Cet article a été publié dans <i>Inprecor </i>n° 424 de mai 1998
En 1966 (et jusqu'en 1969) la démocratie chrétienne (CDU-CSU) et la social-démocratie (SPD) fondèrent la grande coalition, avec l'ancien officier de propagande nazi Kurt Georg Kiesinger comme chancelier et l'ancien exilé socialiste de gauche Willy Brandt comme ministre des relations extérieures. Devant la quasi-absence d'une opposition parlementaire, le rôle de l'opposition extra-parlementaire incarnée par le Sozialistischer Deutscher Studentenbund (3) fut accru.
La répression policière — en particulier l'assassinat d'un manifestant étudiant par la police le 2 juin 1967 à Berlin — loin de la freiner, renforçait la radicalisation étudiante.
Nous publions ci-dessous deux textes écrits alors par Rudi Dutschke et Oskar Negt. Dutschke, qui prônait alors des "actions offensives" et la "longue marche pour la conscientisation de la société manipulée", fut alors présenté par les mass-médias comme le principal instigateur de la rébellion, et, bien qu'il n'eut pas de poste dirigeant formel dans le SDS, était considéré comme le principal porte-parole de la nouvelle avant-garde révolutionnaire. Negt, alors collaborateur de Max Horkheimer au sein de l'Institut für Sozialforschung de Francfort (qui donna le nom à "l'école de Francfort"), eut une très grande influence théorique dans les rangs du SDS.
Le SDS fut le terreau d'où sont issus les courants de l'extrême-gauche et des Verts en Allemagne.
2. Konrad Adenauer, dirigeant démocrate chrétien et chancelier de la République Fédérale d'Allemagne ; Ludwig Erhard, ministre de l'économie démocrate chrétien.
3. Ligue étudiante allemande socialiste (SDS) qui a rompu avec le SPD en 1960, après l'abandon par le SPD de toute référence à la lutte de classes dans le programme adopté au congrès de Bad Godesberg en 1959. En septembre 1967 la fraction "antiautoritaire" conquit la direction du SDS.