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« Il y beaucoup d’espoirs et de nombreux défis à saisir dans la situation »

par Joseph Daher
Des habitants se rassemblent à Menbij, dans le nord de la Syrie, pour célébrer la chute du gouvernement syrien, le 8 décembre 2024. Ugur Yildirim AP

Les scènes de joie ont envahi la Syrie, après 54 ans de dictature de la dynastie Assad. Cette situation ouvre nécessairement une nouvelle ère, même si les dangers restent immenses.

J’imagine que la situation actuelle représente un soulagement. Est-ce que tu peux nous expliquer comment la chute d’Assad a pu être aussi rapide ?

Il s’agit sans aucun doute d’un moment historique pour les Syriennes et les Syriens. Et pour les classes populaires de la région. Il faut se rappeler que Assad a bien sûr opprimé son peuple, mais que le régime syrien a également occupé le Liban, a tué et emprisonné de nombreux Palestinien·nes, sans oublier ses attaques sur le mouvement national palestinien en tant que tel. Donc c’est un moment historique. D’ailleurs, les scènes de joie à travers la Syrie, de la côte aux régions à majorité kurdes, à Damas, à Alep, de toutes les ethnicités et confessions, le montrent.

Les choses ont commencé avec une offensive militaire menée à partir du 27 novembre, par Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de libération du Levant, HTS), une organisation salafiste jihadiste, et l’Armée nationale syrienne, qui agit comme un proxy de la Turquie. Cette offensive a conduit à la libération d’Alep, Hamah, Homs, où le régime a disparu. Cela a ensuite créé une autre dynamique, notamment dans les régions du Sud de la Syrie, où des groupes d’opposition armés, notamment, et la population plus généralement, localement, ont mis dehors les forces du régime.

Les forces du régime ont dû se retirer progressivement et, dans la nuit du 7 au 8 décembre, a eu lieu la chute du régime. On a pu voir dans les deux derniers jours un soulèvement populaire un peu partout, à chaque fois que le régime se retirait : les gens sortaient dans les rues pour s’attaquer aux symboles du régime Assad, ses portraits, ses statues. Et d’ailleurs, les scènes de joie, tous ces gens qu’on voit sortir, ne sont pas, dans leur grande majorité, contrôlés par les groupes armés.

Il y a donc deux dynamiques principales pour expliquer la chute de la dynastie Assad, qui était au pouvoir depuis 1970, donc 54 ans. Le premier est la faiblesse structurelle politique, militaire et économique du régime. Il ne disposait même plus d’une base populaire minimum, les soldats n’avaient aucune envie de se battre pour un régime qui les traitait mal : ils étaient mal payés, exerçaient dans de mauvaises conditions et, pour la grande majorité, était conscrits de force.

Le deuxième élément, peut-être le plus important, est la faiblesse des alliés principaux du régime, qui étaient le facteur principal ayant permis au régime de tenir jusqu’à aujourd’hui : la Russie et l’Iran, avec ses affiliés, notamment du Hezbollah, et d’autres milices. La Russie, qui est impliquée depuis 2022 dans une guerre impérialiste contre l’Ukraine, y avait transféré une partie de ses forces et ressources, notamment aériennes. Elle n’a donc pas eu l’implication qu’elle avait pu avoir dans le passé.

L’Iran et le Hezbollah sont fortement affaiblis par la guerre israélienne contre le Liban, et par les bombardements répétés contre leurs positions en Syrie, particulièrement accélérés depuis cette dernière année. Donc les alliés du régime, qui traitaient comme d’habitude tous les opposants et individus qui sortaient dans la rue comme des terroristes, étaient extrêmement affaiblis, et n’ont pas pu s’impliquer autant qu’ils le voulaient pour sauver ce régime.

Quelles sont les forces de la rébellion, et comment semble s’installer le nouveau régime ?

