Plus de vingt ans après la signature de l’accord du Vendredi saint, la « question nationale » en Irlande occupe à nouveau le devant de la scène. Cela est dû à plusieurs facteurs se combinant : les évolutions démographiques dans le Nord, le Brexit, ainsi que la montée du Sinn Féin dans le Sud.
La question nationale pose d’innombrables questions aux socialistes qui luttent pour unir la classe ouvrière, au Nord comme au Sud, et mettre fin au système capitaliste. Nous sommes aujourd’hui confrontés aux effets, 100 ans après, du « carnival of reaction » 1 pressenti par James Connolly à la suite de la partition de l’Irlande par l’impérialisme britannique.
Depuis le lancement de RISE, nous avons débattu de la position que le mouvement socialiste devrait défendre et de la manière dont nous devrions proposer une réponse socialiste à la question nationale en Irlande. Cet article contient certaines des conclusions de cette discussion, en particulier en ce qui concerne la manière dont les socialistes devraient répondre au sondage sur les frontières*.
Une brève histoire de l’oppression nationale
La question nationale est le terme employé par les marxistes pour aborder un problème d’oppression nationale non résolu. Par exemple, il existe de multiples questions nationales dans l’État espagnol, notamment l’oppression des peuples basque et catalan. Reconnaître l’existence d’une question nationale n’est cependant pas la même chose qu’identifier précisément quel est le problème. Chaque question nationale possède ses propres caractéristiques.
La plupart des théories marxistes sur l’impérialisme traitaient principalement des empires coloniaux qui étaient à leur apogée au 19e et au début du 20e siècle. D’autres écrits sur la question nationale traitaient principalement des pays européens qui avaient été incorporés dans des États plus vastes à travers diverses structures politiques dynastiques féodales. La question nationale irlandaise, telle qu’elle s’est développée au fil des siècles, présentait des caractéristiques de ces deux types 2.
La première incursion « britannique » (bien qu’en réalité antérieure au concept de Grande-Bretagne) fut l’invasion anglo-normande de 1169, destinée à empêcher que l’Irlande ne serve de base pour fomenter une rébellion contre la monarchie féodale. Au cours des siècles suivants, bien que le contrôle territorial ait été maintenu sur le « Pale » (la région comprenant Dublin et ses environs), les Normands se sont largement assimilés à la culture gaélique dans le reste de l’île. Vint ensuite la conquête des Tudor et des Stuart, qui parvint à rétablir le contrôle direct de toute l’Irlande au début du 17e siècle. Dans le cadre de cette conquête, une politique brutale de « défrichement et de plantation » a été mise en place : les terres ont été confisquées aux chefs irlandais et vendues aux enchères à des propriétaires terriens anglais. La Plantation de l’Ulster a été la plus importante et la plus achevée, elle visait à établir une population fiable et loyale parmi des colons protestants principalement écossais.
Lorsque la monarchie et l’Église catholique, qui était au cœur de la réaction féodale, ont été vaincues lors de la révolution anglaise 3, l’Angleterre est devenue une économie essentiellement capitaliste. Oliver Cromwell a fondé et dirigé la New Model Army, qui a joué un rôle décisif dans la défaite des royalistes. En 1649, il entreprend une nouvelle conquête brutale de l’Irlande, largement contrôlée par la Fédération catholique irlandaise, qui s’était alliée aux royalistes. La classe des propriétaires terriens catholiques fut dépossédée et la population catholique fit l’objet d’une discrimination systématique. En 1775, alors que les catholiques représentaient les deux tiers de la population, ils n’avaient plus que 5 % des terres. Christopher Hill a décrit la conquête cromwellienne comme « le premier grand triomphe de l’impérialisme anglais et la première grande défaite de la démocratie anglaise »4
L’Irlande s’est alors développée comme une colonie spécifique d’une Grande-Bretagne capitaliste, fonctionnant comme une partie arriérée du Royaume-Uni, devenant le « grenier de la Grande-Bretagne », avec d’importantes exportations de céréales. Celles-ci se sont poursuivies même pendant la Grande Famine de 1845 à 1849, qui a fait plus d’un million de victimes. Comme l’a dit James Connolly, « toutes ces personnes ont été sacrifiées sur l’autel de la pensée capitaliste » 5. Le nord-est de l’Irlande, qui a connu un véritable développement industriel, en particulier autour de Belfast, constitue une exception notable à ce sous-développement.
Inspiré·es par les révolutions américaine et française, et avec l’aide matérielle de cette dernière, les Irlandais·es se sont soulevé·es à plusieurs reprises pour tenter de mettre fin à la domination coloniale (et à leur oppression). La rébellion de 1798 des United Irishmen, qui a réussi à unir catholiques et protestants sous la direction de Wolfe Tone, a été la plus proche de la réussite.
