Après huit mois d’un génocide qui se déroule inexorablement sous nos yeux, les événements des derniers jours semblent faire basculer le rapport de forces.
Il y a d’abord eu l’annonce, le 20 mai, par le procureur de la Cour pénale internationale d’une demande de mandats d’arrêt à l’encontre de Netanyahou et de son ministre de la Défense, Gallant, ainsi que de Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, Sinwar, son responsable à Gaza, et Deif, le chef de la branche militaire des Brigades Al-Qassam.
Mandats d’arrêt
Il est quasi certain que ces mandats seront confirmés par les juges tant les preuves sont considérables. Surtout, le procureur a cherché à s’en assurer, en sollicitant un panel d’experts et en poursuivant des mêmes qualifications l’ensemble des parties — même si les crimes constitutifs diffèrent. Les mandats se limitent aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à partir du 7 octobre 2023, le crime de génocide n’est pas visé car plus difficile à prouver juridiquement. Évidemment, cette fausse équivalence a été l’objet de nombreuses critiques par les alliés d’Israël.
Ces mandats d’arrêt sont un préalable nécessaire à tout procès qui ne peut se tenir en l’absence de l’accusé. Surtout, une fois les mandats émis, l’ensemble des États parties auront une obligation de coopération, soit en théorie interpeller tout accusé qui voyagerait sur leur sol. Si l’on imagine mal que cela puisse arriver, il semble peu probable que Netanyahou prenne un tel risque. Cela acterait de l’isolement international du Premier ministre israélien.
L’étau se resserre sur lsraël
Ensuite, c’est la Cour internationale de justice qui rendait le 24 mai sa troisième ordonnance sur la violation par Israël de la Convention sur le génocide. Reconnaissant que l’offensive militaire à Rafah était d’une « d’une gravité exceptionnelle » pour les PalestinienNEs, la CIJ en a ordonné l’arrêt immédiat par 13 voix contre 2. Cette ordonnance n’est pas plus respectée que les précédentes, elle marque tout de même un tournant après huit mois de massacres, autant que l’annonce de potentiels mandats d’arrêt à l’encontre de responsables israéliens. Elle vient resserrer davantage l’étau du soutien acceptable à l’État sioniste pour les puissances impérialistes, alors que l’écrasante majorité des États ont annoncé une forme de soutien aux deux juridictions.
Moins de deux jours après, l’armée d’occupation avait déjà bombardé plus de 60 fois la ville de Rafah. Dimanche soir, c’est 8 bombes qui ont été larguées sur un camp de réfugiés, faisant au moins 45 mortEs. Ce massacre a été d’une horreur absolue, un carnage dont les images ont fait le tour des réseaux sociaux dans un silence médiatique assourdissant en France. Des rassemblements spontanées et massifs se sont déroulés lundi, en Palestine et surtout à travers le monde, de Tunis à Tokyo.
Alors que la gravité de ce qui se déroule à Gaza ne tient plus qu’à son soutien américain, nous savons déjà qu’il n’y aura pas de « retour à la normale » pour Israël.