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Gaza: « Plus qu’un être humain ne peut supporter »

par Yorgos Mitralias
© UNRWA

Le rapport de la Commission indépendante de l’ONU1 sur les crimes sexuels et reproductifs commis par Israël à l’encontre des Palestiniens, confirme ce que nous savions déjà : l’État sioniste utilise systématiquement et massivement la violence sexuelle contre les femmes, les hommes, les filles et les garçons palestiniens !

Mais le rapport nous dit aussi autre chose : ces crimes sexuels et reproductifs commis par Israël font partie intégrante du plan génocidaire de l’État sioniste, au même titre que les bombardements constants et le meurtre de dizaines de milliers de civils, la destruction systématique de toutes les infrastructures de leur vie quotidienne et les déplacements massifs et répétés de la population de Gaza.

Ce n’est pas donc un hasard si ce rapport fait référence à la famine organisée par Israël qui touche la population de Gaza, en soulignant que « l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, a eu des effets sur tous les aspects de la reproduction ». C’est-à-dire, sur tous les aspects de ce qui constitue le problème majeur – et toujours non résolu – du projet sioniste : la persistance des femmes palestiniennes à donner naissance à de petit·es Palestinien·nes !

Parlons donc, de cette famine programmée, bien organisée et toujours en application contre les Palestinien·nes de Gaza, qui vient compléter le projet génocidaire du gouvernement Netanyahou. Un projet qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui mis en œuvre dans l’Union soviétique d’alors par l’Allemagne nazie, qui a exterminé au moins 7 millions de militaires et civils russes, ukrainiens, biélorusses et juifs soviétiques, au moyen de la famine organisée. Et la principale raison pour laquelle la famine nazie de l’époque et la famine sioniste actuelle sont si semblables est que toutes deux ont servi et servent encore un projet commun assumé et déclaré publiquement : l’extermination de la population indigène afin de vider, d’annexer et de coloniser ses territoires avec leurs propres colons !

Alors, n’oublions pas qu’au moment même où on lit ces lignes, tout un peuple, pas si loin de Crète, meurt lentement de faim et de soif, privé de médicaments, de médecins et d’hôpitaux, tout en étant la cible d’exercices de tirs à munitions réelles de l’armée israélienne visant les tentes de réfugiés et les interminables ruines de Gaza qui n’ont rien à envier à celles de Dresde ou de Berlin en 1945. N’oublions pas…

Le recours systématique par Israël à la violence sexuelle et procréative, et à d’autres formes de violence fondée sur le genre depuis le mois d’octobre (OHCHR)

GENÈVE – Un nouveau rapport publié aujourd’hui par la Commission internationale indépendante chargée d’enquêter dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël, indique qu’Israël a eu de plus en plus recours à la violence sexuelle et procréative, ainsi qu’à d’autres formes de violence fondée sur le genre contre le peuple palestinien, dans le cadre d’un effort généralisé pour affaiblir les droits de la population à l’autodétermination. Le rapport montre également qu’Israël a commis des actes génocidaires en détruisant systématiquement les infrastructures de santé sexuelle et procréative.

Le rapport fait état d’un large éventail de violations perpétrées contre des femmes, des hommes, des filles et des garçons palestiniens dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé depuis le 7 octobre 2023, qui constituent une part majeure des mauvais traitements infligés aux Palestiniens et s’inscrivent dans le cadre de l’occupation illégale et de la persécution des Palestiniens en tant que groupe.

« Les preuves recueillies par la Commission révèlent une augmentation déplorable de la violence sexuelle et de genre », a déclaré Navi Pillay, présidente de la Commission. « Nous ne pouvons que conclure qu’Israël a utilisé la violence sexuelle et fondée sur le genre contre les Palestiniens pour les terroriser et maintenir un système d’oppression qui porte atteinte à leur droit à l’autodétermination. »

La publication du rapport s’est accompagnée de deux jours d’audiences publiques à Genève les 11 et 12 mars, au cours desquels la Commission a entendu des victimes et des témoins de violences sexuelles et liées à la santé procréative, des membres du personnel médical leur ayant fourni des soins, ainsi que des représentants de la société civile, des universitaires, des avocats et des experts médicaux.

Le rapport révèle que les violences sexuelles et fondées sur le genre, dont la fréquence et la gravité ont augmenté, sont perpétrées dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé et constituent une stratégie de guerre permettant à Israël de dominer et de détruire le peuple palestinien.

Des formes spécifiques de violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment la nudité ou des mises à nu forcées en public, le harcèlement sexuel, dont les menaces de viol, ainsi que les agressions sexuelles, font partie des modes opératoires standards des forces de sécurité israéliennes à l’égard des Palestiniens.

