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La Palestine face à la vague d’extrême droite

par Cinzia Nachira
Le F-35l Adir, chasseur-bombardier utilisé par Israël pour les bombardements de la bande de Gaza. © Airman 1st Class Trevor Bell

Après seize mois de guerre génocidaire d’Israël contre la bande de Gaza, il est difficile de faire des prévisions crédibles sur ce qui va se passer au Moyen-Orient, à l’échelle régionale.

De nombreux éléments d’incertitude persistent, tous découlant de l’agression israélienne contre Gaza, le Liban et la Syrie après la chute du régime de Bachar al-Assad.

En revanche, il est malheureusement trop facile, en s’en tenant aux faits sur le terrain, d’établir le bilan dramatique de cette longue et tragique période pour les Palestinien·nes, en premier lieu ceux de Gaza, mais aussi ceux de Cisjordanie.  

L’offensive de l’extrême droite

Il ne fait aucun doute qu’un élément crucial, notamment depuis l’accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier dernier, est l’existence de deux gouvernements d’extrême droite, en Israël comme chez son principal allié et complice dans cette guerre, les États-Unis. Bien entendu, ce constat ne signifie pas que des gouvernements moins extrémistes n’auraient pas, eux aussi, cherché à « clore » la question palestinienne, en soutenant de facto les ambitions expansionnistes et coloniales d’Israël.  

Cependant, l’entrée en vigueur de la trêve semble difficilement pouvoir ouvrir la voie à des négociations crédibles.

Certes, la mise en scène orchestrée par le Hamas à Gaza lors de la libération des otages vise à montrer que l’objectif premier affiché par Netanyahou, « l’éradication du Hamas » dans la bande de Gaza, a échoué. Mais il ne faisait aucun doute, dès le 8 octobre 2023, que cet objectif était inatteignable.

Des vents contraires

La férocité de l’agression israélienne, y compris contre les pays voisins, a clairement démontré qu’Israël a voulu exploiter trois facteurs favorables.

Le premier est lié aux choix de l’administration Biden, et maintenant de celle de Trump II, auxquels s’ajout la montée de l’extrême droite et des courants réactionnaires dans de nombreux pays, qui favorisent les projets coloniaux israéliens.

Le deuxième facteur est la faiblesse du « front de la résistance », à savoir l’illusion que l’Iran et ses alliés (la Syrie de Bachar al-Assad, le Hezbollah libanais, les forces chiites en Irak et les Houthis yéménites) interviendraient plus activement en faveur des Palestinien·nes. En réalité, malgré leur implication limitée, Israël n’a pas hésité à porter un coup fatal au Hezbollah, ce qui a accéléré la chute du régime fantoche d’Assad en Syrie. À cela s’ajoute une constante historique de la question palestinienne : l’hypocrisie des pays arabes, qui se contentent de déclarations grandiloquentes, sans conséquences réelles. Cela pourrait cependant changer avec la dernière idée de Trump : « transférer » (c’est-à-dire expulser) les Palestinien·nes de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie, sous prétexte de la reconstruction d’une bande de Gaza détruite à 85 %.

Le troisième élément est le rassemblement de la société israélienne autour du gouvernement après le 7 Octobre. Les manifestations massives qui secouaient Israël avant cette date pour s’opposer au tournant autoritaire de Netanyahou n’ont jamais remis en question la politique israélienne envers les Palestinien·nes. Après le 7 Octobre, les critiques à l’encontre du gouvernement se sont concentrées sur le sort des otages et, à l’exception d’une minorité courageuse, elles n’ont pas contesté les principaux axes de la propagande justifiant ce génocide. 

Compte tenu de ces éléments, il est malheureusement probable qu’à l’expiration de la première phase de la trêve, la campagne militaire israélienne reprenne, impliquant cette fois-ci directement la Cisjordanie. Ce qui se passe ces derniers jours le confirme.  

Dans ce contexte très sombre, deux éléments restent porteurs d’espoir :  la détermination, démontrée une fois de plus, du peuple palestinien à ne pas abandonner sa terre, et la grande ampleur du soutien internationale à sa lutte.

Ces deux facteurs sont déterminants pour poursuivre une lutte indispensable, non seulement pour les Palestinien·nes, mais pour nous tou·tes.  

Le 2 février 2025