Revue et site sous la responsabilité du Bureau exécutif de la IVe Internationale.

Au côté des Palestinien·es, la résistance continue

par Antoine Larrache
Manifestation à Strasbourg (France). © Photothèque Rouge
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Un génocide est exposé en direct sur nos écrans. Les mutilations, les villes dévastées, les dizaines de milliers de morts dans des circonstances atroces, les attaques d’hôpitaux, les véhicules de Médecin sans frontières visés par des missiles et la suppression des subventions à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) – tout cela caractérise la tentative de génocide en cours.

Une lutte sans pitié

Les grandes puissances impérialistes nous présentent leurs « faits alternatifs » – une méthode popularisée par Trump – selon lesquels Israël se défendrait contre une agression. Michel Warchawski utilise la métaphore selon laquelle Israël est la queue qui fait bouger le chien que sont les États-Unis, pour montrer qu’Israël possède une autonomie vis-à-vis des puissances occidentales mais est intimement lié à elles.

Celles-ci, par leur collaboration avec Israël, montrent la nature de leur domination sur le monde : elles mènent une lutte à mort contre les classes populaires, contre celles et ceux qui, par leur simple existence, nuisent à leurs intérêts économiques et politiques. Le financement, la fourniture d’armements, les investissements, le soutien politique – notamment l’islamophobie – des classes dominantes montrent l’unité entre la politique d’Israël et leurs politiques dans leur propre pays.

Il y a urgence à agir. Le gouvernement Netanyahou a fixé un ultimatum au 10 mars, début du ramadan, pour la libération des otages israélien·es, menaçant de renforcer l’attaque sur Rafah, avec la possibilité d’un approfondissement du génocide, la population étant repoussée vers l’Égypte et la mer.

Les mobilisations existent

Ces dernières semaines, 50 000 personnes ont manifesté à Londres, autant à Copenhague, 20 000 à Bruxelles, des dizaines de milliers aux États-Unis. Des collectifs militants existent – Palestine Solidarity Campaign en Grande-Bretagne, Stop Annekteringen af Palæstina au Danemark, Urgence Palestine notamment en France, etc. – et construisent la mobilisation à la base.

Des actions de boycott, dans le cadre de la campagne BDS, sont réalisées, avec efficacité, puisque McDonald’s aurait vu sa croissance dans le monde limitée à 0,7 % au lieu des 5,5 % prévus, avec une baisse de fréquentation de 13 % durant 2023 aux États-Unis, attribuée notamment au boycott1. Les appels contre Carrefour ont permis de grands rassemblements. Puma ne renouvellera pas son partenariat avec la Fédération israélienne de football, sous la pression du boycott et des actions de saturation téléphoniques, des boîtes emails, etc.

Parfois, le désespoir gagne, comme c’est le cas lorsqu’un jeune homme s’immole par le feu aux États-Unis2. Mais des éléments positifs existent, avec des discussions de plus en plus régulières dans les organisations syndicales pour soutenir le peuple palestinien. En Israël même, des résistances existent, à l’image du travail réalisé par les sites +972 magazine et B’tselem et des manifestations organisées et dont nous nous faisons l’écho, même si elles sont limitées en termes numériques, pour mettre en valeur le fait que des juifs résistent au sionisme morbide, dans le monde entier.

Une rencontre internationale aura lieu les 16 et 17 mars à Barcelone pour coordonner la résistance. La construction de la mobilisation est une tâche essentielle pour la IVe Internationale et ses organisations. Comme l’avait déclaré nos camarades de la région arabe « à Gaza pourrait bien se jouer l’avenir du monde »3 : comme l’Ukraine, la Palestine est un lieu où se mesure le désordre mondial. Les puissances impérialistes essaient de solidifier ou agrandir leur contrôle sur certaines régions, dans le cadre de la crise globale du capitalisme et du durcissement de la concurrence internationale.

Notre combat

Nous sommes dans un monde en guerre. Celle-ci s’inscrit dans la durée et tous les éléments du rapport de forces comptent pour trouver une issue.

La mobilisation en solidarité avec la Palestine, comme la résistance sur place et en Ukraine, s’inscrivent dans ce cadre. En agissant, les classes populaires s’homogénéisent. Les discussions politiques sont multiples, sur comment construire un mouvement, le front unique, et les solutions pour la Palestine.

Pour la IVe Internationale, elles commencent par le droit au retour de tou·tes les Palestinien·es sur le territoire historiquement reconnu de la Palestine, l’élimination de l’apartheid du fleuve à la mer, la lutte contre toutes les formes d’oppression, de racisme et d’exploitation dans toute la région, l’imposition de l’égalité des droits pour tous les peuples et, par conséquent, le démantèlement de l’État sioniste en tant qu’État « des Juifs ».

Nous souhaitons le développement d’un vaste mouvement révolutionnaire égalitaire de tous les peuples de Palestine dans leur lutte pour l’autodétermination. Ce qui nécessite le rejet du sionisme par le peuple juif d’Israël et sa participation à une révolution arabe porteuse d’une dynamique démocratique, laïque et socialiste.

 

Le 27 février 2024

  • 1« Le chiffre d’affaires de McDonald’s en baisse après un boycott massif », Inès Bennacer, 7 février 2024, Forbes.
  • 2« Man Dies After Setting Himself on Fire Outside Israeli Embassy in Washington, Police Say », Aishvarya Kavi, 25 février 2024, New York Times.
  • 3Déclaration d’Al Mounadil-a (Maroc), de l’Organisation des Révolutionnaires socialistes (Égypte), de Mahmoud Rechidi (porte-parole du Parti socialiste des travailleurs, suspendu, Algérie) et du Groupe révolutionnaire communiste (Liban).

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