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Derrière la scission de l'AFL-CIO

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Derrière la guerre des personnalités et les grandes idées des dirigeants de l'AFL-CIO et de Change to Win (CTW, Changer pour gagner), qui se livrent un duel sans merci, on commence à percevoir le tableau de cette scission comme une lutte pour le pouvoir tout autant que le fruit de divergences entre les deux camps. Les clefs de la scission étaient des réductions de cotisations et la succession à la présidence du syndicat. Dans une note interne aux cadres de l'AFL-CIO, Robert Welsh, assistant de direction du président John Sweeny, jette une certaine lumière sur les conversations de couloir dans la période qui a précédé la scission. Même si Welsh a pu divulguer cette note pour des raisons politiques, celle-ci fournit un aperçu des négociations au plus haut niveau avant la scission.

Welsh écrivait que " les divergences dans les positions finales étaient inexistantes ou minimes » entre les dirigeants de l'AFL-CIO et de CTW, sauf sur deux points saillants. Le premier était que James Hoffa, le président des Camionneurs, tenait absolument à ce que les cotisations par adhérent payées par les Camionneurs (1) à l'AFL-CIO soient réduites au moins de moitié.

Le second portait sur qui allait succéder à Sweeny. Beaucoup pensent que Sweeny, qui a 71 ans, n'irait pas au bout de la période pour laquelle il a été réélu, et disent que l'enjeu véritable était sa succession.

Leo Gerard, président des Métallurgistes, a déclaré au Plain Dealer de Cleveland que quand CTW a exigé une réduction de cotisation de 50 %, les partisans de Sweeny ont répondu par une offre de 25 %. Gerard a dit que CTW " était prêt a accepter une réduction inférieure à condition de pouvoir désigner le successeur de Sweeny ».

Selon Joe Szczesny, qui tient la rubrique syndicale dans le Daily Oakland Press, les dirigeants de CTW étaient d'accord avant le congrès pour soutenir la réélection de Sweeny, mais regimbaient à l'idée de voir son successeur désigné par le comité exécutif de l'AFL-CIO. Ils voyaient là une manœuvre pour faire en sorte que Richard Trumka, actuel secrétaire trésorier de l'AFL-CIO, devienne le président suivant.

CTW était favorable à un vote pondéré destiné à donner davantage d'influence aux gros syndicats.

La base tenue à l'écart

Les adhérents des syndicats des deux côtés ont soulevé des questions sur la manière dont les décisions concernant la scission ont été prises par les dirigeants au plus haut niveau. Beaucoup de décisions capitales ont été prises pratiquement sans consulter les adhérents.

" Il fallait faire quelque chose pour secouer ce machin qu'on appelle le mouvement syndical », dit Scott Shroeder, adhérent de base de l'union locale 588 en Californie du syndicat du commerce et de l'alimentation (UFCW). " Les délégués ne sont pas venus une seule fois dans les magasins pour mettre les adhérents au courant qu'il était question de quitter l'AFL-CIO : pas de lettre non plus, rien. La plupart des adhérents n'avaient aucune idée qu'il se passait quelque chose dans ce genre-là jusqu'au moment où ils ont reçu la lettre les mettant devant le fait accompli de Jacques Loveall [le président de l'union locale] ».

Dans les pages de leur bulletin d'information Teamster Leader, les responsables de l'IBT ont déclaré avoir pris la décision de se retirer de l'AFL-CIO " pour des raisons de principe, au terme d'un processus mûrement réfléchi ». Cependant les réformateurs posent des questions incisives sur l'aspect réfléchi et inscrit dans la durée de ce processus.

En fait, le bulletin Leader notait lui-même que le jour de la scission, le bureau exécutif de l'IBT s'est réuni à 11 heures pour approuver la motion de Hoffa sur la désaffiliation. A 11 h 45 Hoffa a annoncé la désaffiliation aux délégués de l'IBT, et il assistait à la conférence de presse annonçant la scission à 13 heures.

1. International Brotherhood of Teamsters (la Fraternité Internationale des Camionneurs)

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