Confrontée à ce qui aurait pu être une défaite, la stratégie britannique s’est orientée vers l’unification des anglicans et des presbytériens au sein d’un bloc protestant commun, puis vers la création consciente de divisions entre protestants et catholiques afin d’empêcher la réapparition d’un tel mouvement uni. L’Acte d’Union de 1801, qui continuait d’interdire aux catholiques l’accès aux fonctions publiques et excluait l’« émancipation des catholiques », en est l’illustration. Cela n’a pas empêché des tentatives répétées de soulèvement tout au long du 19e siècle, puis lors de l’insurrection de Pâques en 1916. Alors que les demandes de « Home Rule » (une forme de dévolution du pouvoir) se multipliaient, les conservateurs en particulier décidèrent que « la carte Orange serait celle à jouer », selon les termes de Lord Randolph Churchill 6.
Au lendemain de la révolution russe, l’impérialisme britannique est confronté à un mouvement révolutionnaire irlandais qui ne se contente pas de mettre sur la table la possibilité d’une libération nationale, mais qui met également à l’ordre du jour les rapports de classe. Le développement du militantisme ouvrier, les occupations de lieux de travail et de terres ainsi que des événements tels que la grève générale contre la conscription en 1918 et le soviet de Limerick en 1919 ont semé l’effroi au sein du gouvernement britannique. L’incapacité du mouvement ouvrier à contester l’hégémonie des nationalistes issus de la classe moyenne du Sinn Féin, et l’idée largement partagée que « le travail doit attendre » ont malheureusement conduit à ce que le potentiel de cette période n’ait pas été atteint.
En réponse à cette menace, l’impérialisme britannique, tout en tentant de vaincre militairement et de réprimer les mouvements auxquels il était confronté, a poursuivi la stratégie du « diviser pour mieux régner » de manière toujours plus cynique. Il a entrepris de diviser l’Irlande en 1920 et a insisté sur cette partition dans le traité anglo-irlandais de 1921. Cette période de révolution irlandaise s’est achevée en 1922 par une contre-révolution qui a vu la création de l’« État libre », une société réactionnaire dominée par l’Église catholique, où les républicains et les socialistes opposés au traité ont été exécutés sans procès, où la littérature subversive a été interdite et où les femmes ont été exclues de toute participation à la vie publique. Au nord de la frontière, la discrimination ouverte et l’oppression de la minorité catholique étaient la norme, avec une Royal Ulster Constabulary (RUC, Police royale de l’Ulster) sectaire, ainsi que des groupes paramilitaires loyalistes, et le gerrymandering, un découpage des circonscriptions électorales visant à minimiser la représentation catholique.
Dans le Sud, une classe capitaliste faible et ses représentants politiques ont continué à s’appuyer sur l’autorité de l’Église catholique, tout en agissant pour faciliter l’exploitation des populations et des ressources par des capitaux étrangers, d’abord britanniques, puis américains et européens. Dans le Nord, la discrimination systématique s’est poursuivie, le logement s’avérant l’élément clé qui a déclenché le mouvement des droits civiques dans les années 1960.
Toute possibilité d’un mouvement de classe uni pour les droits civils et économiques a été rejetée par les dirigeants nationalistes conservateurs, qui ont fait le choix de l’« unité anti-Unioniste » (c’est-à-dire l’unité catholique) plutôt que celui de l’unité de classe. Lorsque les manifestations pour les droits civiques ont été violemment attaquées par des gangs loyalistes, protégés par la RUC, et que des manifestant·es pacifiques ont été abattu·es par des parachutistes britanniques lors du Bloody Sunday, une partie importante de la jeunesse catholique, lassée de l’oppression et sans mouvement socialiste de classe conséquent à sa disposition, s’est tournée vers la lutte armée et vers l’IRA Provisoire. Il était compréhensible que les jeunes catholiques veuillent riposter à la situation à laquelle ils étaient confrontés. Cependant, la campagne de l’IRA a toujours été une impasse. Bien qu’elle soit fondamentalement différente des campagnes ouvertement sectaires des paramilitaires loyalistes, elle n’a pas pu vaincre militairement l’État britannique et a eu pour effet d’aggraver les divisions sectaires.
L’accord du Vendredi saint (accord de Belfast de 1998, NDLR), qui a mis fin aux Troubles, n’a pas résolu la question nationale ni mis fin à la profonde division de la société du Nord. L’accord de partage du pouvoir n’a fait que masquer le fossé historique entre les communautés, tout en institutionnalisant le sectarisme au sommet.
Les principaux partis politiques des deux côtés du fossé se sont unis pour mettre en œuvre des politiques néolibérales de réduction des dépenses et de privatisation, tout en se présentant comme les meilleurs représentants des intérêts de « leur » communauté pour se faire réélire.
Quelle est la nature de la question nationale aujourd’hui ?
Sans les actions de l’impérialisme britannique durant des siècles, il n’y aurait pas de question nationale en Irlande. En particulier, la partition de l’Irlande est responsable de la forme spécifique que prend la question nationale aujourd’hui. Cependant, l’une des conséquences des actions de l’impérialisme britannique est aujourd’hui l’existence de deux communautés distinctes dans le Nord avec des aspirations nationales conflictuelles.
