La droite et l’extrême droite sont en crise. La candidate de la coalition des anciens partis du système (PRI-PAN…) ne décolle pas dans les sondages malgré le soutien massif des médias. Elle stagne à 30% quand la candidate soutenue par Andrés Manuel López Obrador (AMLO) et son organisation Morena (Mouvement de régénération nationale), Claudia Scheinbaum, est évaluée à près de 60%. La mobilisation que les partis d’opposition avaient tentée à l’automne dernier contre une modification de l’institut national électoral a fait long feu. AMLO a mobilisé infiniment plus de gens dans la rue que ne l’avait fait la droite.
La permanence de l’avance (dans les sondages) de la candidate d’AMLO et de Morena est fondamentalement due à ce qui apparaît comme de bons résultats économiques : une progression annuelle du PIB de plus de 3,5%, une inflation maîtrisée à 4% par an. Des mesures sociales ont été adoptées comme l’augmentation de 25% des pensions minimales pour tous les travailleurs, la garantie pour tous que les augmentations de salaires se situent au-dessus de l’inflation, etc. Les grands travaux (train Maya, raffineries Pemex, hôpitaux…) sont inaugurés en grande pompe.
Les problèmes sont plutôt internes à Morena. AMLO continue à imposer un régime interne sans démocratie. De même qu’il ne favorise en rien l’auto-organisation ni dans la société ni dans les syndicats, il impose sa politique, ses alliances et ses candidats au sein de Morena. Dans de nombreux endroits il favorise des alliances avec des secteurs de la droite qui viennent du PRI ou du PAN. Cela pose surtout un problème pour la désignation des candidatures aux prochaines élections. Si pour la présidentielle la candidature de Claudia Scheinbaum a été très largement ratifiée, pour les législatives et les municipales c’est une autre question et cela provoque pas mal de remous dans la « gauche » de Morena, qui cherche plutôt des alliances avec des mouvements sociaux (syndicats démocratiques, organisations féministes, mouvements indigènes…) Dans plusieurs endroits, nos camarades ont des actions communes avec les militants de la gauche de Morena. C’est d’ailleurs dans ce cadre que le SME (syndicat des électriciens) envisage de proposer la candidature de trois de ses membres pour la liste des députés fédéraux…
Le plus grand danger : le crime organisé
L’insécurité et la violence ne cessent de croître au Mexique. C’est le grand échec du gouvernement AMLO (il y en d’autres, l’extractivisme à outrance par exemple) et l’argument numéro un de la droite et de l’extrême droite. Ce qui est un comble parce que la connexion de nombre de leurs politiciens avec le crime organisé est très ancienne et permanente. Il y a quatre cartels principaux (Sinaloa, Jalisco-Nueva Generacion, Golfo et Centro) qui contrôlent l’essentiel du trafic de drogue, du blanchiment par investissements dans l’immobilier entre autres, le rançonnement (et les enlèvements et les assassinats) des migrant·es. Ils sont de plus en plus puissants et multiplient les attaques spectaculaires. D’autres cartels plus petits (comme ceux du Michoacan), opèrent des campagnes de « cobro de piso » (racket dans les quartiers et les communautés). Les guerres entre cartels, particulièrement au Chiapas, retombent sur les populations, principalement indigènes. Les camarades du MSPP sont concerné·es puisqu’ils et elles sont présent·es au Chiapas, participant à l’organisation d’une communauté de plus de 1000 personnes qui est encerclée dans les zones des cartels. Pour l’instant ils se protègent ave leur police communautaire mais, de plus en plus menacés, ils cherchent à tisser des alliances défensives avec d’autres communautés et l’EZLN pour faire un front commun contre les cartels et leurs soutiens politiques.
Le principal danger pour les peuples indigènes, les travailleurs/ses et leurs organisations vient de là. Et du fait que la droite et l’extrême droite en manque de perspective électorale misent de plus en plus sur leurs connexions avec le crime organisé.