Revue et site sous la responsabilité du Bureau exécutif de la IVe Internationale.

L’appel aux consciences de Greta Thunberg

par Yorgos Mitralias
Sonia Mitralia

« Si toi, dans tout ce qui se passe actuellement en termes d’escalade de l’impérialisme, de génocide, d’effondrement climatique et écologique, d’érosion complète de la démocratie et des droits de l’homme, tu disposes d’une plateforme, mais que chaque jour tu continues à choisir activement de ne pas l’utiliser et prendre position, alors tu ne seras pas pardonné. Bien entendu, je ne parle pas ici de déclarations molles et édulcorées telles que “sauver le monde” ou “je veux l’égalité en théorie, mais pas en pratique, et seulement pour ma partie du monde”.

L’un des outils extrêmement rares que nous avons aujourd’hui en mains est la possibilité d’atteindre et d’essayer d’influencer l’opinion publique. C’est particulièrement vrai si tu fais partie d’un groupe démographique qui bénéficie de ces systèmes oppressifs.

Vous qui disposez d’une plateforme vous avez l’immense privilège d’établir le récit, les gens vous regardent et vous avez donc l’énorme responsabilité de repousser les limites de ce qui est considéré “grand public”.

Vous n’êtes jamais encouragés à changer et à vous positionner du côté de la justice, et il n’est jamais “trop tard” pour faire de votre mieux. Mais si vous n’utilisez TOUJOURS pas votre influence extrêmement précieuse, pour laquelle beaucoup seraient prêts à tuer, parce que vous craignez qu’elle n’affecte votre carrière, votre popularité ou toute autre excuse incompréhensible, sachez que vous ne serez pas pardonnés. Et avec le temps, je serais surpris que vous puissiez vous pardonner à vous-même ».

Greta Thunberg

Si nous avons traduit, posté et diffusé cet appel aux consciences de Greta Thunberg c’est parce que nous avons constaté que personne ne l’avait fait en France et parce qu’il restait donc totalement inconnu des Français. Mais, nous l’avons aussi fait pour une autre raison : parce que c’est comme si cet appel de Greta s’adressait tout spécialement à la France et à ses médias car c’est surtout en France que les médias ont atteint les sommets d’un amoralisme qui les fait appeler paix la guerre, droit de défense le génocide, terrorisme la résistance et démocratie le fascisme.

Mais, il y a évidemment, une troisième raison qui fait que les médias français censurent systématiquement Greta. C’est qu’ils la considèrent – à juste titre cette fois – comme le plus dangereux ennemi de leurs patrons, et aussi… des patrons de leurs patrons. D’ailleurs, Il est hautement emblématique de la haine mortelle que nourrissent contre Greta ces « patrons des patrons » des médias français, que celui qui est peut-être le cerveau du trumpisme, et que le vice-président américain J. Vance appelle son « mentor », le nostalgique du troisième Reich Peter Thiel va jusqu’à qualifier Greta de… « Antéchrist » !

En réalité, cette guerre contre Greta ponctuée par des campagnes de haine qui vont jusqu’à souhaiter son assassinat (!), et auxquelles excellent les médias français, a une longue histoire et de très profondes racines. Elle date de 2018 et est le fait d’une large coalition internationale de forces d’extrême droite dont le centre se situe dans les milieux d’affaires américains qui composaient l’entourage de Trump durant sa première présidence. C’est donc déjà en 2019 que nous présentions ceux, « avec nom et adresse », qui finançaient « la haine contre Greta », dévoilant en même temps, ce qui unit l’extrême droite européenne et le trumpisme. Voici donc comment nous concluions ce que nous écrivions il y a déjà six ans :

« Tout d’abord, l’extrême droite européenne ou tout au moins quelques-uns de ses poids lourds, entretiennent des liens étroits – s’ils ne sont pas dépendants – avec un centre/état-major politique et économique qui se trouve aux États-Unis, et plus précisément à la Maison Blanche et aux financeurs et autres soutiens du président Trump ! Ensuite, ce n’est pas aussi un hasard que cette « internationale brune » semble être arrivée à la conclusion que la question de la catastrophe climatique et plus précisément, le – plus en plus ample et radical – mouvement de jeunes qui luttent contre elle représentent la plus grande menace pour ses intérêts et pour la domination du système capitaliste dans les années à venir. Et enfin, ce n’est pas également un hasard si cette « internationale brune » et plus précisément sa « section » européenne concentrent aujourd’hui en toute priorité leurs attaques sur la personne de Greta Thunberg, l’incontestable égérie, théoricienne et en même temps coordinatrice des mobilisations de jeunes presque partout en Europe et au-delà »1.

Si on devait aujourd’hui ajouter quelques mots, on devrait dire que Greta Thunberg ne se limite plus à être « l’égérie » de la lutte contre la catastrophe climatique, mais qu’elle se trouve aussi -logiquement- aux avant-postes des combats contre toutes les injustices, et en particulier contre les guerres coloniales d’extermination que mènent l’Israël de Netanyahou et la Russie de Poutine contre les Palestiniens et les Ukrainiens. D’où la haine sans limite que nourrissent contre elle les médias aux ordres des possédants et des va-t-en-guerre en Europe et partout dans le monde !

Le 24 juin 2025

 

Le dernier numéro

المؤلف - Auteur·es

Yorgos Mitralias

Yorgos Mitralias, journaliste retraité, ancien militant de la section grecque de la IVe Internationale et de Syriza, un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM, a animé le site EuropeansForBerniesMassMovement qui fournissait, surtout en anglais et en grec, des informations quotidiennes sur les actions des mouvements sociaux et de la gauche étatsunienne.