Brésil : Les femmes contre le fascisme ! Pour le droit d’exister et de décider!

par Carla Zanella, Paula Kaufmann
En 2019. DR

En cette journée internationale de lutte, les femmes sont dans la rue pour défendre leurs droits et s’opposer à l’extrême droite.

Ce vendredi 8 mars, Journée internationale de lutte des femmes, le mouvement féministe, comme chaque année, est descendu dans la rue partout dans le monde. Au cours de la dernière décennie, alors que nous avons suivi le renforcement de l’extrême droite au niveau international, nous avons également vu les féministes s’élever au rang d’antagonistes de ces leaders et de ces mouvements.  Et depuis cette position de lutte, elles ont également joué un rôle important dans les mobilisations contre le programme conservateur et néo-fasciste dans différents pays.

L’offensive de l’extrême droite

Nous savons qu’au Brésil et au niveau international, l’extrême droite se renforce encore et continue de s’articuler dans des réseaux transnationaux ultra-conservateurs et néo-fascistes pour attaquer les droits des travailleurs, des femmes, des Noirs, des LGBT+ et pour saper la capacité d’auto-organisation de la classe ouvrière. Le retour probable de Trump à la Maison Blanche, la collusion avec le génocide promu par Netanyahou contre le peuple palestinien ou même la récente victoire de Milei en Argentine en sont des expressions.

Même si, au Brésil, ce projet a été battu dans les urnes en 2022 de haute lutte, l’enracinement de l’idéologie de Bolsonaro continue de porter ses fruits. On peut en voir les symptômes dans les divers cas récents d’attaques contre les droits sexuels et reproductifs des femmes dans plusieurs villes du pays, dans la recrudescence du génocide de la population noire, dans la perpétuation de la panique morale à l’égard des vies LGBT+. En outre, le rassemblement de Bolsonaro le 25 février sur l’avenue Paulista, bien qu’il n’ait pas eu la force que les partisans de Bolsonaro espéraient et qu’il n’ait pas été en mesure d’arrêter les attaques du système judiciaire bourgeois contre la clique de Bolsonaro, a démontré l’alliance sans faille des fondamentalistes religieux avec l’ancien président, ainsi que le fait que son soutien populaire reste fort.

Notre contre-offensive

Le chemin à parcourir pour vaincre Bolsonaro est ardu, mais il est d’une importance historique. Pour aller de l’avant, nous devons faire face à au moins deux exigences.  La première est de retourner dans la rue et de mobiliser le peuple pour développer la lutte pour l’arrestation de Bolsonaro et de tous ses alliés et complices. La lutte contre toute amnistie des crimes commis par ce gouvernement est essentielle si nous voulons avancer vers la justice et reléguer ces tristes sires là où ils doivent être : dans les poubelles de l’histoire. Le mouvement féministe doit se charger, avec ce 8M, d’inaugurer une journée de lutte pour exiger l’emprisonnement de Bolsonaro.

La deuxième tâche consiste à défendre ouvertement et sans crainte notre programme et nos bannières historiques.  L’extrême droite captive les esprits et les cœurs en affirmant haut et fort et sans vergogne l’ensemble de son programme réactionnaire, misogyne, raciste, anti-LGBT+ et destructeur. Notre obligation est d’avancer fermement nos revendications, sans céder aux pressions centristes pour les amender face au danger de l’extrême droite.  Nous combattrons le radicalisme destructeur des fascistes par un radicalisme féministe transformateur.

Les objectifs des luttes féministes

Sous le slogan “Les femmes contre le fascisme ! Pour le droit d’exister et de décider”, le collectif Juntas ! descendra dans la rue aujourd’hui, mettant en avant nos revendications urgentes et historiques, les reliant à la lutte des femmes au Brésil et dans le monde entier.

Les taux alarmants de fémicides au Brésil – qui augmentent principalement chez les femmes noires – ainsi que les preuves solides d’une forte sous-déclaration des cas de violence fondée sur le genre soulignent la nécessité urgente d’un investissement public dans les politiques dans ce domaine. Le nouveau plafond de dépenses pervers mis en place par Haddad et Lula, main dans la main avec le marché, empêchera en pratique non seulement tout investissement supplémentaire dans la lutte contre la violence, mais réduira également le budget déjà maigre consacré aux politiques en faveur des femmes.  Plus d’ajustements dans nos vies !

En 2023, nous avons réalisé des progrès significatifs dans la lutte pour la légalisation de l’avortement au Brésil.  Le vote de Rosa Weber en faveur de l’ADPF 442 – une initiative du PSOL et Anis (institut de Bioéthique) auprés du STF demandant la dépénalisation de l’avortement au Brésil – a été d’une importance historique car il a reflété une percée dans la prise de conscience féministe de la part de notre société en ce qui concerne la justice reproductive. Ce mouvement a permis de renforcer la lutte pour la légalisation de l’avortement, ce qui a donné lieu au 28 septembre le plus fort de ces dernières années. Continuer à brandir l’étendard de la justice reproductive pour toutes les femmes enceintes est une obligation du féminisme, qui s’engage en faveur des femmes qui travaillent et ne cède pas aux pressions fondamentalistes.

Jusqu’à la victoire

La lutte pour la justice pour Marielle doit continuer, et nous avons besoin de réponses urgentes quant aux commanditaires de cet assassinat brutal dont a été victime notre camarade et Anderson Gomes, mais rendre justice signifie également garantir à la population noire l’accès aux droits et à l’égalité sociale.

Notre lutte sur le 8M est aussi en solidarité avec la lutte du peuple palestinien contre le génocide promu par Israël, qui décime des dizaines de milliers de femmes et d’enfants, avec l’assentiment des grandes puissances capitalistes. La lutte pour une Palestine libre est une lutte féministe.

Nous descendons également dans la rue en solidarité avec les femmes argentines qui, ces dernières années, ont construit la marée verune inspiration pour le monde entier dans la lutte pour l’avortement légal, et qui sont maintenant confrontées au gouvernement néo-fasciste de Milei. Nous serons avec une délégation de femmes du MES et des Juntas, ainsi qu’avec le secteur des femmes du PSOL, à Buenos Aires pour ce 8M, afin de construire une solidarité féministe internationale.

La lutte féministe antifasciste est cruciale pour l’avancement de nos revendications historiques et ce 8M doit être un exemple pour tous les mouvements sociaux, en montrant que la voie de la rue est fondamentale pour la défaite de l’extrême droite.

 

Auteur·es

Carla Zanella

Carla Zanella est chercheuse en sciences sociales et fait partie de la coordination nationale de Juntas ! et de la section féminine du PSOL. Elle travaille à Rio Grande do Sul.

Paula Kaufmann

Paula Kaufmann est chercheuse en sciences sociales et chef de cabinet de la députée fédérale Sâmia Bomfim (PSOL-SP).