Les catholiques ont été historiquement constamment discriminés au sein de l’État du Nord par les politiciens unionistes de droite et par un État britannique heureux de pouvoir compter sur le soutien d’une majorité protestante. Bien que la discrimination économique active appartienne désormais en grande partie au passé, des résidus subsistent. Même si les vestiges des discriminations en matière d’emploi ou de logement disparaissaient, les catholiques resteraient certainement opprimés au niveau national, car leur souhait d’être dans un pays qui correspond à leur identité nationale est entravé et ils sont emprisonnés dans un État du Nord auquel ils ne s’identifient pas.
En raison de l’exclusion des catholiques d’une grande partie de l’industrie, ce sont les protestants qui, historiquement, ont occupé la grande majorité des emplois qualifiés et syndiqués. Cet accès préférentiel aux emplois qualifiés et, dans le domaine de la reproduction sociale, au logement, a constitué une partie de la base historique du bloc politique unioniste. Cependant, les théories qui traitent les protestants comme une « aristocratie ouvrière » super-privilégiée ou, pire encore, comme des « colons » équivalents aux Sud-Africains blancs, ne reposent sur aucun fait concret. La classe ouvrière protestante, même si les catholiques subissaient une discrimination directe en termes de logement et d’emploi, souffrait également de taux de pauvreté et de privation parmi les plus élevés du Royaume-Uni, comme en témoigne à Belfast la misère régnant autant dans Shankill Road que dans Falls Road 7.
Ce n’est pas l’avantage économique seul qui a permis de lier une partie des travailleurs à l’État britannique, c’est l’idéologie unioniste. Cependant, la stratégie du « diviser pour mieux régner » du capitalisme et de l’État britannique s’est effondrée à des moments cruciaux, lorsque de puissantes luttes conjointes de travailleur·ses catholiques et protestants ont surmonté la division, comme lors de la grève des ingénieurs de Belfast en 1919 et lors du mouvement de lutte contre le chômage dans les années 1930. Il existe de nombreux exemples contemporains, même s’ils sont plus modestes, d’une telle lutte commune, comme la puissante grève du secteur public en 2015. Ils démontrent le pouvoir de la lutte unie de la classe ouvrière et la possibilité de la redévelopper, en dépassant les divisions sectaires dont dépendent la classe dirigeante et les partis de l’establishment.
Cependant, en dépit de ces luttes, la persistance des divisions et leur capacité à être exploitées par une classe capitaliste cynique et impitoyable sont évidentes. La grève de 1919, qui comportait des éléments importants d’une grève générale, a été suivie d’une période de pogroms anticatholiques en 1920, sciemment attisés par des employeurs désireux d’éviter une répétition de la grève de 1919. Jusqu’à 7 000 catholiques et 3 000 rotten Prods (socialistes et syndicalistes protestants) ont été expulsés des lieux de travail.
Approches socialistes de la question nationale
Pour déterminer comment aborder cette division, il convient d’étudier les contributions des marxistes sur la manière de répondre à la question nationale. Bien que Marx et Engels aient énoncé un principe internationaliste clair avec leur message vibrant selon lequel « les travailleurs n’ont pas de patrie » 8et qu’ils aient même anticipé les innovations programmatiques ultérieures de Lénine en soutenant l’indépendance de l’Irlande et de la Pologne, ils n’ont pas réussi à définir une approche globale. Engels, en particulier, a introduit un concept confus et non matérialiste de « nations sans histoire ».
Il n’est donc pas surprenant que cette question complexe ait fait l’objet de débats animés au sein du mouvement socialiste après leur mort. Au sein de la Deuxième Internationale, la droite prônait une forme de « colonialisme socialiste », avec une argumentation horriblement raciste illustrée par l’argument d’Eduard Bernstein au congrès de Stuttgart de 1907, selon lequel « les socialistes devraient eux aussi reconnaître la nécessité pour les peuples civilisés d’agir en quelque sorte comme les gardiens des non-civilisés » 9.
Bien que la motion de la droite ait été rejetée au congrès de Stuttgart par un bloc du centre et de la gauche, le fait qu’elle n’ait été rejetée que de justesse, par 127 voix contre 108, illustre à la fois l’opportunisme déjà présent au sein de la social-démocratie et le manque de clarté quant à la manière d’aborder cette question. Même parmi ceux qui s’opposaient clairement au colonialisme, il y avait souvent une approche aveugle à l’oppression. Eugene Debs l’a bien illustré en parlant de l’oppression raciale, quand il écrivit : « Nous n’avons rien de spécial à offrir aux Nègres et nous ne pouvons pas lancer d’appel pour toutes les races. Le parti socialiste est le parti de la classe ouvrière, quelle que soit sa couleur – l’ensemble de la classe ouvrière du monde entier ». 10
En revanche, Lénine a insisté sur le fait que le mouvement marxiste devait avoir quelque chose de « spécial » à offrir aux Noirs des États-Unis et aux nationalités opprimées du monde entier. Ce quelque chose de « spécial » n’est rien d’autre qu’un engagement ferme à mettre fin à leur oppression spécifique (sous toutes ses formes, indépendamment des classes sociales), qui est au-delà de l’exploitation et de l’oppression, inhérentes au capitalisme, de tous les membres de la classe ouvrière.
