La patience des salariés du géant de l’automobile s'est épuisée. Le 20 novembre, une grève générale indéfinie a commencé dans les usines de Valeo à Chrzanów, Trzebinia et Mysłowice. Après l’échec des discussions de dernière minute et une série de grèves d’avertissement, l’équipe s’est éloignée des chaînes de production. L’enjeu n’est pas seulement une augmentation de 1 000 zlotys [235€], mais – comme le disent les salariés eux-mêmes – retrouver la dignité.
« Le respect commence par le salaire »
Exactement à 6h00 du matin, au lieu du bourdonnement des machines, des sifflets et des sirènes retentissaient devant les portes de l’usine Valeo Lighting Systems à Chrzanów. Des centaines de travailleurs, portant des gilets syndicaux, ont refusé de travailler, se rassemblant à l’entrée avec des banderoles. Les slogans sont clairs : « Assez d’exploitation », « Nous sommes des humains, pas des robots » et la clé de la manifestation : « Le respect commence par le salaire ».
La raison immédiate de l’escalade du conflit est le manque d’accord salarial avec la direction de l’entreprise. Le syndicat WZZ "August 80", qui coordonne la campagne, exige :
• Augmentations du salaire d’un montant brut de 1 000 zlotys [235€] pour chaque salarié.
• Augmentations de l’indemnité pour le travail dans le système à quatre équipes (de 280 zlotys [66€] actuellement à 600 zlotys [141,50€]).
•Introduction d’une allocation 'ancienneté et amélioration des conditions sociales.
Selon les rapports des salariés, beaucoup d’entre eux, malgré des années d’expérience et un travail dans des conditions difficiles, reçoivent une rémunération qui se situe dans les limites du salaire minimum.
« Les gens s’évanouissent à cause de la chaleur aux machines, et vous devez demander une pause. Nous sommes contrôlés tout le temps, même en allant aux toilettes le temps est mesuré avec un chronomètre à la main. C’est un camp de travail, pas une usine moderne »– rapporte l’un des travailleurs de la production qui protestent.
De l’avertissement à la paralysie
La route vers une grève générale a été longue. À la mi-novembre (12‑14 novembre), des grèves d’avertissement – des arrêts de deux heures pour chaque quart de travail ont eu lieu dans les usines. Ils étaient censés être un « carton jaune » pour l’administration. Malgré cela, les négociations n’ont pas permis d'avancer. La direction de Valeo, invoquant la situation difficile dans l’industrie automobile, a jugé impossible de répondre aux demandes sous leur forme actuelle.
La décision de faire une grève générale a été prise après un référendum dans lequel –selon les syndicalistes– plus de 90% de la main-d’œuvre a voté en faveur d’une forme radicale de protestation. L’action n’a pas seulement touché la plus grande usine de Chrzanów (qui produit des systèmes d’éclairage), mais s’est également étendue aux succursales de Trzebinia et Mysłowice, menaçant de perturber la chaîne d’approvisionnement des principales marques automobiles en Europe.
La position de l’entreprise : « irresponsabilité en temps de crise »
La direction de Valeo, dans un communiqué, a souligné qu’elle respectait le droit de grève mais a qualifié l’action en cours d'« irresponsable ».
« L’employeur espère qu'iltiendra plus longtemps que nous, que nous retournerons aux machines en raison du manque d’argent. Mais nous n’avons plus rien à perdre, car il est impossible de survivre avec les salaires actuels de toute façon », dit Katarzyna Jamróz, la dirigeantedu mouvement.
Si la direction ne revient pas à la table des négociations avec une nouvelle proposition, la grève de Chrzanów pourrait devenir l’une des plus grandes manifestations d’employés dans l’industrie polonaise en 2025
Les grévistes de Valeo partiront en France mardi prochain se rassemblerdevant les bureaux de la direction générale de Valeo.
Chrzanów, 21 novembre 2025. Publié par Sierpień 80