La crise de Respect : Introduction

par Jan Malewski
Londres, 14 octobre 2004, stand de Respect au FSE. Photothèque Rouge/JR
Fondé en janvier 2004 à Londres, regroupant plusieurs organisations de la gauche révolutionnaire mais aussi de nombreux animateurs du mouvement anti-guerre, Respect [acronyme de respect, égalité, socialisme, paix, environnementalisme, communauté et trade-unionisme (syndicalisme)] a éclaté en novembre 2007, bien qu'il ait réussi à élire un député et plusieurs conseillers municipaux et ce malgré le mode électoral britannique (scrutin majoritaire à un tour). La crise de Respect témoigne des difficultés que rencontre la reconstruction d'une gauche militante, indispensable après le naufrage néolibéral de la gauche traditionnelle. Elle éclaire en particulier les questions aux quelles tous ceux qui s'attellent à cette tâche sont confrontés. Soulevons en quatre :

● Quel devrait être le socle minimal de définition politique d'un nouveau parti de la gauche authentique ? Sachant que Respect a été crée contre l'engagement du Labour party dans la guerre en Irak et sa capitulation devant le néolibéralisme…

● Quelle attitude les organisations révolutionnaires, qui s'engagent dans un tel projet, doivent adopter au sein de la nouvelle formation de gauche radicale, afin d'y garantir la démocratie interne tout en préservant leurs acquis programmatiques ? Tout en y étant hégémonique, le Socialist Workers Party (SWP), principale organisation de la gauche révolutionnaire britannique, ne s'y est pas dissout et a théorisé la nécessité pour Respect de demeurer un " front unique d'un genre particulier », s'opposant à sa transformation en un parti disposant de sa propre démocratie interne…

● Comment une telle nouvelle gauche peut-elle contrôler ses élus, lorsqu'elle réussi à les obtenir ? Le SWP avait, jusqu'à la crise, misé sur les rapports privilégiés de sa propre direction avec ces élus, George Galloway en particulier…

● Comment mener au sein d'une telle formation les débats programmatiques sur les questions laissées ouvertes au moment de sa constitution, pour que de tels débats aident à la formation militante et au dépassement des divergences au lieu de conduire à préserver voire à renforcer les vieilles divisions entre les courants qui l'ont formé, poussant à la scission à la première difficulté ? Respect n'y est pas parvenu et sa principale composante en porte une large responsabilité…

Dans le précédent Inprecor (n° 532/533), nous avions publié un article de notre camarade Alan Thornett, présentant cette scission. Nous y revenons en donnant la parole à Chris Harman, dirigeant du SWP, et en publiant une réponse d'Alan Thornett, en espérant que ce débat aidera à éclairer les questions que pose l'expérience de Respect.

Synthèse sur la Grande-Bretagne