grande partie des citoyens de la nation, qui n'est pas sans rappeler les circonstances historiques du passé.

Toutes ces caractéristiques réunies ont conduit un peuple - un peuple qui a su utiliser son intelligence pour survivre pendant des milliers d'années - à une horreur inouïe. Il est frappant de constater qu'ici, sur son propre territoire, les sens de cet peuple se sont émoussés et qu'il est devenu sourd, aveugle et muet.

Israël règne sur un peuple qui n'a aucun droit

Cette situation conduit inévitablement à la dystrophie, à la désintégration de la société et à l'effondrement de la démocratie. À sa place, un gouvernement hybride s'est établi, dans lequel les aspects autoritaires s'intensifient et les caractéristiques démocratiques s'affaiblissent. L'État d'Israël dispose désormais d'un système similaire à celui de la Turquie, de la Russie ou de la Pologne.

Mais Israël se distingue parmi ces États. Il maintient une occupation brutale et règne sur un autre peuple qui n'a aucun droit humain ou civique, et dont la vie quotidienne est entravée depuis plus de cinquante ans. Israël pratique également une discrimination institutionnelle, voire légalisée, à l'encontre de la minorité arabo-palestinienne de ses citoyens depuis la fondation même de l'État.

Un tel État sait parfaitement comment " frapper l'ennemi de plein fouet », mais il a du mal à se transformer en une société éclairée, démocratique et humanitaire.

Maintenant, Human Rights Watch accuse Israël de créer un régime basé sur l'apartheid entre le Jourdain et la mer Méditerranée, et le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale a annoncé une enquête examinant la situation en Palestine depuis 2014.

Et surtout, dès le début et au fil des ans, un ensemble de fausses conceptions a été créé avec le soutien des dirigeants, du ministère de l'éducation et des médias. Il part du principe que les Arabes sont toujours un ennemi brutal et indigne de confiance, que l'État d'Israël est une démocratie modèle, qu'il n'y a pas d'occupation et que le peuple palestinien n'existe pas. Les actions menées dans le " Far West », au-delà de la " ligne verte » (la ligne de démarcation de 1949) ne présentent aucun intérêt pour le public juif, par contre l'armée israélienne est considérée comme l'armée la plus morale du monde.

En plus de cela, ces postulats disent qu'il existe une menace constante à l'existence du peuple d'Israël, et qu'à tout moment il pourrait y avoir un autre Holocauste, avec un ennemi différent et dans des circonstances différentes (et c'est ainsi que nous élevons nos enfants). Le peuple d'Israël est une victime perpétuelle, éternelle, et nous ne permettrons à aucun autre de revendiquer ce statut. Les autres peuples, en particulier celles qui nous critiquent, sont antisémites, et nous ne tiendrons donc compte de l'opinion d'aucun lorsque nous déciderons de notre comportement. En somme, cette attitude est partagée par 80 % des Juifs d'Israël.

Et cette vision du monde destructive est transmise à la génération suivante.

Cette approche conduit à un point d'ébullition qui peut persister juste sous la surface pendant des années, voire des décennies, mais qui finira par déboucher sur une explosion. Lisez l'histoire d'autres peuples, notamment le livre de Barbara Tuchman, La marche folle de l'histoire : de Troie au Vietnam - la folie des pouvoirs qu'elle décrit c'est exactement ce qui se passe en Israël aujourd'hui.

D'un point de vue émotionnel, il m'est difficile de décrire les mesures destructrices prises par les dirigeants, fondées sur un nationalisme et un racisme extrêmes, qui visaient principalement à empêcher la formation d'un gouvernement alternatif et qui ont conduit à l'éclatement définitif du ballon.

Le chemin qui mène à l'abîme

La détérioration rapide de la situation a ravi la plupart des médias, qui ont évité au mieux d'expliquer ce qui se passait ou de faire référence aux dizaines de victimes de Gaza, répétant les points principaux d'une fausse image des événements. Même le président, qui avait conservé sa raison pendant la majeure partie de son mandat, l'a perdue en un instant et s'est joint à la foule enragée, perdant ainsi le statut d'homme d'État qu'il avait tant essayé d'obtenir dans ce pays mutilé.

