En tant qu’Anticapitalistas, nous voulons montrer tout notre soutien et notre solidarité populaire à toutes les personnes touchées par la DANA (depresion aislada en niveles alto ; dépression isolée à niveau élevé). Près d'une centaine de personnes sont déjà décédées suite aux inondations qui ont touché le País Valencià, la Castille-La Manche, l'Andalousie, la Catalogne et la Murcie, ainsi que des dizaines de personnes toujours portées disparues et un niveau très élevé de dégâts matériels. Nous espérons que les personnes disparues seront retrouvées le plus rapidement possible et que les travaux de reconstruction seront menés à bien dans les plus brefs délais. Cependant, nous ne pouvons pas en rester à une tragédie malheureuse.
Il n'y a pas de catastrophe naturelle, ce n'est pas l'eau qui les a tués. Les pluies torrentielles ne se produisent pas dans le vide, elles s'abattent sur une réalité sociale et politique. C'est là qu'il faut chercher, pointer et combattre les responsables de cet épisode désastreux. Il est clair pour nous que les gouvernements, les entreprises et le capital fossile ont une responsabilité évidente.
Gouvernements. Le gouvernement autonome de Carlos Mazón a agi avec une négligence pour laquelle il faut exiger une responsabilité non seulement politique mais aussi pénale. En 2023, il a démantelé l'Unité d'urgence de Valence, qu'il considérait comme un chiringuito, et l'a laissée aux mains d'un négationniste du changement climatique d'extrême droite. Le 29 octobre, la Generalitat Valenciana n'a pas fixé le niveau d'urgence correspondant et n'a envoyé des avertissements à la population qu'en fin d'après-midi, malgré les alertes émises par les agences météorologiques les jours précédents et le matin même. Des centaines de personnes ont ainsi été exposées à un risque extrême dont les autorités étaient parfaitement conscientes. On ne peut qualifier d'erreur une série de décisions conscientes qui ont entraîné la mort de dizaines de personnes. Dans le même temps, nous suivons avec inquiétude les difficultés rencontrées dans de nombreuses localités où l'approvisionnement de services de base en énergie, en eau et en nourriture a été interrompu. Il est essentiel de résoudre cette situation le plus rapidement possible afin que l'impact social ne continue pas à augmenter, et cela relève de la responsabilité des gouvernements tant autonome que central.
Entreprises. Bon nombre des personnes tuées ou disparues ne se seraient pas trouvées au mauvais endroit au mauvais moment si les entreprises ne les avaient pas forcées à rester sur leur lieu de travail, malgré le risque extrême qu'elles encouraient. L'exploitation et l'extraction de bénéfices sont plus importantes que la vie de leurs travailleur·euses. Cela a toujours été le cas et le sera toujours. Il ne suffit pas de demander gentiment aux entreprises de ne pas exposer leurs travailleur·euses. Toute législation sur la prévention des risques professionnels reste lettre morte s'il n'existe pas un contre-pouvoir syndical capable d'imposer son autorité et sa confiance. Ce qu'il faut, c'est aller de l'avant dans la construction de ce pouvoir syndical qui fasse clairement comprendre que la classe ouvrière ne restera pas sur son lieu de travail alors que la cupidité de ses patrons met sa vie en danger. D'autre part, nous devons commencer à anticiper l'impact sur l'économie et l'emploi dans la région dans un avenir proche. Le gouvernement espagnol a déjà demandé aux entreprises de demander des ERTE [Expediente de Regulación de Trabajo, un mécanisme de licenciement collectif]. Si nous tirons les leçons de la pandémie, une chose doit être claire : tout transfert d'argent public doit être assorti d'une forte conditionnalité, tant en termes d'emploi que de transformation productive. Si les décisions de reconstruction restent entre les mains des mêmes entreprises qui nous ont conduits à cette situation, nous sommes condamné·es à répéter tragiquement l'histoire.
Capital fossile. Comme les vagues de chaleur ou les incendies, les pluies torrentielles et les inondations comme celles que nous avons connues sont directement liées au chaos climatique auquel le capital fossile nous a condamné·es. Des événements qui se produisaient tous les 100 ans se produisent désormais tous les 10 ans, tous les 5 ans, tous les 3 ans. La responsabilité en incombe à la structure économique et au pouvoir qui imposent un système qui brûle compulsivement d'énormes quantités de combustibles fossiles. Alors que Repsol se plaint des impôts, elle enregistre un bénéfice de 3,168 milliards. Alors que le gouvernement espagnol se présente comme le champion de la transition écologique, il alloue plus de 10,5 milliards d'aides publiques aux énergies fossiles. Ce capital fossile est en excellente santé, et tant qu'il en sera ainsi, c'est la classe ouvrière qui continuera à en payer le prix.
Nous n'aurions probablement pas pu éviter la pluie. Probablement pas non plus la plupart des dégâts matériels. De fait, nous serons confronté·es à des événements de ce type de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses à l'avenir. Il est donc essentiel de veiller à ce que les conséquences ne soient pas aussi tragiques et désastreuses.
En théorie, nous savons exactement comment y parvenir. Nous savons que le boom du développement urbain qui a permis à quelques personnes d'engranger des bénéfices par millions a été construit sur des plaines inondables. Nous avons besoin d'agir d'un point de vue urbanistique pour retirer les bâtiments du lit des rivières, de construire des barrières et des mesures de renaturalisation, ainsi que du renforcement et de l'augmentation des ressources dans les unités d'urgence, de l'application de toutes les alertes, de l'obligation pour les entreprises de cesser leurs activités en cas de risque imminent. Dans le même temps, nous devons nous affranchir de la dépendance à l'égard des combustibles fossiles et modifier radicalement la structure de production afin de réduire la consommation d'énergie et les émissions de CO2. Or, nous constatons que rien de tout cela n'est en train de se produire.
Il est reconnu que la catastrophe est imminente, que de grands efforts doivent être faits pour l'éviter. Tout le monde le dit, tout le monde le reconnaît. Mais aucune action n'est entreprise.
Ni l'adaptation climatique ni la transformation productive ne peuvent attendre. Or, année après année, nous constatons qu'une transition écologique pilotée par le marché, la concurrence et l'attente de bénéfices est trop lente, insuffisante et trop injuste. C'est pourquoi, plus que jamais, il nous appartient de continuer à avancer dans la construction d'une alternative écosocialiste.
Publié le 31 octobre 2024 par Anticapitalistas, section espagnole de la IVe Internationale.