Il reconnaissait que l’unité de la classe ouvrière ne pouvait être construite en ignorant ou en minimisant les formes d’oppression qui affectent des groupes spécifiques plutôt que l’ensemble des travailleur·ses. Ignorer l’oppression ne la fait pas disparaître, ni la division qu’elle provoque, mais permet au contraire à l’oppression d’exister et de se reproduire au sein du mouvement ouvrier. Au contraire, il a défendu l’idée d’une unité basée sur une opposition explicite à l’oppression et sur l’engagement à y mettre fin.
C’est à partir de cette analyse que la défense du droit à l’autodétermination s’est imposée. Il s’agissait d’un outil permettant à la classe ouvrière de la nation oppressive de démontrer qu’elle n’avait aucun intérêt à ce que l’oppression se poursuive et de contribuer à la construction d’une lutte unie de la classe ouvrière. Elle a également permis aux révolutionnaires d’une nation opprimée d’engager la lutte contre l’impérialisme, tout en cherchant à établir un lien entre la lutte contre l’oppression et la nécessité d’un changement socialiste.
Les bolcheviks ont clairement indiqué que les peuples de Géorgie, de Pologne, d’Ukraine, de Finlande et de toutes les autres nations historiquement opprimées par la Russie tsariste avaient le droit de déterminer leur propre avenir, y compris jusqu’au droit à l’indépendance. Dans le contexte d’un empire tsariste composé de multiples nationalités, avec une majorité de non-Russes, cet aspect était crucial dans la lutte pour gagner le soutien des masses. Comme le dit Trotsky dans son Histoire de la Révolution Russe, « c’est seulement par cette voie que le prolétariat russe put graduellement conquérir la confiance des nationalités opprimées » 11.
Appliquer la méthode de Lénine à l’Irlande
Il s’agit d’une véritable innovation dans la manière dont les socialistes doivent appréhender les oppressions nationales (et les autres oppressions) et cela éclaire l’approche que nous cherchons à adopter aujourd’hui. Toutefois, le slogan du « droit à l’autodétermination » ne peut pas être simplement appliqué à n’importe quelle situation et constituer une réponse générique. Dans le contexte irlandais, qui a précisément droit à l’autodétermination ? Le peuple irlandais dans son ensemble ? Les catholiques du Nord, les protestants ou les deux ? Comment cette autodétermination peut-elle être exercée ?
En tentant d’aborder la question nationale en Irlande par ce biais, la gauche s’est engagée dans une impasse analytique due à une pensée schématique basée sur comment déterminer quel groupe de personnes répond à la définition d’une « nation ». Ils auraient pu commencer par une liste de critères comme celle, tristement célèbre, établie par Staline – un homme qui allait déporter des nationalités opprimées entières – dans Le marxisme et la question nationale : « une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique [quoi que cela signifie !], qui se traduit dans la communauté de culture ». 12En utilisant cette liste, les marxistes auraient pu alors décider si un groupe spécifique de personnes peut être ou non qualifié de nation…
Dans le contexte irlandais, qui a précisément droit à l’autodétermination ?
Cette approche mécanique ne nous aide pas vraiment à comprendre l’oppression nationale telle qu’elle existe dans le monde auquel nous sommes réellement confrontés, plutôt que dans des conditions imaginaires de laboratoire. Par exemple, le peuple Kurde ne serait pas considéré comme une nation selon la définition de Staline, car il n’a pas de « vie économique commune ». Pourtant, pour la plupart des marxistes, il semble évident que les Kurdes constituent une nation ayant le droit à l’autodétermination.
Au lieu de répéter ces erreurs, nous devrions utiliser la méthode fondamentale qui sous-tend le concept de « droit à l’autodétermination », plutôt que la formule elle-même. En d’autres termes, il s’agit de trouver un moyen d’unir la classe ouvrière, malgré ses divisions réelles, et de lui indiquer une voie à suivre pour prendre le pouvoir, afin qu’elle puisse résoudre la question nationale. Cela signifie analyser les réalités politiques existantes et s’y référer, plutôt que de s’engager dans une argumentation historique sur la question de savoir qui constitue une nation ou non. Comme l’a dit Trotsky à propos de l’oppression des Noirs aux États-Unis, « Un critère abstrait ne tranche pas cette question, mais beaucoup plus décisifs sont la conscience historique d’un groupe, ses sentiments et ses volontés » 13.
Les nations ne sont pas des catégories anhistoriques immuables, mais des groupes qui se composent, se décomposent et se recomposent en permanence. La composition même de ce qui est généralement considéré comme la nation irlandaise en est la preuve, avec les vagues de colons s’intégrant au fil du temps dans ce qui est devenu la nation irlandaise.
