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Italie : un an et demi de règne de la droite

par Franco Turigliatto
Wikimedia commons / European Commission (Christophe Licoppe)

La ligne politique de Meloni et de ses alliés prône une continuité totale avec les politiques économiques néolibérales de Bruxelles et soutient le nouveau pacte de stabilité européen, qui annonce, dès l’automne, une loi financière très punitive pour les classes populaires.

Un autre élément crucial est la centralité des entreprises qui ne doivent être soumises à aucune contrainte (laisser les mains libres aux capitalistes !) et qui, au contraire, doivent être soutenues par de nouvelles baisses d’impôts. Les douze amnisties fiscales en un an pour la petite et la moyenne bourgeoisie, principale base électorale du gouvernement, ont été une invitation flagrante à l’évasion fiscale.

Répression, course aux armement et offensive idéologique réactionnaire 

À cela s’ajoute la pénalisation sévère de toutes les couches les plus faibles de la société (les pauvres, les migrantEs et aussi les personnes en situation de handicap), à la fois sur le plan économique et normatif. Ces mesures se réalisent à travers l’introduction de 22 nouvelles infractions pénales allant de la répression des rave-partys à la criminalisation des actions collective des jeunes activistes pour la défense de l’environnement tandis que des mesures plus « sérieuses » sont en préparation pour écraser le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien dans les universités.

Sur le plan international, Meloni appuie pleinement la coalition impérialiste de l’Otan, la course aux armements et l’envoi de la flotte italienne dans le golfe Persique.

Son action s’accompagne aussi d’une poursuite du processus de privatisation des écoles, d’accentuation des divisions de classe en leur sein et d’une offensive idéologique visant à réécrire l’histoire du pays dans un sens réactionnaire et révisionniste. Les représentants des forces armées sont de plus en plus présents dans la vie et l’éducation de nombreuses écoles et on assiste à l’activation de toutes les impulsions réactionnaires de la société, y compris le racisme, le patriotisme nationaliste et le vieux colonialisme.

On assiste à une occupation systématique à tous les niveaux des institutions et du pouvoir, avec le contrôle total de la télévision et des médias publics et la tentative de museler et même de criminaliser les journalistes critiques.

Le culte de la prétendue démocratie du dirigeant élu par le peuple s’exprime dans une contre-réforme institutionnelle qui donnera d’énormes pouvoirs au Premier ministre, modifiant complètement l’équilibre des pouvoirs de l’État, et qui est combinée à la contre-réforme de la prétendue autonomie différenciée, qui rendra les régions riches encore plus riches et qui détruira encore plus les soins de santé publics au profit du secteur privé.

Morts au travail et destruction des acquis de la Résistance 

Ils veulent mettre fin à cette « religion civile réformiste » (porteuse de droits, de liberté et de recherche de la justice sociale) qui a caractérisé le pays pendant des années après la victoire de la Résistance, exprimée par le mouvement ouvrier et les forces sociales, syndicales et politiques de la gauche. Les défaites de la classe ouvrière, sa fragmentation et les politiques d’austérité menées par les gouvernements de centre-droit et de centre-gauche ont ouvert une autoroute à l’extrême droite pour tenter d’instaurer ce que Gramsci appelait une « révolution passive » réactionnaire des classes dominantes.

Une chaîne interminable et inacceptable de morts au travail, de véritables massacres de travailleurEs, marque désormais la condition de la classe ouvrière, et il est clair que ce gouvernement, qui ne veut mettre aucun obstacle à la libre exploitation des entreprises et à la précarité, ne peut pas et veut encore moins mettre en place une législation efficace et des contrôles adéquats pour lutter contre ces meurtres.

Vers une nouvelle saison de luttes ? 

Le gouvernement sait bien  que pour consolider son pouvoir, il doit en venir à une confrontation avec le mouvement ouvrier (et il s’y prépare). Ce dernier conserve sa force syndicale et organisationnelle, bien qu’affaiblie. Jusqu’à présent, cette confrontation directe a été reportée en raison de la passivité des directions syndicales, y compris la subordination totale de la CISL (deuxième syndicat italien), et de l’espoir du gouvernement que l’inaction syndicale accentue encore la démoralisation et les divisions de la classe ouvrière, mais les tensions sur les salaires et l’emploi sont bien présentes et (avec l’arrivée de la loi budgétaire d’austérité) pourraient précipiter la confrontation. Les syndicats de base, mais aussi les directions des deux autres grands syndicats, la CGIL et l’UIL, tentent de réagir d’une manière ou d’une autre, en commençant par le renouvellement des contrats de travail de nombreuses catégories dans les secteurs public et privé, dont les salaires ont été massacrés par l’inflation. Le 11 avril, des grèves et des mobilisations ont eu lieu dans tout le pays contre les morts au travail. Le 12 avril, 10 000 travailleurEs de Stellantis et de l’industrie automobile sont descenduEs dans les rues de Turin pour défendre leurs emplois.

En outre, deux dates symboliques de lutte pour le mouvement ouvrier, le 25 avril, anniversaire de la défaite du fascisme, et le 1er mai, sont très proches. La perspective doit être celle d’une nouvelle saison de lutte, d’un regain du mouvement ouvrier, capable de résister au dur affrontement social contre le gouvernement fasciste qui gère les intérêts de la classe capitaliste.

Publié par L’Anticapitaliste n°704.

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