Aujourd'hui, presque tous les dirigeants juifs se rassemblent dans des meetings et soutiennent la guerre, des dizaines d'anciens généraux font des commentaires encourageant les gens à en " tuer davantage », de violentes confrontations entre citoyens juifs et arabes ont éclaté dans l'État d'Israël et les Palestiniens de Cisjordanie saignent à nouveau.

Les dirigeants et les institutions de nombreux pays diffusent les récits dominants qui ne contiennent qu'un grain de vérité. Mais peu se tiennent au bord du précipice comme Israël. Je sais que la plupart des Juifs d'Israël ne seraient pas d'accord avec mon analyse. Ils vivent selon des mythes qui leur ont été inculqués dès leur plus jeune âge.

Tout comme dans les pays similaires à Israël, tels que la Turquie, les États-Unis de Trump (si admirés par les Juifs israéliens), la Pologne, la Hongrie, la Biélorussie ou l'Inde, il doit y avoir des gens prêts à résister à la pression de l'opinion publique - à laquelle on a lavé le cerveau depuis la maternelle - et à crier que " le roi est nu », je ne vais donc pas me censurer… même si le ministre de l'éducation, le général-major Gallant, le voudrait.

J'ai donc décidé de ne pas agir avec sagesse et de ne pas réfléchir aux messages qui seraient les mieux reçus par le public juif en Israël, mais plutôt de crier d'une voix forte et de ne pas avoir peur : les Juifs ont perdu leur chemin et se sont égarés, choisissant le chemin qui mène à l'abîme, et ce chemin s'ouvre déjà devant eux.

Vous pouvez quantifier la destruction causée par le régime, compter les corps, estimer la haine, voir les foules qui tuent les Juifs et les Arabes de la même façon, et les dirigeants qui alimentent le feu. On peut compter les sirènes d'alarme entendues dans les villes israéliennes, assister à l'effondrement de bâtiments palestiniens abritant des dizaines de personnes, aux meurtres perpétrés par Israël avec fierté (comme si l'état-major, les commandants, les brigades de l'armée, les bataillons n'avaient pas déjà semé la destruction et la terreur à Gaza).

Biden a oublié la leçon de l'histoire américaine

Nous avons perdu le respect de la pensée libre, nous avons perdu la capacité d'évaluer la situation. Je suis extrêmement triste lorsque j'entends Joe Biden (qui est vraiment un grand dirigeant) soutenir sans équivoque Netanyahou, affirmant qu'" Israël a le droit de se défendre » contre les roquettes du Hamas.

Mais ce faisant, il omet de mentionner les dizaines de Palestiniens tués dans des frappes aériennes israéliennes ces derniers jours.

Cela ne peut que signifier que les Palestiniens n'ont aucun droit à la sécurité parce qu'ils restent sous l'occupation d'une puissance étrangère et qu'ils sont constamment et systématiquement lésés au quotidien.

Il a oublié la leçon de l'histoire américaine. Quel droit les révolutionnaires américains (appelés patriotes) avaient-ils de s'en prendre aux Britanniques ? J'aimerais bien entendre sa réponse ! Les nations occupées résistent à l'occupation depuis des siècles et des millénaires - pas seulement l'Algérie, la Pologne, la Hongrie ou la Serbie - mais en remontant encore plus loin, à l'époque hellénistique, lorsque les Juifs se sont révoltés en 167-160 avant notre ère contre l'Empire grec séleucide, ou à l'époque romaine, lorsque les Juifs se sont soulevés contre les Romains en 63-73 avant notre ère sous les empereurs Néron et Vespasien, puis de nouveau en 132, contre les Romains sous Hadrien. Ces révoltes sont toujours vénérées par les Juifs israéliens comme légitimes ; elles sont considérées comme de justes sacrifices contre l'occupation de puissances étrangères.

Mais j'ai été particulièrement consterné et révolté d'entendre que le gouvernement allemand, ainsi que le chancelier autrichien Sebastian Kurz (un nationaliste de droite) avaient soutenu sans équivoque Israël dans sa réponse à la situation actuelle.

