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En septembre, « all eyes on Gaza »

par Antoine Larrache
© CC BY-SA 3.0

L’été a été terrifiant en Palestine. À Gaza tout d’abord avec l’accélération de la famine, mais aussi en Cisjordanie où les offensives israéliennes se sont multipliées. Mais de flottilles en manifestations, la résistance s’organise après près de deux ans de génocide.

L’UNRWA souligne que la malnutrition a atteint 28,5 % dans la ville de Gaza et qu’elle a examiné 100 000 enfants de moins de 5 ans depuis mars. Selon elle, la famine sévit dans le gouvernorat de Gaza s’étendra à ceux de Deir al Balah et Khan Younis d’ici la fin du mois de septembre1. MSF a effectué plus de 1 000 consultations par semaine pour des cas de diarrhées aqueuses aiguës, conséquence du manque d’eau potable. 70 % de l’eau qui circule dans les canalisations à Gaza est perdue en raison des fuites causées par les bombardements2. Et les points de distribution de nourriture sont attaqués par l’armée israélienne ou des milices qu’elle finance.

En Cisjordanie, selon MSF, 40 000 personnes ont été « déplacées » depuis le début de l’année, dans le cadre de l’opération militaire israélienne Iron Wall (mur de fer). « La plupart des villages de Masafer Yatta, au sud-est d’Hébron, sont confrontés quotidiennement à des attaques de colons et à des perquisitions militaires »3. À Hébron, la compagnie des eaux israélienne a réduit l’approvisionnement, entraînant une baisse de plus 50% de l’approvisionnement public en eau.

Mobilisations et accélérations morbides

Mais, en ce mois de septembre, les rapports de forces pourraient évoluer. D’abord parce que les mobilisations de solidarité ont repris, pour exercer une pression sur les gouvernements européens. Ainsi, 300 000 personnes ont manifesté en Italie, avec la participation du Parti démocrate, du Mouvement 5 étoiles, des verts et de la gauche. Le Tour d’Espagne cycliste, la Vuelta, a été l’occasion de voir des actions dans de multiples villes. 20 000 personnes ont défilé à Londres le 7 septembre contre le génocide et contre l’interdiction de Palestine Action, la police ayant arrêté environ 900 personnes lors de cette manifestation. Le même jour, 70 000 personnes ont défilé à Bruxelles.

Des manifestations qui ont aussi eu lieu dans l’État colonial. Des centaines de Palestinien·nes manifestent régulièrement, malgré une répression intense, dans les territoires de 48. Et 700 000 personnes auraient défilé mi-août pour l’arrêt de la guerre et la libération des otages. Ces dernières manifestations sont ambiguës dans leurs objectifs, mais s’opposent clairement à la politique de Netanyahou et Trump. Alors que ceux-ci ont refusé les propositions de cessez-le-feu, Trump a annoncé avoir envoyé un « dernier avertissement » au Hamas concernant la libération des otages et Netanyahou a annoncé une « extension des opérations militaires dans et autour dans la ville de Gaza ».

Un mois de septembre chargé de mobilisations

Il est donc clair que le pouvoir génocidaire entend poursuivre son offensive. L’abject plan américain pour l’après-guerre prévoit le « déplacement volontaire » de 2 millions de gazaouis4. Les mobilisations qui se sont déroulées ces dernières semaines dans le monde se poursuivront, notamment autour du 7 octobre prochain. Dans le monde entier, on manifestera, et la pression s’exercera davantage sur les grandes puissances. Le projet de reconnaissance de l’État palestinien par différents pays apparaît de plus en plus comme un mirage visant à détourner les yeux du génocide en cours.

La flottille Global Sumud, en revanche, montre une autre logique : puisque nos dirigeants de font rien, alors les peuples doivent casser le blocus et ouvrir un couloir humanitaire par eux-mêmes. Plusieurs dizaines de bateaux devraient s’approcher de Gaza vers le 15 ou le 20 septembre. Plus de 30 000 personnes se sont portées volontaires, depuis de nombreux pays. L’État colonial israélien sera en grande difficulté politique lorsqu’il voudra les intercepter, d’autant que les dockers et d’autres professions promettent de bloquer le commerce avec Israël en cas d’attaque contre les bateaux. Les organisations syndicales ont une occasion de renforcer leur implication. Nos actions militantes pèseront dans ces rapports de forces politiques. La flottille montre la voie, celle d’une coordination internationale de nos actions anticoloniales, par en bas, visant à soutenir la nécessaire révolte populaire de masse au Moyen-Orient.

Le 8 septembre 2025