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Russe et ukrainienne, nous soutenons le droit des Ukrainien·nes à résister à l’invasion et à la colonisation

par
Velyka Dymerka après l'occupation russe. © Цензор.НЕТ / CC BY-SA 4.0

Lors du récent Comité international de la Quatrième Internationale, deux déléguées d’Ukraine et de Russie étaient présentes. Les camarades d’Anticapitalist Resistance se sont entretenus avec Vasylyna, membre de Sotsialnyi Rukh, et Mia, militante du Russian Socialist Movement, sur la guerre et les activités de leur organisation. Extraits.

 

Quelle est la position de Sotsialnyi Rukh sur le gouvernement Zelensky ?

Vasylyna : Le positionnement du gouvernement est clair concernant la lutte pour la souveraineté de l’Ukraine, et la population soutient largement cela. Mais en tant qu’organisation, nous sommes extrêmement critiques quant à l’orientation politique du gouvernement, qui s’accompagne de réformes néolibérales et de coupes massives dans les dépenses publiques. Au sein de Sotsialnyi Rukh, nous trouvons des moyens de nous organiser autour de ces questions. Les gens sont unis pour défendre le pays, mais cela ne signifie pas que Zelensky bénéficie d’un soutien unanime.

Malheureusement, l’oligarchie et les capitaux étrangers ont une influence significative sur notre président actuel. Le gouvernement actuel n’était pas capable de passer d’une économie basée sur le profit à une économie de guerre qui permettrait de fournir une capacité de défense et de résoudre les problèmes humanitaires. La recherche d’alliés parmi les partenaires internationaux, principalement parmi les États les plus riches qui ont leurs propres intérêts impérialistes (comme les États-Unis), pourrait mettre en péril le soutien de l’Ukraine et semer la confusion dans les pays du Sud. Nous ne pensons pas que notre gouvernement soit capable de réparer ses erreurs. C’est pourquoi il est urgent d’exercer une pression de masse sur la base et de procéder à une critique politique d’un point de vue de gauche. Les principales priorités de l’État devraient être basées sur la protection des intérêts des personnes, la promotion de la cohésion sociale et la promotion de la solidarité mondiale contre l’oppression.

 

Quel est le travail de campagne du Russian Socialist Movement ?

Mia : Le travail de campagne est difficile pour nos camarades en Russie en raison de la répression par le régime. Nous essayons de travailler dans le respect de la loi car nous ne voulons pas mettre en danger les militant·es. Nos principaux objectifs sont maintenant de faire évoluer la réflexion politique de l’opposition vers la gauche et d’apporter un soutien pratique aux gens. Par exemple, nous travaillons avec des syndicats indépendants en Russie. Il existe un syndicat pour les livreurs, que nous avons aidé et soutenu. Lorsque les militant·es et les dirigeant·es des syndicats indépendants sont emprisonné·es, nous les aidons financièrement et par le biais de campagnes médiatiques.

Nous essayons de créer des communautés et de fournir un espace de discussion politique pour surmonter l’atomisation de la société russe. Même au sein des régimes répressifs, il existe toujours des luttes et des problèmes qui sont combattus sur le terrain.

Ce que l’on oublie souvent, c’est que pendant que notre gouvernement mène une guerre coloniale contre l’Ukraine, les populations indigènes de Russie sont en train de disparaître. Les populations indigènes vivent souvent dans des zones périphériques pauvres de la Russie, où les gens sont enlisés dans la pauvreté et l’endettement. La mobilisation a lieu de manière disproportionnée dans les régions pauvres du pays, où les gens sont poussés à rejoindre l’armée pour rembourser leurs dettes, n’ont souvent pas la capacité de résister et disposent de moins de sources d’information que le reste de la population.

 

Qu’en est-il de la guerre ?

Vasylyna : Nous soutenons le droit des Ukrainiens à résister à l’invasion et à la colonisation. Certains membres de Sotsialnyi Rukh ont rejoint les forces armées et combattent l’armée russe. Il n’y a pas vraiment d’autres options viables en termes de milices et d’unités de combat séparées pour le moment.

 

Certains disent que le conflit est avant tout un conflit par procuration entre impérialistes ; êtes-vous d’accord ?

Vasylyna : Nous ne voyons pas cela comme une guerre par procuration. Il s’agit avant tout d’une guerre populaire de libération nationale. Au début de l’invasion à grande échelle, les gens s’organisaient eux-mêmes, faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour résister à l’occupation, parlaient aux soldats, et des femmes plus âgées fabriquaient des explosifs artisanaux.

Mia : Certains à gauche ont ce faux pacifisme, et ils mettent un éclairage idéologique sur la guerre qui obscurcit plutôt qu’il ne clarifie, pour les vraies personnes sur le terrain. Bien sûr, les Ukrainiens ont le droit de se défendre ; elles et ils sont les principales victimes de ce conflit. Cette étiquette de « guerre par procuration » ne donne aucun pouvoir aux Ukrainiens eux-mêmes. Les personnes qui appellent à des négociations et à un cessez-le-feu doivent préciser sur quelle base. Le problème est que personne ne dicterait à la Russie le prix qu’elle exigerait pour la paix. Mais certains membres de la gauche veulent dicter des conditions aux Ukrainiens et affirment qu’ils doivent sacrifier leur souveraineté nationale en acceptant les annexions. Pourquoi ?

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