On est dans une phase de transition. Après la chute du régime, le chef du HTS, al-Jolani, a initialement échangé avec l’ex-Premier ministre Mohammed al-Jalali pour coordonner la transition du pouvoir, avant de nommer Mohammad al-Bachir chef du gouvernement transitoire chargé d’expédier les affaires courantes. Al-Bachir dirigeait jusqu’à présent le GSS, le Gouvernement de salut syrien, qui gérait la province d’Idlib, contrôlée par HTS. Il assurera ses fonctions jusqu’au 1er mars 2025 et dans l’attente du lancement du processus constitutionnel. Le reste des ministres sont aussi des hommes affiliés à HTS depuis 2017.

Ces éléments indiquent clairement que HTS souhaite procéder à une transition contrôlée du pouvoir, de préférence en consolidant son pouvoir sur de larges zones du territoire, tout en cherchant à apaiser les craintes étrangères, à établir des contacts avec les puissances régionales et internationales et d’être reconnu comme une force légitime avec laquelle il est possible de négocier.

HTS est, à bien des égards, une organisation de nature salafiste djihadiste, mais qui a connu une évolution durant ces dernières années : elle a rompu avec Al-Qaïda à partir de 2016. Elle s’inscrit dans un projet national, syrien, donc pas dans un cadre transnational. Elle a géré une partie du nord-ouest syrien de manière assez technocratique, avec un gouvernement qui organisait des services – même si les ONG et les Organisations internationales jouaient aussi un rôle très important – et a essayé de gagner en légitimité et en respectabilité ces dernières années auprès des acteurs locaux et surtout régionaux et internationaux.

Par exemple, son chef Abu Mohammad al-Jolani a déclaré, dans une interview auprès d’un journaliste américain en 2021, qu’il lutte contre Al-Qaïda et Daesh, qu’il serait prêt à lutter plus généralement contre le terrorisme, donc que son groupe ne constitue pas une menace pour les intérêts occidentaux. De même que, ces dernières années, on a pu voir un retour de populations issues de minorités religieuses dans le territoire sous contrôle de HTS, par exemple des chrétiens et des Druzes. De même, on voit, depuis la chute du régime et la conquête d’Alep, une volonté de gagner en respectabilité, en annonçant que c’est un gouvernement civil et une administration civile qui vont gérer Alep, en retirant prochainement les troupes militaires. Il publie des communiqués s’adressant à diverses minorités religieuses, ou aux Kurdes, pour dire qu’ils font partie du peuple syrien. Un autre communiqué a été adressé aux communautés alaouites, qui n’est pas aussi positif, puisque les décrivant comment ayant été utilisées comme un outil de répression contre le reste du peuple syrien, et sans garantie pour l’avenir.

Cela dit, il ne faut pas non plus romantiser cette organisation, il ne s’agit pas d’une organisation démocratique, loin de là, c’est une organisation réactionnaire, autoritaire. Encore jusqu’à récemment à Idlib, il y avait des manifestations populaires pour dénoncer sa gouvernance, sa pratique de la torture et les violations des droits humains. Tolérer les minorités religieuses ou ethniques et leur permettre de prier ne suffit pas. Le point clé, c’est de reconnaître leurs droits en tant que citoyen·nes égaux participant à la prise de décision sur l’avenir du pays.

Plus généralement, les déclarations du chef de HTS, Al-Jolani, selon lesquelles « les personnes qui craignent la gouvernance islamique en ont vu des applications incorrectes ou ne la comprennent pas correctement » ne sont absolument pas rassurantes, pour l’avenir démocratique, égal et social pour les Syriens et Syriennes. Il ne devrait y avoir aucune confiance dans ce groupe.

Un autre élément d’inquiétude est la politique économique de HTS. En effet ce dernier n’a pas d’alternative au système économique néolibéral, très probablement avec des réseaux d’affaires rassemblant des personnalités d’affaires nouvelles et anciennes, également connectées aux nouveaux dirigeants, similaires aux dynamiques et formes de capitalisme de copinage du précédent régime. Le nouveau gouvernement syrien a par exemple déclaré, par l’intermédiaire de Bassel Hamwi, président de la Chambre de commerce de Damas, aux chefs d’entreprise qui se réunissaient avec lui, qu’il adopterait un modèle de libre marché et intégrerait le pays dans l’économie mondiale. Hamwi a été « élu » à ce poste en novembre 2024, quelques semaines avant la chute de la dynastie Assad. Il est également le président de la Fédération des Chambres de commerce syriennes. Des membres de l’ancien régime occupent toujours des postes importants. Ce système néolibéral économique mêlé d’autoritarisme entraînera des inégalités socio-économiques et un appauvrissement continu de la population syrienne, qui ont été l’une des principales causes du soulèvement populaire initial.

