Volkswagen a imprimé sa marque dans de nombreuses histoires de famille sur plusieurs générations. Aujourd'hui, c'est à la hache que le constructeur automobile de Wolfsburg s'attaque à l'avenir des générations d'employés d'aujourd'hui et de demain. Nous sommes le mardi 10 septembre, et la direction régionale d'IG Metall de Basse-Saxe et de Saxe-Anhalt, dans les locaux du Klagesmarkt à Hanovre, se voit remettre une lettre recommandée dont le contenu pourrait avoir des conséquences dramatiques : Volkswagen met en pratique ses annonces de la semaine dernière et dénonce toute une série de contrats collectifs existants et, par là même, abandonne la voie d'une collaboration constructive basée sur la confiance.
En substance, l'entreprise a dénoncé les accords collectifs suivants :
- Accord tarifaire relatif à la garantie durable de l'avenir et de l'emploi (dit "accord pour l'avenir")
- Accord cadre pour les salariés occupant des fonctions de spécialistes ou de direction (TarifPlus)
- §6 et 18 de la convention collective relative à la formation (prise en charge des jeunes en formation)
- Accord sur la rémunération et les conditions d'emploi des travailleurs intérimaires.
Ainsi, la négociation tarifaire 2024 se durcit considérablement, avant même que la première séance de discussion n'ait eu lieu. Thorsten Gröger, responsable des négociations pour IG Metall, explique : «Avec une attaque sans précédent contre la convention collective nationale historique, Volkswagen place la cogestion devant l'une des plus grandes épreuves de l'histoire de l'entreprise. En particulier, la dénonciation de la garantie de l'emploi assurée depuis 30 ans ainsi que la menace de fermetures d'usines susciteront des réactions de protestation résolues. Ceux qui ont élaboré la convention collective à l'époque ont intégré différents instruments de gestion de crise que l'entreprise jette maintenant par-dessus bord. La garantie de l'emploi n'est pas seulement utile en période de beau temps, elle devrait être un coussin de sécurité pour les collègues, surtout dans le contexte actuel. Maintenant que la chaussée devient glissante et que les obstacles se multiplient sur la route, Volkswagen retire ce coussin de sécurité. Nous n'allons pas accepter cela en silence et sans rien faire» !
Daniela Cavallo, présidente du comité central d'entreprise de Volkswagen AG, déclare : «Maintenant, l'entreprise a donc matérialisé ce que nous pressentions depuis plusieurs jours. Et nous maintenons notre position : nous nous opposerons farouchement à cette attaque historique contre nos emplois. Il n'y aura pas de licenciements secs avec nous».
Volkswagen a maintenant mis fin à ce qu'il considère comme un mécanisme de protection des salariés néfaste, car il excluait les licenciements pour des raisons dues à la situation de l'entreprise. Avec le préavis déposé avant la fin septembre, cet «accord tarifaire pour l'avenir» se trouve désormais dénoncé pour la fin de l'année. Avant que l'entreprise n'annonce son intention de procéder à des licenciements économiques, les partenaires sociaux ont toutefois six mois pour trouver un accord, car la convention collective continue à s'appliquer pendant cette période. Par conséquent, l'entreprise ne pourrait procéder à des licenciements économiques qu'à partir de la mi-2025. En outre, Volkswagen devrait alors entamer des négociations sur un plan social au niveau de chaque site.
La résiliation de cette convention collective a toutefois d'autres conséquences. Ce qui est conçu comme un mécanisme de réduction des coûts au détriment des salariés pourrait rapidement se révéler être un gouffre financier pour le responsable de la marque Thomas Schäfer. Paradoxalement, la dénonciation entraîne en effet une augmentation automatique des salaires pour les employés de Volkswagen couverts par la convention collective. La procédure de résiliation active d'anciennes dispositions conventionnelles qui entrent alors de nouveau en vigueur - un mécanisme que, dans les milieux syndicaux, on appelle le «système tarifaire fantôme». Avec la mise en place de la semaine de quatre jours, la rémunération a été ramenée au niveau de celle pratiquée dans la branche. Puis, il y a 20 ans, le temps de travail a été augmenté sans augmentation de la rémunération. C'est en contrepartie que la protection contre les licenciements a été inscrite dans la convention collective.
Pour près de la moitié du personnel qui a rejoint l'entreprise avant 2005 aux conditions de l'ancienne convention collective maison, cela signifie concrètement qu'ils devront à l'avenir travailler une à deux heures de plus par semaine (auparavant : 33 heures dans le secteur de la production directe et 34 heures pour les «indirects». A l'avenir : 35 heures pour tout le monde). Mais en contrepartie, ils recevront une rémunération plus élevée, en vertu de la «grille fantôme». La remise en vigueur d'anciennes dispositions entraîne le retour d'avantages financiers qui avaient été supprimés il y a des années avec l'introduction de la semaine de quatre jours. Il s'agit notamment d'une semaine de 35 heures avec une compensation intégrale de la rémunération, d'un temps de récupération supplémentaire de cinq minutes par heure, de primes plus élevées pour les heures supplémentaires et le travail du samedi, ainsi que de primes spéciales comme les primes de Noël et de vacances.
Thorsten Gröger conclut : «Dans l'ensemble, la démarche de Volkswagen semble totalement irréfléchie, car les nouveaux coûts engendrés peuvent finalement frôler le milliard. Le conseil d'administration joue à la légère avec les emplois, jette au feu des conventions collectives efficaces depuis des décennies et puise dans le tiroir du management le moins cher possible en brandissant la menace de licenciements massifs. Une telle débauche de coupes sombres ne saurait constituer un projet d'avenir ! Nous allons maintenant nous concerter de façon approfondie avec notre commission tarifaire et organiser une résistance massive. Il s'agira là d'un affrontement que Volkswagen aura préféré éviter» !
IG Metall continue d'exiger de l'entreprise qu'elle se présente à la table des négociations encore en septembre et qu'elle ne repousse pas les négociations tarifaires aux calendes grecques. Les salarié.e.s ont besoin de clarté au plus vite ! Pour IG Metall, c'est clair : tous les sites doivent être maintenus ! Il faut une nouvelle sécurisation de l'emploi ! Les accords collectifs doivent être respectés !