La grande majorité des protestant·es du Nord ne s’identifient pas comme faisant partie de la nation irlandaise ; seuls une infime minorité d’entre eux s’identifient comme Irlandais selon diverses enquêtes. Bien qu’ils ne constituent pas une nation à part entière, ils forment une communauté distincte, avec des aspirations nationales différentes de celles des habitant·es du Sud et des catholiques du Nord. Les catholiques du Nord ne constituent pas une nation autonome, mais font partie de la nation irlandaise, incluant la grande majorité des habitant·es du Sud.
Une autre réalité politique est que, compte tenu des données géographiques et démographiques du Nord, l’exercice du droit à l’autodétermination des protestants ou des catholiques signifierait le refus de l’autodétermination à l’autre. Les deux communautés sont interpénétrées dans le nord-est de l’Irlande de telle sorte qu’il n’y a pas de redécoupage possible qui n’emprisonnerait pas d’importantes minorités dans un État auquel elles ne s’identifient pas.
Le capitalisme peut-il résoudre la question nationale en Irlande ?
C’est précisément parce que la question nationale en Irlande implique l’existence de deux communautés distinctes dans le Nord qu’elle est insoluble. S’il s’agissait simplement de la présence de l’armée britannique dans le Nord, elle pourrait être résolue relativement facilement par son retrait. Mais ce n’est pas le cas. Le résultat d’un siècle de partition et de division dans l’intérêt du capital signifie que ces communautés et identités distinctes ont une existence réelle qui ne peut être activée ou désactivée selon les besoins de l’impérialisme britannique.
Cependant, il ne s’ensuit pas, comme certains le prétendent, que la forme sous laquelle la question nationale est posée ne peut être modifiée au sein du capitalisme. En effet, la forme des différentes questions nationales dans le monde a changé à plusieurs reprises. Nous vivons dans une époque de changements considérables, mais avec une classe ouvrière affaiblie en termes de conscience de classe, d’organisation de masse et de direction, et donc souvent incapable d’imprimer sa marque sur les événements de manière décisive.
De nombreux résultats sont possibles dans le cadre du capitalisme. Nous ne devons pas sous-estimer le potentiel d’une réaction violente d’une partie de la population protestante contre la réunification de l’Irlande, la reprise d’un conflit sectaire important et même la possibilité de déboucher sur une guerre civile. Ce n’est pas la seule variante, cependant, et des alternatives où la pression de la classe ouvrière ainsi que les intérêts des États capitalistes impliqués sont suffisants pour éviter une telle guerre civile, sans être suffisants pour poser la question d’une révolution ouvrière, sont également possibles.
Dans ces situations, une Irlande unie sur une base capitaliste peut devenir une possibilité. Des solutions intermédiaires, telles que l’autorité conjointe des gouvernements irlandais et britannique pour une période déterminée, peuvent également exister. Au lieu d’être normatifs sur ce qui peut théoriquement se produire dans le cadre du capitalisme, nous devrions être ouverts à diverses possibilités.
Cependant, aucune de ces « solutions » dans le cadre du capitalisme ne fera disparaître la question nationale. Il y aurait probablement de la discrimination ou au moins une dynamique de concurrence des communautés sur l’allocation de ressources rares (logement et services publics par exemple) au niveau du conseil local ou de l’assemblée décentralisée. En tout état de cause, même sans discrimination directe, l’identité communautaire ne s’efface pas ou ne s’oublie pas rapidement. Les protestant·es constitueraient une communauté nettement minoritaire dans un État auquel ils ne s’identifient pas.
La classe ouvrière pourrait résoudre la question nationale
Ce n’est pas un vœu pieux de considérer que, si la classe ouvrière était aux commandes, les choses seraient différentes. En contrôlant fermement les ressources, avec la participation démocratique des travailleur·ses de toutes les communautés, une société socialiste poserait les bases d’un recul des conflits nationaux au fil du temps, grâce à deux facteurs cruciaux.
Premièrement, en garantissant à chacun l’accès à un niveau de vie décent, avec des emplois, des logements et des services publics de qualité, elle éliminerait en grande partie les conflits, entre les différentes couches de la classe ouvrière, liés à l’insuffisance des ressources. Ces conflits, et la volonté de la classe capitaliste au pouvoir de les exploiter, sont un facteur crucial dans l’exacerbation des conflits nationaux.
Deuxièmement, en partant de la reconnaissance des droits des minorités nationales, y compris le droit à l’autodétermination, et en luttant pour l’unité de la classe ouvrière, la classe ouvrière au pouvoir serait en mesure de satisfaire des droits et des aspirations actuellement contradictoires. La Yougoslavie, bien qu’illustrant les possibilités de génocide lorsque les questions nationales explosent, donne également un exemple de la façon dont un État ouvrier (même déformé par le stalinisme) peut réduire les conflits nationaux. Sous Tito, grâce à la croissance économique et à l’autonomie des nations qui composaient la Yougoslavie, la question nationale a été atténuée. Bien entendu, la réapparition de la question nationale en Yougoslavie, avec l’éclatement sanglant de cet État, prouve que ces questions n’ont pas été « résolues » sous le stalinisme, elles ont simplement été limitées pendant un certain temps.
