Communiqué signé par une vingtaine d’associations étudiantes et professorales de l’ULB (dont les Jeunes anticapitalistes) suite aux pressions judiciaires tombées sur des supposé·e·s participant·e·s à l’occupation de l’Université Populaire de Bruxelles.
« Appartenance à un groupe prônant la ségrégation ou la discrimination raciale »
C’est le fait sur lequel sont appelées à être entendues, depuis le 30 août, de nombreuses personnes que la police associe à l’Université Populaire de Bruxelles (l’UPB).
Pour rappel, l’UPB est le mouvement qui a occupé, du 7 mai au 25 juin derniers, le bâtiment B de l’ULB – renommé Walid Daqqa – dans le but de dénoncer le génocide et la colonisation en cours en Palestine. Un des objectifs immédiats était d’obtenir la fin de toutes les relations académiques entre l’ULB et les universités israéliennes1. Dans le cadre de mobilisations importantes organisées par des assemblées générales très régulières rassemblant parfois plusieurs centaines de personnes, l’UPB a obtenu, suite à des négociations difficiles menées dans un climat accusatoire et répressif, la fin du partenariat en cours entre l’ULB et Thalès (entreprise d’armement française qui fournit des technologies à l’armée israélienne), ainsi qu’une suspension des accords entre l’ULB et les universités israéliennes. Cependant, renvoyant dos à dos colonisateurs et colonisés, l’ULB a parallèlement décidé de suspendre également les projets de partenariats – pas même encore existants donc – avec les universités palestiniennes2. Les revendications étant ainsi loin d’être entendues, les membres de l’UPB ont continué d’occuper le bâtiment Walid Daqqa, organisant quotidiennement des activités de sensibilisation portant sur l’histoire des colonisations, des colonisé.e.s et de leurs résistances, sur l’impérialisme, sur le sionisme et sur les différentes formes de racismes dont l’antisémitisme et l’islamophobie. Des dizaines d’étudiant·es ont mis leur temps et leur énergie dans le fonctionnement de l’UPB, le tout en pleine période d’examens.
Au terme de près de deux mois d’occupation, refusant d’entendre les revendications encore prégnantes de l’UPB, l’ULB a fini par faire appel à un dispositif policier important qui a violemment expulsé les occupant.e.s. Deux mois plus tard, les convocations pénales pleuvent sur des personnes soupçonnées d’avoir pris part au mouvement de l’UPB. Pour supposée « appartenance à un groupe prônant la ségrégation ou la discrimination raciale », ces personnes peuvent risquer, selon chacune des convocations, une privation de liberté.
Cette vague répressive marque un nouveau tournant dans la tentative d’intimidation du mouvement de soutien à la lutte palestinienne en Belgique, que nous ne pouvons que dénoncer.
Le chef d’accusation « Appartenance à un groupe prônant la ségrégation ou la discrimination raciale », illustre par ailleurs une nouvelle fois la grande confusion qui existe entre antisémitisme et antisionisme. Cette confusion est entretenue et instrumentalisée pour décrédibiliser le mouvement de soutien au peuple palestinien3. Ce mouvement se veut pourtant dans son essence même antiraciste et l’occupation de l’UPB a, dès ses débuts, mis un point d’honneur à lutter fermement contre l’antisémitisme, ainsi que toute forme de racisme. En témoigne le communiqué de soutien publié le 12 septembre par Anti-Zionist Jewish Alliance in Belgium (AJAB) concernant la même accusation.
Ainsi, nous affirmons tout notre soutien aux personnes interpellées et nous nous engageons à les soutenir tant matériellement que symboliquement, quel que soit le temps durant lequel la machine répressive de l’État tentera de les faire taire et quelque soit leur statut : membre de la communauté académique ou pas.
Nous nous engageons par ailleurs à soutenir chacune des prochaines mobilisations qui dénoncera la complicité des institutions belges face aux massacres incessants d’Israël.
Nous appelons par ailleurs toute personne sensible à la cause antiraciste et à la lutte pour les droits des Palestiniens et Palestiniennes à rejoindre les mobilisations qui reprendront de plus belle dès la rentrée académique, ainsi qu’à rejoindre les organisations qui soutiennent ces luttes sur le long terme.
Après presque un an de génocide en cours à Gaza, après l’intensification récente des attaques en Cisjordanie, et surtout, après 76 ans de colonisation et d’apartheid en Palestine, il est de notre devoir de nous engager et de soutenir tant qu’on le peut la résistance internationale en cours. Il n’y aura pas de paix tant qu’il n’y aura pas de justice.
Pour une Palestine libre, aussi longtemps qu’il le faudra.
Signataires : l’Union Syndicale Etudiante (USE), CGSP-ER, BDS ULB, les Jeunes Anticapitalistes (JAC), le Comité des profs en soutien à l’occupation, le Cercle du Libre examen, le Cercle des Etudiants Arabo-Européens (CEAE), le Cercle Féministe de l’ULB, COMAC, la Turbean, Students in Transition Office (SITO), le cercle d’organisation et de promotions des arts et des cultures (OPAC), le Cercle de jazz, Ecolo J ULB, BINABI ULB, le Cercle des Etudiant.e.s en Sociologie et Anthropologie (CESA), Victoriæ Defraigne, Law student with refugees, le Cercle de Philo et Lettres (CPL), le Cercle des infirmièr.e.s et sage-femmes de l’ULB (CIGA), le Cercle de Géo (CGeo), l’Association Inter-Cercles (AIC), jFGTB, la Jeunesse Organisée et Combative de Bruxelles (JOC BXL)
Publié le 25 septembre par la Gauche anticapitaliste.
- 1Les trois revendications-clés de l’UBP étaient (1) La rupture immédiate et définitive des liens de l’ULB avec les universités israéliennes, les entreprises et organisations collaborant avec l’entité sioniste; (2) la publication par l’ULB d’une liste publique et accessible à toustes de l’intégralité des partenariats universitaires; (3) l’annulation de l’invitation de l’ancien ambassadeur israélien Elie Barnavi le 3 juin dernier.
- 2Voir la publication du 27 mai dernier sur le site de l’ULB « L’ULB suspend ses accords et projets de recherche avec les universités israéliennes ».
- 3Cf. la carte blanche publiée le 27 mai dernier dans le Vif, signée par 29 enseignant·es de l’ULB (« Appel en soutien aux mobilisations pour la Palestine sur les campus universitaires »)/