
Dans le canton de Fribourg, les travailleurs·euses du service public et parapublic se mobilisent contre un énième programme d’austérité : nous manifesterons le 24 septembre et surtout, nous serons en grève le 1er octobre.
On pourrait détailler et chiffrer toutes les mesures de « sacrifices » demandés aux travailleur·ses déjà sous pression : coupes salariales massives, gel des revalorisations salariales agendées dans le domaine de la santé, fusion de petites institutions parapubliques. On pourrait lister les mesures remises provisoirement et magnanimement à plus tard par l’exécutif cantonal : limite des heures supplémentaires, flexibilisation de l’âge du départ à la retraite, refonte de la grille des salaires, éjection du personnel de l’Hôpital de la LPERS (pour mieux détruire les conditions de travail de travailleur·ses de la santé déjà épuisé·es).
On pourrait montrer comment les métiers les moins rémunérés sont ceux qui sont le plus visés par ce programme d’assainissement des finances de l’État (PAFE). On pourrait rentrer dans les calculs des mesures d’économies et de la répartition des « efforts » devant être faits par les communes et les travailleurs·euses; et montrer que ces dernier·es sont largement désavantagé·es.
Une attaque idéologique contre les services publics
Mais l’enjeu n’est pas dans le détail des chiffres. L’enjeu du PAFE est celui d’un transfert de richesses massif du travail vers le capital. On coupe dans les salaires des travailleurs·euses essentiel·les à l’existence d’une société fondée sur la dignité humaine et l’égalité, pour remplir les poches des actionnaires et des grandes fortunes.
L’enjeu est celui, idéologique, du démantèlement des services publics. Le PAFE fait en effet suite à un précédent programme austéritaire datant des années 2014-2016, lequel avait déjà sabré dans les services publics. Dans un deuxième temps, le Conseil d’État avait annoncé une situation économique redevenue favorable ; sans revenir sur ces mesures budgétaires, il avait alors diminué l’impôt sur la fortune, ainsi que l’impôt sur les bénéfices et le capital des entreprises, pour une perte de 200 millions par années. D’ailleurs, ces cadeaux fiscaux sont maintenus, malgré les prétendues difficultés fiscales du canton.
Car les finances cantonales sont excédentaires depuis 2014 sans aucune exception ; l’État compte une fortune de 590 millions au 31 décembre 2024 et n’a aucune dette. Comme dans d’autres cantons, la devise sacrée invoquée par la bourgeoisie (« les finances vont mal ») ne tient pas une seconde face à l’examen des faits.
L’offensive est idéologique : la droite ne supporte pas l’existence d’un service public qui ne soit pas fondé sur une logique du profit. Comme le montrent des attaques menées dans tous les cantons, à tous les échelons de l’État, et dans presque tous les domaines (de la recherche au service public de l’information, en passant par l’enjeu essentiel de la santé publique ou de la lutte contre le dérèglement climatique), la bourgeoisie ne supporte par l’existence d’institutions œuvrant pour le bien commun.
Leur monde et le nôtre
Consulté·es, plus de 80% des salarié·es du public et parapublic (soit plus de 5000 personnes) rejetaient en bloc toutes les mesures du PAFE. C’est que nous défendons notre monde contre le leur. Nous défendons l’utilité sociale de nos métiers et revendiquons pouvoir les mener dans de bonnes conditions.
L’heure est au renforcement des services publics, pas à sa destruction. Dans un contexte de dérèglement climatique, nous avons besoin d’institutions capables de répondre aux besoins de la population. Il est tout aussi urgent de mettre en place des mesures pour prévenir les féminicides. Enfin, nous devons permettre un asile digne des personnes exilées, contre l’horreur raciste quotidienne que nous faisons vivre à nos frères et sœurs d’humanité.
Nous avons été plus de 300 salarié·es réuni·es en assemblée extraordinaire jeudi 11 septembre. Tout le monde était déterminé à lutter contre cette attaque et la majorité s’est prononcée pour une grève le 1eroctobre. Hasard du calendrier, cette date est aussi celle de la journée nationale de la mobilisation contre les coupes prévues au niveau national contre la recherche et l’enseignement supérieur (qui se traduit par une diminution massive du budget du Fonds national suisse et de la contribution de la Confédération aux Universités et Hautes écoles).
L’enjeu est maintenant de massifier le mouvement, de convaincre les collègues de la nécessité de lutter pour défendre nos conditions de travail. Il sera aussi crucial d’impliquer la population, usagère quotidienne des services publics, pour qu’elle se mobilise à nos côtés.
Pour citer un titre légendaire de la Fonky Family, nous, travailleur·ses et usager·es du service public et parapublic fribourgeois, sommes parti·es « en croisade contre l’État avare » ! Joignez vous à notre combat les 24 septembre et le 1er octobre prochains !
Le 16 septembre 2025, à paraître dans SolidaritéS n°454