De même, l’Armée nationale syrienne est aussi un groupe armé perçu par beaucoup de Syriens et Syriennes comme des groupes de voyous, qui ont été accusés de corruption, de violation des droits humains et elle agit véritablement comme un proxy de la Turquie. Au côté de l’armée turque, elle a joué un rôle destructeur lors de l’occupation d’Afrin en 2018, qui a mené à un changement démographique avec le départ forcé de plus de 150 000 personnes, dont une grande majorité de Kurdes. D’ailleurs, on a pu voir, après le début de l’offensive, qu’elle a mené des offensives contre des villes ou des régions en majorité kurdes, en capturant la ville de Tal Rifaat et la région de Shahba dans le nord d’Alep, auparavant sous la gouvernance des FDS, entraînant le déplacement forcé de plus de 150 000 civil·es et de nombreuses violations des droits humains contre les Kurdes, notamment des assassinats et des enlèvements. L’ANS a ensuite pris le contrôle, avec le soutien de l’armée turque, de la ville de Menbij, contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS). Donc on voit qu’ils servent l’agenda du régime turc, qui est de mettre fin au gouvernement autonome du Nord-Est de la Syrie, dominé par le PYD, parti frère du PKK, considéré comme une organisation terroriste en Turquie. Ils refusent toute forme d’autonomie de la population kurde.

Les groupes d’opposition armée du sud ont aussi joué un rôle dans la prise de Damas, notamment ceux de la région de Deraa. Il s’agit d’anciens de l’Armée syrienne libre qui avaient accepté des accords de réconciliation avec le régime. Dans la ville de Souweïda, ce sont plus des organisations locales, issues de la population druze, notamment le groupe armé des Hommes de la dignité.

Voilà la cartographie générale des groupes armés qui ont joué un rôle dans ces dix derniers jours.


 

Quels sont les dangers et, peut-être encore plus, les points d’appui dans la situation ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider les forces kurdes ou d’autres forces démocratiques et sociales en Syrie ?

Il ne faut ni romantiser la situation, ni tomber dans une forme de défaitisme selon lequel il n’y aurait pas de possibilité à saisir dans la situation. Comme le dit un des slogans syriens, il n’y a pas d’éternité – expression qui était opposée à un slogan du régime disant qu’il allait rester pour l’éternité. Dans cette situation d’espoir, il y a beaucoup de défis, on ne va pas se le cacher, mais il y a une option à saisir, cette opportunité d’espace contradictoire qui existe aujourd’hui : le fait qu’aucune force armée ne peut totalement contrôler les régions qui étaient précédemment sous le contrôle du régime constitue une opportunité à saisir. Pour cela, il faudra reconstruire une société civile – pas dans le sens simplement d’ONG, mais des organisations démocratiques, sociales par en bas, comme les syndicats, les associations populaires locales, les organisations féministes, etc.

Mais il y a bien sûr des défis, les groupes comme Hayat Tahrir al-Cham et l’Armée nationale syrienne sont des organisations autoritaires et réactionnaires qui, par leurs pratiques politiques, n’ont pas laissé d’espace démocratique pour permettre l’auto-organisation par en bas.

C’est le plus grand défi. Un autre défi est de faire face à la division qui s’intensifie malheureusement entre Arabes et Kurdes : les attaques de l’Armée nationale syrienne sont un danger pour le futur de la Syrie et pour la question kurde. Ces groupes menés par la Turquie sont une menace mortelle, pas simplement pour le projet autonome du Nord-Est de la Syrie, mais pour les populations kurdes. Ils menacent la diversité syrienne. Ce sont deux angles importants selon moi.