Selon le rapport, d’autres formes de violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment des viols et des actes de violence ciblant les organes génitaux, ont été commises soit sur ordre explicite, soit avec l’encouragement implicite des hauts responsables civils et militaires d’Israël.

Un climat d’impunité existe également en ce qui concerne les crimes sexuels et fondés sur le genre commis par les colons israéliens en Cisjordanie, dans le but de susciter la peur chez la communauté palestinienne et de l’expulser.

« Les déclarations et actions des dirigeants israéliens visant à exonérer leurs responsabilités et le manque d’efficacité du système judiciaire militaire pour poursuivre les affaires et condamner les auteurs envoient un message clair aux membres des forces de sécurité israéliennes : ils peuvent continuer à commettre de tels actes sans craindre d’être tenus responsables », a déclaré Navi Pillay. « Dans ce contexte, l’établissement des responsabilités par la Cour pénale internationale et les tribunaux nationaux, en vertu de leur droit interne ou de leur compétence universelle, est essentiel pour que l’état de droit soit respecté et que les victimes obtiennent justice.

La Commission a constaté que les forces israéliennes ont systématiquement détruit les installations de soins de santé sexuelle et procréative dans toute la bande de Gaza. Elles ont simultanément imposé un siège et bloqué l’aide humanitaire, notamment la fourniture des médicaments et du matériel nécessaires pour garantir le bon déroulement des grossesses, des accouchements et des soins post-partum et néonatals. Ces actes portent atteinte aux droits en matière de procréation et à l’autonomie des femmes et des filles, ainsi qu’à leur droit à la vie, à la santé, à fonder une famille, à la dignité humaine, à l’intégrité physique et mentale, à l’absence de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, à l’autodétermination et au principe de non-discrimination.

Des femmes et des filles sont mortes de complications liées à la grossesse et à l’accouchement en raison des conditions imposées par les autorités israéliennes, qui leur ont refusé l’accès aux soins de santé procréative, des actes qui relèvent du crime contre l’humanité par extermination.

La Commission a constaté que les autorités israéliennes ont détruit en partie la capacité de reproduction des Palestiniens de Gaza en tant que groupe par la destruction systématique des soins de santé sexuelle et procréative, ce qui correspond à deux catégories d’actes génocidaires dans le statut de Rome et la Convention sur le génocide, notamment le fait de soumettre intentionnellement la population palestinienne à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique et d’imposer des mesures visant à empêcher les naissances.

« Le ciblage des établissements liés à la santé procréative, notamment par des attaques directes contre les maternités et la principale clinique de fertilité in vitro de Gaza, ainsi que l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, ont eu des effets sur tous les aspects de la reproduction », a déclaré Navi Pillay. « Ces violations ont causé non seulement de graves souffrances et préjudices physiques et mentaux immédiats aux femmes et aux filles, mais aussi des effets irréversibles à long terme sur la santé mentale et les perspectives de reproduction et de fécondité des Palestiniens en tant que groupe.

La Commission a constaté une augmentation de la mortalité féminine à Gaza, qui s’est produite à une échelle sans précédent en raison de la stratégie israélienne consistant à cibler délibérément des bâtiments résidentiels et à utiliser des explosifs lourds dans des zones densément peuplées. La Commission a également recensé des cas dans lesquels des femmes et des filles de tous âges, y compris des patientes en maternité, ont été prises pour cible. Ces actes constituent le crime contre l’humanité de meurtre et le crime de guerre d’homicide volontaire.

 

 


 

  • 1Contexte : Le 27 mai 2021, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a chargé la Commission d’« enquêter, dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël, sur toutes les allégations de violations du droit international humanitaire et sur toutes les allégations de violations et d’abus du droit international relatif aux droits de l’homme qui ont précédé et suivi le 13 avril 2021 ». La résolution A/HRC/RES/S-30/1 demandait en outre à la Commission d’enquête « d’enquêter sur toutes les causes profondes des tensions récurrentes, de l’instabilité et de la prolongation du conflit, y compris la discrimination et la répression systématiques fondées sur l’identité nationale, ethnique, raciale ou religieuse ». La Commission d’enquête a été chargée de faire rapport au Conseil des droits de l’homme et à l’Assemblée générale chaque année à partir de juin 2022 et de septembre 2022, respectivement.

 

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المؤلف - Auteur·es

Yorgos Mitralias

Yorgos Mitralias, journaliste retraité, ancien militant de la section grecque de la IVe Internationale et de Syriza, un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM, a animé le site EuropeansForBerniesMassMovement qui fournissait, surtout en anglais et en grec, des informations quotidiennes sur les actions des mouvements sociaux et de la gauche étatsunienne.