Je dois admettre qu'en tant que Juif dont de nombreux membres de la famille ont été tués à Treblinka, j'ai le sentiment que ni les Allemands ni les Autrichiens n'ont appris la nécessaire leçon sur la montée du nationalisme et du racisme. Une leçon permettant de mettre en garde les Juifs israéliens de s'engager dans une voie nationaliste.

Comme des moutons, Merkel et Kurz suivent un chemin destructeur en soutenant le militarisme, le nationalisme et le racisme israéliens, qui leur sont si familiers de par leur propre histoire. J'aimerais voir des Allemands courageux s'opposer à la politique d'autodestruction d'Israël. Mais la courageuse Merkel ne peut probablement pas faire face aux accusations d'Israël, qui qualifie d'antisémitisme toute critique des politiques israéliennes, même celles visant leur brutalité.

Les dirigeants européens se sont figés de peur. Mais ils devraient savoir, comme beaucoup d'autres, que cet argument est faible et immoral, et qu'il n'est conçu que pour forcer des réponses obéissantes. La croyance en cet argument est préjudiciable à Israël, et ceux qui s'en préoccupent sans comprendre la situation, ou qui ont peur des menaces proférées par Israël, contribuent à la catastrophe.

Honte pour notre sens de la moralité

Il est difficile de se regarder dans le miroir.

Pour celui qui a grandi ici et qui a servi dans " l'armée la plus morale du monde », il a été très difficile de voir de ses propres yeux les injustices perpétrées par ses frères et de se rendre compte des mensonges dont la nation a été abreuvée pendant des années et qui sont toujours diffusés.

Il s'agit d'une guerre injuste, d'une guerre voulue, comme presque toutes les guerres menées par Israël, notamment la campagne du Sinaï, l'évitable guerre du Kippour, la guerre du Liban et toutes les guerres à Gaza, y compris l'actuelle.

Dans toutes ces guerres, des personnes ont été tuées et blessées, et beaucoup ont gardé de profondes cicatrices pour le reste de leur vie. Les combats ont également causé de grandes destructions. Et ces événements sont devenus le terreau d'une autre guerre. Je ne parle même pas ici du coût énorme dans tous les aspects de la vie pour la société israélienne et le peuple palestinien en raison de la poursuite du conflit. Seulement celui qui est complètement immunisé contre les émotions peut ne compter que nos propres victimes.

Applaudir les destructions que nous causons à Gaza est une marque de honte pour notre sens de la moralité, tel que défini par Hillel l'Ancien, la moralité juive de Martin Buber et du rabbin Abraham Yoshua Heschel, autrefois répandue mais aujourd'hui hors d'atteinte de la majeure partie de la communauté juive d'Israël.

Je voudrais que vous sachiez qu'au moins quelques dizaines de milliers de Juifs israéliens ayant un sens de moralité ont manifesté hier dans les villes israéliennes, demandant la fin de la guerre, proclamant la fraternité avec les Arabes israéliens et voulant la paix.

Au cours de l'automne 1967, j'étais étudiant du professeur Yeshayahu Leibowitz, juste après avoir terminé mon service dans les forces de défense israéliennes. Il enseignait l'introduction à la psychophysiologie. Mais à chaque cours, pendant dix minutes, il criait comme un prophète en colère sur le prix que la société israélienne allait payer pour ses injustices. Parmi ses prédictions, il y avait celle-ci :

" Notre véritable problème, ce n'est pas le territoire, mais la population d'environ un million et demi d'Arabes qui y vit et sur laquelle nous devons régner. L'inclusion de ces Arabes (en plus du demi-million de citoyens de l'État) dans la zone sous notre domination aura pour effet de liquider l'État d'Israël en tant qu'État du peuple juif et entraînera un désastre pour l'ensemble du peuple juif ; elle sapera la structure sociale que nous avons créée dans l'État et corrompra les individus, tant Juifs qu'Arabes. (…) L'État ne sera plus un État juif, mais deviendra un État cananéen. (…) L'ensemble de ce monstre appelé "Grand Israël" ne sera rien d'autre que son système gouvernemental-administratif.