Il existe de nombreuses voies que la classe ouvrière au pouvoir pourrait mettre en œuvre pour atténuer et finalement résoudre la question nationale en Irlande. La plus simple et la plus facile de ces solutions est la constitution d’un État socialiste en Irlande, lié au développement d’un mouvement socialiste à travers l’Europe. La minorité protestante aurait joué un rôle dans le combat pour cet État, pour sa construction, elle ne souffrirait donc d’aucune discrimination et jouirait de tous les droits démocratiques en son sein.
Avec le temps, les protestant·es du Nord pourraient se considérer comme faisant partie intégrante de la nation irlandaise, à l’instar des protestant·es du Sud. D’autres solutions, y compris l’autonomie de la communauté protestante du Nord au sein d’une Irlande socialiste, ou l’autonomie pour la région du nord-est de l’Irlande, sont également possibles et il appartiendra à la future classe ouvrière, en construisant une lutte unie contre le capitalisme, et une fois au pouvoir, de décider démocratiquement de la manière de résoudre cette question.
La question clé pour nous est de savoir comment unifier la classe ouvrière, aujourd’hui, contre la classe capitaliste, de manière à poser la possibilité pour la classe ouvrière de prendre le pouvoir et d’avoir l’opportunité de résoudre la question nationale. Notre analyse et notre stratégie pour l’avenir doivent donc reconnaître et s’opposer à l’oppression nationale existante des catholiques du Nord, tout en rassurant les protestants du Nord sur le fait que non seulement ils n’ont rien à craindre dans un futur État socialiste, mais qu’ils ont aussi beaucoup à y gagner.
Sondage sur la frontière
L’évolution démographique en Irlande du Nord est le principal facteur de changement dans la manière dont la question nationale est posée et perçue. Le fait que, d’ici quelques années, les personnes d’origine catholique représenteront probablement un pourcentage plus élevé de la population du Nord que celles d’origine protestante est d’une importance capitale. En 2016 déjà, il y avait plus de personnes en âge de travailler d’origine catholique (44 %) que d’origine protestante (40 %). Parmi les élèves, l’écart est encore plus important avec 51 % de personnes d’origine catholique contre 37 % d’origine protestante.
Depuis sa fondation, l’État du Nord est un État à majorité protestante (et présumée unioniste) et à minorité catholique. La disparition de cette majorité protestante et la tendance démographique claire vers une majorité catholique ébranlent la base de l’État du Nord.
De plus, ce fait démographique a une signification légale dans l’accord du Vendredi saint. Il contient une clause chargeant le secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord d’ordonner la tenue d’un scrutin « si, à un moment, il lui apparaît probable qu’une majorité des votants exprimerait le souhait que l’Irlande du Nord cesse de faire partie du Royaume-Uni et fasse partie d’une Irlande unie ». Simultanément, un scrutin équivalent serait organisé dans le sud de l’Irlande.
Si le recensement de 2021 indique un pourcentage plus élevé de catholiques que de protestants, la pression en faveur de l’organisation d’un scrutin sur la frontière augmentera considérablement. Il semble très probable que d’ici dix ans, les sondages d’opinion indiqueront la nécessité de déclencher un scrutin sur cette question de la frontière.
Toutefois, avant l’organisation d’un tel scrutin, cette question (et la question nationale en général) sera placée sur le devant de la scène politique. Outre le compte à rebours de l’horloge démographique, la montée en puissance du Sinn Féin dans le Sud donne un élan à ce processus. Lorsqu’ils étaient dans l’opposition, ils ont systématiquement essayé d’utiliser le Brexit comme une opportunité de mettre en avant l’unification irlandaise. S’ils entrent dans un gouvernement de droite avec le Fianna Fáil ou le Fine Gael, ils profiteront sans aucun doute de l’occasion pour réclamer un scrutin sur la frontière, à la fois parce qu’il s’agit d’un élément central de leur existence politique et pour détourner l’attention de leur rôle probable dans la gestion du capitalisme et la mise en œuvre de l’austérité. C’est précisément ce qu’ils ont déjà fait dans le Nord.
Le Brexit et un nouveau référendum écossais pour l’indépendance sont des facteurs supplémentaires qui influencent le débat et la trajectoire de la question nationale en Irlande. L’État britannique en général est sur la voie de la désintégration. La sortie de la Grande-Bretagne de l’UE a souligné le déclin relatif de la position de l’impérialisme britannique, tout en posant avec acuité la question du positionnement d’une frontière renforcée – soit entre le Sud et le Nord de l’Irlande, soit entre l’Irlande dans son ensemble et la Grande-Bretagne.