De l’étranger, notre tâche est d’aider les groupes démocratiques, progressistes syriens, qu’ils soient Arabes ou Kurdes, à s’auto-organiser, à faire face aux menaces, qu’elles soient locales, régionales ou internationales. Il faut comprendre que la volonté de la plupart des régimes régionaux ou internationaux est de maintenir une forme de stabilité autoritaire, de ne pas voir la volonté démocratique des Syrien·nes se réaliser. Dès lors, nous avons un rôle à jouer pour aider ces groupes démocratiques, progressistes, en relayant des informations et en les soutenant.

La situation permet une nouvelle ouverture pour ce qu’on a toujours considéré comme un processus révolutionnaire à long terme au niveau régional, avec des périodes de haut et de bas. On peut dire que la situation actuelle permet de rouvrir cette porte.

En Europe, sur la question de la migration, il faut toujours qu’on défende les droits de tou·tes les réfugié·es syriens et syriennes, sans exception, pour qu’ils décident : certains vont vouloir revenir mais beaucoup vont vouloir rester, car ils ont fait leur vie ici, leurs enfants sont nés ici, en Europe. Il faut donc défendre leur droit à rester et empêcher toute mesure qui pourrait être prise par des États européens pour les renvoyer par la force, et dénoncer les processus qui gèlent les demandes pour s’installer en Europe. Plus généralement il faut se battre pour l’expansion des droits des migrant·es à tous les niveaux.

Ce sont des tâches immédiates, de même que protéger le processus démocratique en Syrie, améliorer les conditions socio-économiques dans le pays, et dénoncer les menaces et attaques menée par la Turquie et des groupes de l’Armée nationale syrienne, ou autres, sur le Nord-Est, contre les populations Kurdes. Concernant le mouvement de solidarité avec la Palestine, il faut dénoncer le rôle complice de nos classes dominantes qui soutiennent non seulement l’État raciste, de colonialisme de peuplement et d’apartheid qu’est Israël et sa guerre génocidaire contre les Palestinien·nes, mais aussi les attaques d’Israël contre la Syrie et d’autres pays de la région comme le Liban. Le mouvement doit faire pression sur ces classes dominantes pour qu’elles rompent toute relation politique, économique et militaire avec Tel-Aviv.

Toutes les forces régionales ou internationales à caractère impérialise sont une menace pour les intérêts des Syriennes et des Syriens.

Dans le mouvement de solidarité avec la Palestine, beaucoup de gens se demandent si la chute d’Assad peut exercer une influence négative sur le combat des Palestinien·nes. Qu’est-ce que tu en penses ?

À ce sujet, cela fait longtemps que j’argumente sur le fait qu’on ne peut pas séparer la question de la Palestine et les dynamiques régionales de création d’un mouvement qui se bat pour l’émancipation des classes populaires de la région. Dans certaines sections du mouvement pour la Palestine, ce lien entre la région et la dynamique de la question nationale palestinienne est plutôt vu par en haut, avec des régimes qui seraient, soi-disant, résistants – on parle d’un « axe de résistance » – et ces courants pouvaient voir d’un mauvais œil la chute d’un régime comme celui de la Syrie, ou décriraient sa chute comme une suite du génocide à Gaza, de la guerre au Liban et, ensuite, du cessez-le-feu au Liban. Ils croient voir un complot américano-sioniste pour faire chuter un régime résistant. Ce n’est pas du tout le cas, comme j’ai pu l’expliquer auparavant, et surtout, cette vision enlève toute forme de rôle pour les Syriens et Syriennes dans leur volonté de faire chuter ce régime. Cela leur enlève toute forme de capacité d’action, on ignore le rôle des Syrien·nes.

