
L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a marqué les débats du deuxième congrès de l’organisation Democracia Socialista (DS).
L’impact de sa politique sur la crise climatique, sur les droits et les libertés démocratiques et sur la situation coloniale de Porto Rico y ont notamment été analysés. Les forces qui ont intérêt à promouvoir la subordination coloniale 1, quinze ans après la grande crise de 2008 dans le contexte des conflits interimpérialistes entre les États-Unis, la Russie et la Chine ont aussi été passées en revue. Le deuxième congrès de l’organisation s’est tenu à San Juan et a pris fin dimanche 30 mars.
Les travaux du congrès ont commencé le vendredi 21 mars par le forum « Le trumpisme à Porto Rico : des perspectives de genre pour construire la résistance » , comme l’a indiqué Jorge Lefevre Tavarez, porte-parole de l’organisation, une session à laquelle ont participé Enid Marie Perez Rodriguez, dirigeante de l’association familiale portoricaine Profamilias, Pedro Julio Serrano, militant reconnu des droits humains, président fondateur de la fédération LGBTQ+ de Porto Rico, et Romelind Grullon Miguel, fondatrice et dirigeante du Centre de la femme Dominicaine. Il a aussi souligné que les interventions, ouvertes au public, « se sont transformées en espace de discussion, d’échange et de coordination ».
Manuel Rodriguez Banchs, également porte-parole de l’organisation, a souligné que « cette seconde élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis présente de nouveaux défis et inaugure une nouvelle période dans la situation internationale, plus agitée, dangereuse et imprévisible. Depuis son arrivée au pouvoir, Trump a annoncé une offensive de son gouvernement contre les communautés LGBTQi+, et plus particulièrement contre la communauté trans, contre les travailleuses et les travailleurs, notamment les personnes employées par le gouvernement fédéral, contre les milieux naturels ou plus exactement pour la destruction de notre environnement à travers l’exploitation des combustibles fossiles, contre les migrants, contre les droits et les libertés démocratiques. »
Selon Lefevre Tavarez, ce deuxième congrès a évalué aussi les tâches et objectifs qui avaient été fixés au premier congrès, en août 2022. « Le premier congrès de Democracia Socialista a approuvé une feuille de route ambitieuse pour faire face à la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Nous pouvons affirmer que nous avons rempli les tâches que nous nous étions assignées. Cette première phase, pleine de défis et d’incertitudes, s’est conclue par un bilan positif » a-t-il rappelé en faisant référence à l’intervention des militantes et militants de DS au sein des luttes ouvrières et syndicales, du mouvement des femmes, de la communauté LGBTQi+, du mouvement écologique et à l’activité politique lors des élections.
Dans le cadre de ses travaux de congrès, l’organisation a analysé la situation internationale, sur la base d’un rapport introductif de Rodriguez Banchs. D’après lui, la conjoncture internationale est marquée par cette deuxième élection de Trump en tant que président des États-Unis. « Le gouvernement de Donald Trump prétend contrecarrer la baisse relative de l’hégémonie étatsunienne constatée ces dernières décennies avec un projet suprémaciste expansionniste de recolonisation, prédateur et annexionniste au niveau mondial » a-t-il affirmé, en ajoutant que « Trump a désigné comme ennemis quasiment la planète entière. En premier lieu la Chine et la Russie. Mais aussi l’Organisation des Nations unies et toutes les institutions de l’ordre mondial des quatre-vingts dernières années comme l’Organisation mondiale de la Santé, l’Organisation internationale du Travail et l’UNESCO. Se retrouvent aussi dans sa ligne de mire les institutions de la démocratie libérale des États-Unis, auxquelles il prétend imposer des changements sans précédent. Un projet de changement d’une telle ampleur au niveau mondial ne pourra s’imposer sans engendrer de fortes résistances. Pour cette période, notre tâche prioritaire est de contribuer à monter le dispositif d’arrêt d’urgence dont l’humanité a besoin à ce moment crucial ».
En plus de la situation internationale, ce second congrès a analysé aussi la conjoncture actuelle à Porto Rico, marquée par les défis posés par l’administration Trump aux luttes pour la décolonisation et pour une société plus juste à Porto Rico comme dans le monde. Lefevre Tavarez a présenté le rapport introductif au débat sur la situation nationale, en réaffirmant le caractère structurel de la profonde crise économique à Porto Rico et en désignant les intérêts économiques et politiques qui tirent profit de la domination coloniale du pays. Ce rapport a été rédigé avec la collaboration de Félix Cordova Iturregui, Neftali Garcia et Iyari Rios.
Le deuxième congrès de DS a élu une nouvelle Commission Politique composée de Anneliesse Sanchez, Gabriela Flores, Frederick Thon, Cristina Perez, Jorge Lefevre Tavarez et Manuel Rodriguez Banchs.
Le 1er avril 2025
Le journal Periódico Visión est un journal important à Porto Rico. Democracia socialista, section de la IVe Internationale à Porto Rico, publie la revue Momento Critico. Cet article a été traduit par Gilbert Guilhem.
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Porto Rico est une île des Caraïbes, avec le statut d’État « libre associé », une sorte d’État d’outre-mer rattaché aux États-Unis pour des raisons d’intérêt stratégique (bases militaires). Porto Rico a sa propre Constitution, mais sous domination de l’impérialisme US : la loi fédérale des États-Unis s’applique à Porto Rico. Ses 3,5 millions d’habitant·es de langue hispanique ont la nationalité américaine (la nationalité portoricaine n’est reconnue que par le Venezuela et la République Dominicaine) mais n’ont pas le droit de vote pour l’élection présidentielle Alors qu’ils peuvent voter pour les primaires des candidats des partis démocrate ou républicain. La monnaie officielle est le dollar US.