Dans les discussions pour le Nouveau Front populaire, sur les places comme sur le programme, le NPA-l’Anticapitaliste a été considéré comme la cinquième roue du carrosse… Parachuter Philippe Poutou dans une circonscription où le NPA était affaibli ne correspondait pas forcément ni à nos souhaits ni à nos pratiques, par respect pour les forces militantes du Nouveau Front populaire de l’Aude.
Oui mais, ici, c’est une terre de gauche et de solidarités, celle des luttes vigneronnes en 1907 ou dans les années 1970, celle de Pilpa et de la Belle Aude ces dernières années, celle des mines de Salsigne au début des années 2000. C’est également la terre où Blum a été parachuté et élu à Narbonne en 1929 et qui a voté contre les pleins pouvoirs à Pétain. Bref, cette terre, elle nous correspond si bien !
Mission impossible ?
Bien sûr nous sommes face à un député RN sortant qui surfe sur le désespoir d’une partie de la population. Nous sommes aussi face à une gauche divisée par les manœuvres de Carole Delga. Enfin, le NPA est plombé par les accusations dégueulasses de tous les réacs sur nos supposés antisémitisme et apologie du terrorisme alors que cette circo est celle des attentats de Trèbes et Carcassonne en 2018. Un épisode de Mission Impossible ? On s’est rappelé que Tom Cruise gagne toujours à la fin et que nous avons en main un atout qu’il n’a pas. Nous sommes soutenus par une base militante audoise large qui comprend une partie importante du PS, du PC, des Verts, LFI, rendue combative par son rejet du RN et à même d’imposer sa volonté d’unité aux appareils.
En quelques heures la question du parachutage, de la légitimité de nos candidatEs, a été aplanie entre les équipes locales des différentes composantes du NFP et les camarades NPA locaux, Toulousains et Bordelais, et les camarades d’un peu partout venuEs appuyer au fur et à mesure la campagne.
Une campagne qui nous ressemble
Nous manquons de temps et nous partons de plus loin que les autres : nous ne sommes pas abonnéEs aux législatives et encore moins à nous battre pour les gagner ! Mais parce que des centaines de militantEs, encartéEs ou non, y croient et font montre d’un engagement énorme, nous sommes parvenuEs en quelques jours à lancer une campagne qui nous ressemble, qui met en avant les luttes et les problématiques locales, et à régler des détails qui n’en sont pas : trouver un local, récupérer du matos, loger les renforts des autres villes, rencontrer assos et syndicats audois…
Le local ne désemplit pas, pour quelques heures ou plusieurs jours, des militantEs que nous ne connaissions pas viennent faire du porte-à-porte, nous renseignent sur les initiatives locales… On organise un pot militant improvisé pour la fête de la musique ? 200 camarades passent au local dans la soirée... et ça colle et ça diffe sans cesse : plus de 40 000 tracts distribués à mi-campagne et nos affiches sont visibles partout.
Philippe Poutou et Pauline Salingue multiplient rencontres et déplacements : quartiers populaires de Carcassonne, diff devant l’hôpital, manif antifa et féministe, table ronde avec la CGT ou la Conf Paysanne, manifs Palestine, rencontre chez des producteurs ou des viticulteurs, visite d’une Scop, marchés de producteurs et vide-greniers, manif contre la bétonisation… Surtout, c’est entourés de militantEs et de cadres historiques des autres orgas qui font le lien avec leurs réseaux et facilitent largement notre connaissance des enjeux dans l’Aude que nous avançons.
Pourquoi nous filer les clefs du camion ?
Parce que ça pousse derrière. Ça pousse tellement que le candidat dissident, soutenu par Carole Delga, la patronne PS de la région Occitanie, est de plus en plus isolé. La base pousse les appareils parce qu’elle n’en peut plus du député RN, Christophe Barthès, qui n’a pas usurpé son titre de « trumpiste occitan » : il surfe sur les victimes des attentats ; il empêche un meeting écolo posant devant une pancarte sexiste et insultante renvoyant Sandrine Rousseau et Marine Tondelier à aller « faire la soupe » ; il multiplie les fake news et les déclarations climato-sceptiques.
Seul le nombre peut faire reculer le RN décomplexé de Barthès. Ça pousse parce que ce n’est plus possible de supporter que la colère de la population d’un des départements les plus pauvres soit détournée encore et toujours contre les raciséEs, les femmes, les personnes LGBTI+…
Alors, rien n’est gagné. Au contraire. Les clivages ici sont énormes et l’hostilité est parfois prégnante, mais on mène la bataille avec toutes celles et ceux qui poussent pour autre chose ! On sera au second tour et après… après on essaiera de montrer que, toutes et tous ensemble, on met la misère à Tom Cruise !