Mais ce n’est pas simplement un problème moral, qui consiste à soutenir des dictatures mortelles, réactionnaires et autoritaires contre la volonté d’émancipation des classes populaires de la région, c’est aussi stratégiquement faux, parce que tous ces régimes ont toujours agi en fonction de leur propre intérêt politique et géopolitique et, en aucun cas, n’ont cherché la libération des Palestinien·nes. Le régime syrien a une histoire de répression des Palestinien·nes en Syrie, au Liban et d’attaques sur le mouvement national palestinien. Des milliers de prisonniers politiques palestiniens étaient présents dans les geôles syriennes à la fin des années 80, sans parler du fait que depuis 2011, des milliers de Palestinien·nes ont souffert de la répression du régime syrien, et que le camp de Yarmouk, un des plus grands camps à l’extérieur de la Palestine, a été attaqué en premier lieu par le régime syrien avant que Daesh y entre. De plus, depuis le 7 Octobre, la Syrie n’a absolument rien fait pour aider les Palestinien·nes. De même, l’Iran cherche en premier lieu, à travers la question palestinienne, à avancer ses intérêts géopolitiques, à l’utiliser comme une carte dans les négociations avec les États-Unis, notamment sur la question nucléaire. Son principal allié dans la région, le Hezbollah, a davantage cherché à protéger ses intérêts et ceux de l’Iran qu’à jouer un rôle décisif pour les Palestinien·nes ou en allégeant leurs souffrances dans le génocide à Gaza.

Donc il est stratégiquement faux de croire que ces régimes pourraient jouer un rôle positif dans la libération des Palestinien·nes. C’est la libération des populations, des classes populaires régionales qui permettra de faire pression sur Israël, parce qu’il y a des intérêts communs entre les classes populaires palestiniennes et de la région. D’ailleurs, à chaque fois qu’on voit une libération des peuples, la question palestinienne revient au premier plan. Pour une fois, je suis d’accord avec l’ancien ministre des Affaires étrangères israélien, qui déclarait en 2011, à la suite de la chute de Mubarak : « la principale menace pour Israël, ce n’est pas l’Iran, c’est une Égypte démocratique ».

Et on pourrait étendre cette analyse à la possibilité d’une région démocratique. N’oublions pas que les gouvernements israéliens successifs étaient très contents de la présence d’Assad pendant 40 ans. Le Premier ministre israélien a notamment déclaré en 2018 qu’il préférait le maintien du régime Assad tout en ajoutant que depuis 1974 « aucune attaque n’a eu lieu contre le Golan occupé ». L’armée d’occupation israélienne a d’ailleurs envahi la partie syrienne du mont Hermon, sur le plateau du Golan, afin d’empêcher les rebelles de s’emparer de la zone, mais surtout elle a détruit les principaux sites militaires en Syrie en menant plus de 400 frappes aériennes dans le pays, visant des batteries anti-aériennes, des aérodromes militaires, des sites de production d’armes, des avions de combat et des missiles, tandis que des navires lance-missiles ont frappé les installations navales syriennes du port d’Al-Bayda et du port de Lattaquié dans le nord-ouest, où 15 navires de la marine syrienne étaient amarrés. Ces raids visent à détruire les capacités militaires de la Syrie afin d’empêcher toute utilisation potentielle contre Israël – et à envoyer un message politique clair selon lequel l’armée d’occupation israélienne peut provoquer une instabilité politique à tout moment dans le cas où le nouveau futur gouvernement adopterait une position hostile ou belliqueuse à son égard. En bref, Tel-Aviv veut s’assurer que tout nouveau pouvoir à Damas se comporte comme le précédent à l’égard de ses intérêts. Donc le mouvement national et le mouvement de solidarité internationale avec la Palestine doivent prendre en considération les dynamiques régionales, mais toujours dans une perspective d’émancipation par en bas, de libération par en bas des peuples, et non être une antichambre pour le soutien à des régimes autoritaires réactionnaires. 

Propos recueillis par Antoine Larrache le 9 décembre, texte relu et actualisé par l’auteur le 16 décembre 2024

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Auteur·es

Joseph Daher

Joseph Daher militant de la IVe Internationale. Il enseigne à l’Université de Lausanne, en Suisse, et est professeur affilié à l’Institut universitaire européen de Florence, en Italie. Il est l’auteur de nombreux rapports, articles et livres.