D’une part, ces éléments peuvent renforcer le sentiment des communautés ouvrières protestantes d’être assiégées par une population catholique de plus en plus confiante. D’autre part, si les catholiques ont le sentiment que leurs aspirations à faire partie d’une Irlande unie seraient bloquées par l’État britannique ou d’autres, même dans des circonstances où ils seraient majoritaires, en dépit du fait que l’accord du Vendredi saint est clair sur ce qui devrait se passer, le résultat pourrait être explosif.
La configuration politique de cette île est incroyablement complexe. Néanmoins, pour tracer une voie vers l’avenir, il faut aborder la situation politique telle qu’elle est, et non pas telle que nous voudrions qu’elle soit. Partant du point de départ compliqué d’aujourd’hui, les socialistes doivent formuler une approche pour s’opposer à l’oppression et unifier la classe ouvrière dans une lutte contre l’exploitation capitaliste et pour un changement socialiste.
Que devraient dire les socialistes à propos d’un référendum sur la frontière ?
Ce référendum est, à bien des égards, la manière la plus tranchante dont la question nationale nous est posée aujourd’hui. Un référendum des deux côtés de la frontière avec une réponse Oui/Non (ou la possibilité de s’abstenir) ne permet pas d’esquives ou de réponses interminables. Il n’est pas possible d’y répondre simplement en se référant à la solution socialiste que nous privilégions. Il exige une réponse concrète. Dans le cadre de l’élaboration d’un programme visant à unir la classe ouvrière et à lutter pour renverser le capitalisme, la manière dont nous répondons à un référendum sur la frontière est cruciale.
Un référendum frontalier dans le cadre de l’accord du Vendredi saint n’est pas notre réponse à la question nationale, tout comme l’accord du Vendredi saint n’était pas notre réponse au conflit sectaire dans le Nord. Il s’agit d’une « solution » créée par les partis politiques et les États capitalistes, qui comporte de nombreux dangers du point de vue de la lutte pour l’unification de la classe ouvrière et la défaite de l’impérialisme et du capitalisme.
Cependant, elle existe légalement et – en conséquence – politiquement, en tant que point de référence pour les personnes issues de communautés catholiques qui cherchent à mettre fin à leur oppression nationale. Les socialistes devraient reconnaître qu’il est tout à fait raisonnable que les catholiques du Nord, qui ont été forcés d’entrer dans un État qui les opprime au motif qu’ils sont une minorité, s’attendent à ce que leur oppression prenne fin lorsqu’ils deviendront une majorité. Le référendum est déjà perçu comme le moyen le plus évident d’y parvenir, et le sera probablement de plus en plus.
D’autre part, les protestants de la classe ouvrière considèrent avec inquiétude un sondage frontalier. Cela s’explique à la fois par l’augmentation des tensions sectaires qui pourrait en résulter et par les conséquences d’un vote en faveur du oui, qui signifierait qu’ils sont forcés d’entrer dans un État dont ils ne veulent pas faire partie.
La possibilité que cela devienne un tournant vers une escalade de la violence et des affrontements sectaires est réelle. Cependant, pour les socialistes, qui sont une petite minorité à ce stade, répondre qu’ils « s’opposent » à un référendum sur la frontière équivaudrait à souffler sur un ouragan pour essayer de le faire disparaître. Cette situation va se produire, que nous le voulions ou non, et les socialistes doivent s’y engager.
S’opposer à l’idée d’un référendum frontalier, ou prôner l’abstention ou le boycott d’un scrutin s’il est organisé, n’est pas une stratégie susceptible d’unir une partie importante de la classe ouvrière et de lui indiquer la voie à suivre pour accéder au pouvoir. Pire encore, cela reviendrait à commenter depuis la ligne de touche. Cela laisserait le champ libre aux nationalistes des deux camps pour prendre la direction du débat et des résultats.
Les socialistes devraient donc reconnaître la réalité politique qu’est l’imminence d’un référendum frontalier. Au lieu de créer une barrière entre eux et la majorité de la classe ouvrière de l’île en s’y « opposant », ils devraient chercher à intervenir pour façonner les termes du débat et le résultat.
Campagne indépendante de la classe ouvrière
Le référendum sur la frontière ne résoudra pas la question nationale et nous ne devrions pas le prétendre. En fait, comme nous l’avons souligné, il pourrait exacerber le sectarisme et les tensions entre les communautés. Cependant, nous ne pouvons pas dire aux catholiques, qui d’une position minoritaire sont sur le point de devenir une majorité, qu’ils devraient accepter ce statu quo jusqu’à ce que la lutte pour le socialisme soit prête à résoudre la question nationale.
