La Gauche critique se présente aux élections d'avril

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Nous reproduisons ici la motion adoptée par la Coordination nationale de la Gauche critique — Mouvement pour la gauche anticapitaliste, le 17 février 2008 à Turin.
Traduit de l'italien par J.M.

Réunie à Turin le 17 février la coordination nationale de la Gauche critique a estimé que le décret-loi par lequel le gouvernement a libéré les groupes politiques de l'obligation de recueillir des signatures pour la présentation des listes électorales est anticonstitutionnel. Une dérogation généralisée, qui exclut seulement la Gauche critique, dont les deux parlementaires seraient ainsi moins égaux que les autres, est manifestement une violation de l'article 67 de la Constitution, qui stipule que chaque parlementaire représente la Nation.

Cette décision nous indigne mais elle ne nous surprend pas : ce n'est pas fortuit que le seul Mouvement politique ayant voté contre la guerre et contre le paquet des lois dites sur le bien-être subit une discrimination. Elle indique aussi de manière évidente la volonté de la gauche gouvernementale d'empêcher que le bulletin de vote présente le symbole de la faucille et du marteau. Nous nous battrons contre cette mesure anticonstitutionnelle en faisant recours au Tribunal administratif régional mais, surtout, en présentant partout nos listes.

Car la Gauche critique a décidé d'être présente aux prochaines élections politiques. Nous avions lancé ces derniers jours un appel pour une liste anticapitaliste plurielle. Cette appel n'a pas obtenu des adhésions adéquates et significatives. Nous le regrettons, parce que l'idée d'une coalition plus vaste reste notre orientation fondamentale. Par conséquent, nous avons décidé de présenter nos listes aux élections, non pour construire un petit parti autoproclamé mais pour continuer à défendre la nécessité d'une Constituante anticapitaliste au travers de notre programme et de la manière de former nos listes.

Nous nous présentons aux élections pour qu'il y ait un point de vue anticapitaliste à la gauche de l'Arc-en-ciel, qui alors qu'il se heurte à Veltroni (1), s'allie à Rome avec Rutelli (2). Pour affirmer un point de vue écologiste, féministe et internationaliste tourné vers les luttes et les mobilisations qui traversent le pays, depuis celles en défense de l'environnement, en passant par celles contre l'interventionnisme militaire italien jusqu'aux courageuses manifestations des femmes en défense de leur autodétermination, le mouvement des LGBT pour les droits civiques et la laïcité de l'État. Pour qu'il y ait un point de vue communiste, car encore une fois les symboles de la fatigue au travail sont jetés à la poubelle pour justifier le énième virage à droite de la gauche gouvernementale.

Nous nous présentons avec une candidature novatrice à la présidence du Conseil (que nous illustrerons lors de la conférence de presse mardi) (3) et avec le symbole de la faucille et du marteau, sur un programme anticapitaliste des travailleuses et des travailleurs, des femmes, des jeunes, pour une nouvelle gauche de classe, écologiste, féministe et communiste.

Dépêches d'agences

Dépêche d'agence AGI

AGI, Rome, 16 février 2008. La Gauche critique a fait appel au Président de la république, Giorgio Napolitano à propos du décret électoral du gouvernement, qui permet " à tous de présenter des listes sans recueillir des signatures, à l'exception d'une liste de gauche, avec la faucille et le marteau dans le symbole ».

Les parlementaires de la Gauche critique, Salvatore Cannavò et Franco Turigliatto, ont souligné que : " Demain, la coordination nationale, qui se réunit à Turin, décidera si nous nous présentons ou non aux élections. Nous pourrions être l'unique force politique présente au Parlement obligée de recueillir des signatures. Nous avons confiance dans les idées démocratiques et institutionnelles du Président Napolitano, qui parviendra à trouver une interprétation non discriminatoire du décret. En tout cas nous attendons rapidement une réponse car, autrement, nous ne pourrons que poser la question dans tous les lieux et sous toutes les formes que nous jugerons opportunes, sans exclusive ».

ANSA, Turin, 16 février 2008.

" Les nouvelles normes du gouvernement concernant la présentation des listes aux élections " nous discriminent et me semblent anticonstitutionnelles » a déclaré à Turin le sénateur Franco Turigliatto, avant d'intervenir dans une rencontre sur le travail organisée par la Gauche critique. Il faisait référence, en particulier, à la règle permettant aux partis de ne pas recueillir des signatures à condition de disposer d'au moins deux députés (1).

" Cette loi — expliquait Turigliatto — met à l'abri tout le monde, le centre, la droite, les mouvements réactionnaires et discrimine, semble-t-il, seulement la gauche anticapitaliste ». Selon les informations recueillies à Turin, la Gauche critique a commencé à contacter les parlementaires et envisage de se tourner vers le Chef de l'État. " De toute façon — conclut Turigliatto — nous déciderons demain de ce que nous devons faire. Il est nécessaire que des positions comme les nôtres soient représentées au sein du Parlement, car c'est une forte demande qui émerge de la société ». Les choses ne changeront " que s'il y a un nouveau 1968 et un nouveau 1969 : alors les délégations partisanes ne suffiront plus, on changera de protagonistes avec la participation et la présence démocratique des quartiers et des lieux du travail. »

notes
1. Valter Veltroni, ancien membre du Comité central du Parti communiste italien, est secrétaire politique national du Parti démocrate. Élu maire de Rome en 2001 et en 2006, il a démissionné de ce poste le 13 février 2008 pour être candidat de ce parti au poste de président du Conseil lors des prochaines élections

2. Francesco Rutelli, vice-président du Conseil dans le gouvernement Prodi, cofondateur du Parti démocrate européen avec François Bayrou, a été jusqu'à sa dissolution au sein du Parti démocrate, le président du parti chrétien démocrate la Margherita.

3. Le mardi 19 mars la Gauche critique à dévoilé sa candidature à la présidence du Conseil des ministres (tête de liste). Il s'agit de …