Point sur la situation ces derniers jours en Cisjordanie, théâtre d’attaques généralisées menées par l’armée israélienne ainsi que des groupes de colons dans plusieurs régions, principalement près de Naplouse, Salfit et Ramallah.
Les Palestinien·nes de Cisjordanie subissent un nouveau déchainement de violences israéliennes depuis la semaine passée, à travers de nombreux raids de l’armée israélienne mais également de colons israéliens, dans des expéditions « punitives » qui ont terrorisé la population et fait de nombreuses victimes palestiniennes.
Les attaques de colons ont eu lieu dans un contexte de renforcement notable des barrières militaires déployées entre les villes de Cisjordanie, qui entravent la circulation des véhicules palestiniens.
La semaine passée, les colons israéliens ont intensifié leurs attaques contre les biens palestiniens, incendiant des véhicules appartenant à des travailleurs palestiniens garés près de la colonie d’Ariel. Deux véhicules ont également été incendiés dans la région de Masoudiya, près de Naplouse, dont l’un appartenait au gardien d’un puits qui alimentait huit villages près de la ville. À Ein Qiniya, au nord de Ramallah, des colons ont vandalisé deux véhicules d’habitants après s’être infiltrés dans le village, qui est depuis deux ans la cible de tentatives de mainmise sur une source d’eau. Dans le village d’al-Mughayyir, à l’est de Ramallah, des colons ont attaqué des femmes dans la région d’al-Khalayel, sous la protection de l’armée israélienne.
À partir de mercredi 14 mai se sont tenues des expéditions punitives et extra-judiciaires brutales de l’armée israélienne, en réaction au meurtre d’un colon israélien. En réponse, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a appelé à la destruction des villages palestiniens de Bruqin et Kafr ad-Dik, situés près de Salfit, dans le nord de la Cisjordanie. Sous prétexte de rechercher l’assaillant, l’armée a assiégé la ville de Bruqin pendant plusieurs jours et mené des raids et exécutions sommaires qualifiées par l’ONU d’« insensées ».
Jeudi 15 mai tôt dans la matinée, des soldat·es ont fait irruption dans la ville de Tammun, située au sud de Tubas, encerclant une maison et tuant cinq hommes à l’intérieur après une fusillade, selon les médias locaux.
Le même jour, l’armée israélienne a amené 13 bulldozers dans la ville de Bruqin et rasé des terrains adjacents à des habitations, pour être transformés en zones militaires, et a installé des barrières aux entrées de la ville. Environ 5 200 Palestiniens ont été pris au piège dans la ville, sans aucune indication claire quant à la réouverture des entrées. « Ils ont fait irruption dans les maisons, les ont vandalisées et ont démoli les murs intérieurs d’une maison », a déclaré le maire de Bruqin, Fayed Sabra, à Middle East Eye. Dans le même temps, des appels ont été lancés pour inciter les colons à attaquer des maisons en représailles à la fusillade.
« Plus de 2 000 colons se sont rassemblés sur les terres rasées par l’armée israélienne, allumant des feux et brûlant le drapeau palestinien au milieu de chants racistes. Ils sont restés rassemblés jusqu’à 3 heures du matin [minuit GMT] vendredi, et nous nous attendons à ce qu’ils intensifient leurs attaques dans les prochains jours », ajoute le maire de Bruqin. « Nous sommes constamment exposés aux attaques des colons. Il y a quelques semaines, ils ont brisé les fenêtres des maisons du village et ont tenté de les incendier. Ils ont également vandalisé des véhicules. Notre ville est encerclée par les colonies de Barkan et Ariel, qui servent de base à des attaques incessantes contre nous »
Ces attaques surviennent alors que la Cisjordanie subit une explosion de violence, de la part des colons autant que de l’armée, en parallèle de la campagne génocidaire israélienne à Gaza, qui a encore été décuplée par l’opération « mur de fer » en cours depuis le mois de janvier dernier, qui a forcé au déplacement plus de 52 000 Palestinien·nes.
La Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH) publiait la semaine dernière un rapport qui met explicitement en lumière la stratégie israélienne systématique visant à rendre invivable la présence palestinienne, à travers l’annexion territoriale, les disparitions forcées et des violences couvertes par les autorités. « Ce que nous observons, c’est une course contre la montre menée par les dirigeants israéliens. Ils voient une fenêtre d’opportunité pour s’emparer de l’ensemble de la Cisjordanie tout en réduisant au silence l’opposition à leur projet », déclare Mouna Dachri, autrice du rapport et chargée de programme au bureau Maghreb et Moyen-Orient de la FIDH.