Au contraire, nous devrions soutenir la tenue d’un référendum frontalier, à la fois comme un droit démocratique et comme un mécanisme permettant aux catholiques de mettre fin à leur oppression nationale. Nous devrions prendre parti sur la question concrète du référendum frontalier – conformément aux souhaits de la grande majorité des travailleur·ses irlandais·es, avec un contenu progressiste pour la plupart – en faveur de la réunification de l’île. Ce faisant, nous nous mettrions dans une bien meilleure position pour présenter nos arguments plus généraux en faveur de la nécessité d’un changement socialiste, notamment en mettant l’accent sur les droits de la minorité protestante.
Tout en soutenant un tel référendum et en appelant à voter oui, les socialistes doivent mettre en garde contre les dangers qu’il comporte. Il contient un risque significatif d’augmentation des tensions et même de conflit ouvert, dans la période entourant un tel scrutin. S’il avait lieu et que l’unification de l’île était majoritaire, il pourrait simplement changer la dynamique de l’oppression, les protestant·es se sentant contraint·es d’adhérer à un État auquel ils ne s’identifient pas, dans des circonstances de tensions communautaires accrues.
Pour éviter ces conséquences, il faut mettre en place une campagne anti-sectaire basée sur les communautés catholiques et protestantes de la classe ouvrière, indépendante des forces nationalistes, y compris le Sinn Féin qui plaidera en faveur d’un référendum frontalier et d’un vote en faveur du Oui. Dans le Sud, les socialistes ont le devoir particulier de sensibiliser à la crainte des protestant·es de devenir une minorité opprimée au sein d’un État unifié, en expliquant leurs préoccupations de perdre non seulement leur identité, mais aussi des services publics supérieurs à ceux du Sud. Nous devons insister sur la nécessité de protéger les droits de la minorité protestante, ainsi que d’autres minorités, au sein de cet État.
Il faudra argumenter que l’on ne veut pas l’unification de deux États capitalistes et sectaires, mais la création d’une Irlande laïque et socialiste, au sein de laquelle les droits des protestant·es, y compris le droit permanent à la double citoyenneté, seraient protégés. Au lieu de l’harmonisation à la baisse de l’impôt sur les sociétés envisagée par le Sinn Féin et de la création d’un paradis fiscal dans toute l’Irlande, nous devrions préconiser la propriété publique démocratique des principales sources de richesse de l’île, en les utilisant pour garantir un service national de santé de qualité dans toute l’île, des investissements dans des logements publics décents et des services pour tous, ainsi que des améliorations spectaculaires du niveau de vie de la population.
Ce changement socialiste ne peut être soutenu sur l’île d’Irlande seule. Il doit s’inscrire dans un mouvement international visant à mettre fin à la domination par la classe capitaliste et à remettre le pouvoir entre les mains de la classe ouvrière. La construction d’une Europe socialiste démocratique, qui inclurait une coopération et des relations étroites avec les travailleur·ses de tout le continent, est un élément crucial de ce mouvement.
Le 27 janvier 2021
* Les termes « protestant » et « catholique » seront utilisés tout au long de cet article pour désigner les personnes issues des communautés protestantes et catholiques. Bien que ce choix linguistique pose des problèmes, notamment parce qu’il implique qu’il s’agit d’une manière ou d’une autre d’un conflit « religieux », l’alternative consistant à décrire les personnes comme nationalistes et unionistes applique des étiquettes politiques à des personnes uniquement en fonction de leurs origines et ne parvient pas à saisir la nature communautaire de la division sectaire.
- 1
James Connolly, Labour and Partition, 1914.
- 2
La brève histoire décrite ici est principalement tirée de T.A. Jackson, Ireland Her Own, 1946, et de D. R. O’Connor Lysaght, « British Imperialism in Ireland », contenu dans Ireland : Divided Nation, Divided Class, 1987.
- 3
Pour en savoir plus, Christopher Hill, The English Revolution 1640, 1940.
- 4
Idem.
- 5
James Connolly, Labour in Irish History, 1910.
- 6
Lettre à Lord Justice Fitzgibbon, 16 février 1886. L’ordre Orange est une société protestante, fondée en Irlande, dont le but est de favoriser les objectifs du protestantisme. En 1911, un certain nombre d’orangistes commencent à s’armer et à suivre un entraînement militaire. Le Conseil unioniste d’Ulster décide de mettre sous contrôle ces groupes armés, en créant une milice protestante, l’Ulster Volonteer Force, déterminée à s’opposer au Home Rule. L’appartenance aux loges orangistes et à l’UVF se recouvraient partiellement.
- 7
Falls Road est la route principale traversant l’ouest de Belfast. Son nom évoque la communauté républicaine catholique de la ville, tandis que la Shankill Road voisine est majoritairement loyaliste et protestante, séparée de Falls Road par les Murs de la paix.
- 8
Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste, 1848.
- 9
John Riddell, Lenin’s Struggle for a Revolutionary International, 2002, p. 40.
- 10
Eugene V. Debs, The Negro In the Class Struggle, 1903.
- 11
Léon Trotsky, Histoire de la révolution russe, 1930.
- 12
Joseph Staline, Le marxisme et la question nationale, 1913.
- 13
« La question noire aux États-Unis », 28 février 1933.