" D'un point de vue social (…) un État gouvernant une population hostile d'un million et demi à deux millions d'étrangers deviendra nécessairement un État de la police secrète, avec tout ce que cela implique pour l'éducation, la liberté d'expression et les institutions démocratiques. La corruption caractéristique de tout régime colonial prévaudrait également dans l'État d'Israël. L'administration devrait d'une part écraser les soulèvements arabes, et d'autre part recruter des quislings [collabos] arabes. Il y a également lieu de craindre que les Forces de défense israéliennes, qui étaient jusqu'à présent une armée du peuple, du fait de leur transformation en armée d'occupation se démoralisent et que leurs commandants se transforment en gouverneurs militaires et deviennent semblables à leurs collègues des autres nations ». (Écrit par Leibowitz en avril 1968, publié dans le quotidien Yedioth Aharonoth).

Et tout ce qu'il a prédit s'est réalisé !

Les Israéliens doivent comprendre le peuple palestinien

Le livre qu'Amiram Raviv et moi-même avons écrit, Comfort Zone of a Society in Conflict (La zone de confort d'une société en conflit), a été récemment publié en hébreu et est aussi pertinent aujourd'hui qu'avant les événements actuels. Il a été traduit en anglais et nous espérons le publier dans de nombreuses langues. Mais la " zone de confort » a disparu - je ne sais pas si elle sera jamais reconstruite - et il semble que c'était bien ce qui était recherché. Mais peut-être (bien que cela soit très peu probable) serons-nous confrontés à partir d'aujourd'hui à une nouvelle réalité qui va inciter une partie de la nation - celles et ceux qui comprennent ce qui s'est passé et ce qui se passe ici - ne permettra plus aux pyromanes politiques professionnels de détruire ce que nous transmettons à la prochaine génération, à nos enfants et petits-enfants.

Que leur léguons-nous ?

À la suite de mon professeur, j'endosse sans crainte le rôle de prophète (je m'attends toujours à être arrêté) pour dire ce que je comprends et pense. Mais ce sont les jeunes qui doivent prendre les rênes pour sortir la nation en perdition de la boue du désespoir. C'est le rôle de la jeune génération. C'est possible - cela a été prouvé en Argentine, en France, en Grèce et ailleurs. C'est un impératif moral pour un peuple qui a souffert pendant des centaines d'années, se rebellant souvent en tant que nation occupée.

Pour cela les Israéliens doivent comprendre le peuple palestinien et appliquer les leçons qu'ils ont apprises, non seulement avec une grande moralité et un comportement humain, mais aussi pour survivre et offrir aux générations futures une vie d'abondance et de paix.

Je serais heureux que cette lettre circule largement pour ouvrir les yeux des hommes et des femmes. Je suis conscient qu'elle contient des informations très importantes. Ne croyez pas tout ce que vous lisez, mais vérifiez vous-même les détails, chaque information.

Je lève les yeux dans l'espoir d'un avenir meilleur pour mes enfants, mes petits-enfants, les Israéliens, les Palestiniens et tous les êtres humains de ce monde. J'espère qu'après le traumatisme inimaginable de la Seconde Guerre mondiale, nous pourrons continuer à tracer le chemin que nous avons entamé en 1948 avec la Déclaration des droits humains.

Mais avant tout, nous devons arrêter immédiatement ce bain de sang inutile !

Tel Aviv, le 16 mai 2021

* Daniel Bar-Tal, né en exil à Stalinabad (actuellement Douchanbé, capitale du Tadjikistan) en 1946 et ayant passé son enfance à Szczecin (Pologne) avant d'émigrer en Israël avec ses parents en 1957, est professeur émérite à l'École d'éducation de l'université de Tel Aviv. Ses intérêts de recherche portent sur la psychologie politique et sociale, l'étude des fondements socio-psychologiques des conflits insolubles et de la consolidation de la paix, ainsi que sur le développement de la compréhension politique chez les enfants et l'éducation à la paix. Il est membre du comité de rédaction du Palestine-Israel Journal.
Cet article a été publié dans le journal polonais en ligne OKO.press : https://oko.press/prof-daniel-bar-tal-jestem-dumny-wstydze-sie/
(Les intertitres sont de la rédaction d'Inprecor. Traduit du polonais par JM). Nous le reproduisons sans partager l'ensemble de son point de vue, car il nous semble être représentatif de cette minorité de Juifs d'Israël qui ne sont pas prêts à accepter l'apartheid, ni à souhaiter l'expulsion du peuple palestinien.

