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Manifestations populaires au Maroc contre l’agression israélienne

par Marouane
Manifestation du 29 octobre 2023.

Depuis le début de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza le 7 octobre 2023, les manifestations se poursuivent dans plusieurs villes et villages au Maroc. Les slogans se concentrent sur la nécessité d’une aide d’urgence aux victimes, de mettre fin aux bombardements et à la normalisation avec l’entité sioniste.

Le 20 octobre 2023, plus de 114 villes et villages ont connu des marches en réponse à l’appel du Front marocain pour le soutien de la Palestine et contre la normalisation (qui comprend des partis politiques de gauche, des associations de l’islam politique et aussi des libéraux). Le Front a déjà appelé à une marche populaire nationale à Rabat le 15 octobre à laquelle ont participé des dizaines de milliers de personnes.

La Confédération démocratique du travail a également appelé à un arrêt le travail d’une heure. Les étudiants de plusieurs universités ont eux aussi manifesté pour Gaza.

Normalisation du régime marocain avec l’entité sioniste

Le régime marocain entretient historiquement des relations de bienveillance avec l’entité sioniste avec des accords secrets de coopération sécuritaire, économique et politique. Ces derniers sont entretenus par une forte présence de Juifs·ves émigré·es d’origine marocaine en Israël (environ 600 000 personnes) et par le rôle du régime dans la stratégie impérialiste dans la région.

Le roi Hassan II a reçu officiellement Shimon Peres le 21 juillet 1986. Un bureau de liaison a été ouvert à Rabat en 1994. Il a été fermé le 23 octobre 2000 suite à une déclaration du ministère des Affaires étrangères et de la coopération annonçant que le Maroc a pris cette décision en raison de « l’échec du processus de paix suite aux actes inhumains commis, il y a des semaines, par les forces israéliennes contre le peuple palestinien non armé et à leur utilisation d’une machine militaire pour tuer des civils innocents ». En 2003, le ministre israélien des Affaires étrangères Silvan Shalom a rencontré Mohammed VI au Maroc. Le 10 décembre 2020, Israël et le Maroc ont convenu d’établir des relations diplomatiques complètes sous les auspices des États-Unis en contrepartie de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Il est vrai que cette dernière normalisation a suscité moins de colère populaire en raison de son lien avec la question du Sahara généralement utilisée par le régime comme une carte de chantage. La poursuite de l’agression israélienne et l’intensification de sa violence alimentent la colère populaire qui à la longue exercera davantage de pression sur le régime pour revoir sa normalisation avec l’entité sioniste pour éviter l’expansion et la radicalisation du mouvement populaire dans une perspective anti-impérialiste.

Le rôle mobilisateur de la question palestinienne

La cause palestinienne a joué un rôle important en ralliant de nombreuses générations aux luttes sociales. La vague de radicalisation de la jeunesse que le monde a connue dans les années 1960 a coïncidé dans notre région avec le choc de la défaite en 1967 des armées des régimes arabes face à l’armée israélienne. Une nouvelle gauche a émergé en dehors des partis nationalistes et communistes staliniens. Par contre l’influence des mouvements réactionnaires intégristes ne cesse d’augmenter depuis les années 1980. Cependant, cela ne nie pas le fait que la question palestinienne reste un facteur qui alimente les luttes dans nos pays, poussant les peuples, et en première ligne la jeunesse, à rejoindre le mouvement de lutte pour la libération de la Palestine et contre les régimes qui participent aux stratégies de l’impérialisme.

Les annonces des régimes dans la région pour arrêter la guerre contre Gaza proviennent plutôt de leur peur de cette vague de solidarité populaire avec la Palestine qui pourrait pousser vers une remise en cause de leur complicité avec l’ennemi sioniste.

Les mouvements réactionnaires intégristes dans notre région bénéficient politiquement de la colère populaire généralisée en soutient à la lutte palestinienne en raison de leur force organisationnelle et parce que les plus grandes fractions dirigeant la lutte palestinienne appartiennent à la même école idéologique et politique. Cela leur a permis de revenir en force après des revers majeurs depuis 2013 avec la défaite de leur plus grande organisation représentée par le mouvement des Frères musulmans en Égypte, l’effondrement du régime d’Omar el-Béchir au Soudan, l’implication des milices religieuses dans les crimes contre le peuple syrien, l’opposition du Hezbollah aux Libanais après le soulèvement de Tishreen et le rôle des milices confessionnelles contre l’Intifada irakienne. La gauche radicale doit rejoindre les mouvements de solidarité populaire, présenter des perspectives internationalistes à la question palestinienne et se mobiliser dans des campagnes mondiales pour briser les alternatives réactionnaires à la question palestinienne qui ne font qu’aggraver la tragédie humaine.

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