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Les partis politiques en présence

par Dominique Lerouge
Après la révolution de 2011, on a assisté à la prolifération d'organisations portant le nom de parti. Le nombre de ceux enregistré légalement serait aujourd'hui d'environ 200.

En réalité la grande majorité d'entre eux ne regroupent au mieux que quelques personnes, et environ 90 % n'ont aucun élu∙es à l'Assemblée législative.

Le financement des partis est aujourd'hui en chute libre avec notamment la suspension des indemnités des parlementaires depuis le 22 septembre, ainsi que les procédures judiciaires pour malversation engagées contre des hommes d'affaires finançant certains partis.

Les partis sont très discrédités, et le taux d'abstention aux législatives de 2019 a atteint 58 %.

D'après un sondages paru le 1er octobre, si des législatives avaient lieu en ce moment, 76,7 % des Tunisiens ne sauraient pas pour qui voter. Le parti recueillant le plus de suffrage exprimés serait le parti PDL des nostalgiques de Ben Ali avec un score de 4,1 %, et le second Ennahdha avec 2,7 %. Les deux partis suivants recueilleraient respectivement 1,7 % et 1,4 % et tous les autres moins de 1 %.

Dans le cadre de la situation actuelle, il est possible de classer les partis en fonction de leur positionnement face au Président Saïed, qui ne dispose pas de parti.

Partis soutenant ouvertement Saïed

Il s'agit essentiellement d'organisations nationalistes arabes comptant dans leurs rangs un certain nombre de responsables nationaux et intermédiaires de l'UGTT.

• Echaab - Mouvement du peuple. Dès le 26 juillet, ce courant de tradition nassérienne a apporté son plein soutien à Saïed.

• Le Courant populaire est un parti nassérien ayant été membre du Front populaire avant 2019. Son dirigeant Mohamed Brahmi avait été victime d'un assassinat le 25 juillet 2013. L'enquête et les suites judiciaires sur ce meurtre sont restées à ce jour bloquées.

• Le mouvement Baath (pro-Saddam Hussein).

Le 24 septembre, ces trois partis ont lancé une déclaration de soutien à Saïed en compagnie de trois petites organisations, dont Tunisie en avant du vieux routier Abid Briki, et un groupuscule maoïste dénommé Parti patriotique démocratique socialiste.

Partis clairement opposés à Saïed

On trouve parmi eux plusieurs regroupements d'organisations se combattant mutuellement.

• Le plus important est constitué des trois partis membres du gouvernement démis de ses fonctions le 25 juillet :

- Ennahdha dont la popularité est depuis plusieurs années en chute libre, et qui traverse actuellement une crise sans précédent,

- Al Karama (Coalition de la dignité), un parti islamiste radical, issu d'une scission d'Ennahdha,

- Qualb Tounes (Au cœur de la Tunisie), le parti de l'homme d'affaires Karaoui accusé de blanchiment d'argent et de détournement de fonds, actuellement détenu en Algérie pour avoir franchi illégalement la frontière.

Ces trois partis demandent notamment la remise en place des institutions précédentes.

• Quatre partis regroupés dans un " Front démocratique » autour de l'ancien président de la République Moncef Marzouki, qui après avoir été un opposant à Ben Ali était devenu après 2011 un compagnon de route d'Ennahdha.

• Différents partis de droite ou du centre ayant participé au pouvoir depuis 2011.

• Le Parti des travailleurs (ex-PCOT), parti d'origine marxiste-léniniste ayant été membre du Front populaire avant 2019, a immédiatement qualifié de coup d'État les mesures annoncées le 25 juillet.

Partis ayant une position intermédiaire

• Le PPDU (Parti des patriotes démocrates unifié) est un parti d'origine marxiste-léniniste qui avait été membre du Front populaire avant 2019. Il compte dans ses rangs un nombre appréciable de responsables nationaux et intermédiaires de l'UGTT. Un dirigeant du PPDU a défini son orientation comme un " soutien critique » aux mesures annoncées par Saïed.

• Le Courant démocrate (Attayar) avait initialement soutenu les mesures annoncées le 25 juillet, puis a commencé à dénoncer le plan présidentiel à partir de la mi-septembre. Après le 22 septembre, Attayar a constitué une coordination d'opposition à Saïed avec des partis souvent classés au centre : Al Joumhouri / Parti républicain, Afek Tounes, qualifié de " libéral », Ettakatol, affilié à l'Internationale socialiste.

• Le Parti destourien libre (PDL), nostalgique de l'époque d'avant 2011. Il est dirigé par Abir Moussa, une ancienne responsable du RCD, le parti de Ben Ali.

* Dominique Lerouge est militant du NPA et de la IVe Internationale

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