Il ne fait aucun doute que la presse avait préparé ses couvertures longtemps à l'avance afin de proclamer que la grève était un échec. Mais la réponse de la rue, le 29 septembre, fut un succès complet. Nous avons paralysé ce pays grâce à l'effort des syndicats, des organisations politiques de gauche et des mouvements sociaux.
Il serait très dangereux de revenir sur le chemin illusoire de la concertation et de ne pas faire un bilan des conséquences démobilisatrices que cette orientation syndicale ont provoqués au cours de ces 15 dernières années. Après le 29 septembre, les conditions sont meilleures afin de parvenir à l'unité, sur base d'une orientation combative, entre les mouvements sociaux, les organisations politiques de gauche et les syndicats. Sur base de cette orientation, il est nécessaire de défendre l'unité d'un syndicalisme alternatif, dispersé aujourd'hui entre plusieurs organisations; des mouvements sociaux qui se sont impliqués dans la grève, de la gauche radicale et anticapitaliste; et des secteurs combatifs qui existent au sein des grandes organisations syndicales. Il est nécessaire, également, d'impulser l'auto-organisation des travailleurs et travailleuses dans les entreprises, dans les quartiers et les localités. Il s'agit là d'une tâche importante afin de secouer l'inertie syndicale et exercer une pression à l'encontre des dérives démobilisatrices.
L'objectif commun doit être de continuer à maintenir la pression, à partir d'en bas, en faveur de la remobilisation sociale, et faire en sorte que les directions des syndicats majoritaires continuent à agir sur le terrain de la lutte. Nous ne pouvons pas permettre que la brèche ouverte par le 29 septembre se referme.
De nombreux cadres intermédiaires et de base des syndicats majoritaires, en particulier des Commissions ouvrières (CCOO), ont démontré dans cette grève une volonté, encore limitée, mais bien réelle, de remobilisation, qu'il faut consolider et approfondir, avec une orientation unitaire du syndicalisme alternatif envers eux, afin de préparer ensemble les mobilisations à venir. Il faut éviter les dérives sectaires qui confondent les orientations conciliatrices des bureaucraties syndicales avec l'attitude combative de ces secteurs.
Dans la grève, ensemble avec la gauche anticapitaliste et combative, de nombreux militants de base d'Izquierda Unida (Gauche Unie) étaient également présents et ont participé aux piquets et aux manifestations. Mais au même moment, leur direction continue à maintenir ses accords avec le PSOE et applique des politiques social-libérales dans les régions, les communautés autonomes et les municipalités qu'ils cogèrent ensemble. Cela n'est pas le signal clair et crédible en faveur de la lutte que les millions de travailleurs ont besoin de voir, afin de s'engager pleinement dans la mobilisation pour s'opposer aux politiques de ce gouvernement.
Ainsi, et en attendant que les divers cadres unitaires puissent discuter de comment poursuivre la mobilisation à partir de maintenant, Izquierda Anticapitalista défend la nécessité de mettre en route un plan de lutte soutenu, qui doit inclure pour ce faire toute une vaste batterie de mesures, y compris la préparation d'une nouvelle grève générale. Il est nécessaire qu'une mobilisation sociale prolongée impose, à partir d'en bas, une autre issue à la crise que celle qui est planifiée par la " dictature des marchés », par le patronat et le gouvernement. Pour Izquierda Anticapitalista, la grève générale n'est pas la fin de ce travail, mais bien le début du combat. ■
Le 04/10/2010
* Izquierda Anticapitalista (Gauche anticapitaliste) est la section de la IVe Internationale dans l'État espagnol.