notes

Chronologie récente de la Hongrie (Inprecor)

2020

Plus les Juifs s'installentt à Jérusalem Est et en Cisjordanie, plus la solution à deux Etats, avec un Etat palestinien autonome devient difficile à mettre en oeuvre. 230.000 colons à Jérusalem-Est et 440.000 en Cisjordanie. 12 colonies forment un demi-cercle autour de la vieille ville de Jérusalem. La croissance des colonies s'essouffle (4 % par an). Israël cherche a y attirer des Juifs ultraorthodoxes au taux de natalité record.

Le "deal du siècle" proposé par Donald Trump prévoit une Palestine qui serait autonome mais plus indépendante avec un espace territorial extrêmement petit. Cela n'est absolument pas acceptable par les Palestiniens.

Pas d'unité nationale face à la pandémie de COVID. Les ultra-orthodoxes (10 % de la population), les plus touchés, par la COVID, refusent de respecter les consignes de confinement. Le niveau de vie des Palestiniens s'aggrave.

Depuis le printemps, des milliers de personnes se rassemblent tous les samedis soirs contre le gouvernement et pour le départ de Netanyahou.

En septembre, accords de normalisation des relations d'Israël avec les Emirats arabes unis, puis avec Bahreïn. L'opinion palestinienne considère qu'il n'y a plus de soutien à attendre du monde arabe.

Le 8 septembre, couvre-feu nocturne contre la pandémie. 3.100 décès pour 9 millions d'habitants. Les municipalités orthodoxes (1,3 millions d'habitants) le refusent.

Le 18 septembre, reconfinement généralisé.

Le 22 décembre, dissolution de la Knesset et rupture de la coalition entre Netanyahou et Benny Gantz.

2021

Le boycott des produits israéliens par les Palestiniens revient en force.

Le taux d'infection est parmi les plus élevés du monde.

Israël ne transfère quelques milliers de doses de vaccin à l'Autorité palestinienne.

Le 23 mars, nouvelles élections, la quatrième en deux ans.

La colonisation juive de Jérusalem Est prend de l'ampleur, y compris autour de l'esplanade des mosquées. L'objectif de ces implantations est d'empêcher tout partage d'Israël avec les Palestiniens. A Jérusalem Est, huit familles palestiniennes sont menacées d'expulsion par une organisation nationaliste israélienne.

En mai, au cours du Ramadan, des heurts opposent des jeunes Palestiniens et policiers israéliens autour de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Les affrontements font des centaines de blessés palestiniens et dégénèrent en conflit régional. Le Hamas tire des milliers de roquettes sur Israël. Tsahal riposte par des frappes massives sur Gaza.

Pour la première fois dans l'histoire du conflit palestinien, la Cisjordanie suit le mouvement, les Arabes citoyens d'Israël se soulèvent par solidarité partout dans le pays.

A Lod, ville mixte judéo-arabe tout près de Tel-Aviv, durant plusieurs nuits, de violentes émeutes de guérilla urbaine éclatent. Les Palestiniens expriment leur colère face au lourd bilan humain des bombardements israéliens à Gaza.

Mahmoud Abbas est faible, il n'a plus aucun pouvoir. Les Palestiniens se battent sous la houlette des islamistes et du Hamas.

Le 13 juin, le parlement israélien vote la confiance à une coalition hétéroclite. Elle comprend une assemblage de partis des plus hétéroclites, de l'extrême droite à la gauche en passant par un parti islamiste palestinien. Elle a réussi à s'unir contre Benyamin Netanyahou, mis en cause dans des affaires de corruption. Celui-ci est chassé du pouvoir après douze ans à la tête d'Israël.

Israël a un nouveau Premier ministre : le politicien d'extrême droite du parti Yamina, Naftali Bennett. Il est encore plus à droite que Netanyahou. Il est fermement opposé à la création d'un Etat palestinien. Il prévoit un plan d'annexion partiel de la Cisjordanie, de rattacher à Israël la zone C qui couvre les deux-tiers du territoire occupé et regroupe toutes les colonies juives.

En mai et juillet, élections législatives et présidentielle en Palestine.