La IV<sup>e</sup> Internationale salue le courage, la détermination et la créativité désespérées des milliers de Palestiniens de Gaza qui participent à la Grande Marche du Retour.
Pour l'État d'Israël, la Grande Marche du Retour est réellement un " retour des expulsés », un discordant rappel que des millions de Palestiniennes et Palestiniens ne vont pas s'éteindre, disparaître ou être ignorés. Et cela permet de saisir la nature tout à fait disproportionnée et criminelle de la réponse israélienne : tirer à balles réelles et tuer des dizaines d'êtres humains, " coupables » de s'être approchés d'une frontière. La passivité mondiale face à ce crime indique à quel point la complicité est largement partagée.
La IVe Internationale se joint à l'opinion publique internationale pour condamner :
• La classe dirigeante israélienne, qui est évidemment le principal coupable - il ne s'agit pas seulement des partis de droite et d'extrême droite qui constituent l'actuel gouvernement israélien, mais également la soi-disant opposition de centre-gauche, en particulier le Parti travailliste-Union sioniste, qui a rejoint ceux qui justifient les tirs à balles réelles contre des manifestants sans défense ;
• La classe dirigeante étatsunienne, c'est-à-dire non seulement l'administration Trump mais aussi la grande majorité des politiciens du Parti démocrate - à quelques honorables exceptions près comme Bernie Sanders - qui continuent à être l'inébranlable soutien militaire et financier à l'État sioniste ;
• Les gouvernements et les institutions politiques de l'Union européenne, qui soutiennent de façon très peu offensive la demande d'enquête du secrétaire général de l'ONU, António Guterres, certains que le veto étatsunien au Conseil de sécurité les protégera de toutes les conséquences et qui maintiennent leur coopération militaire et scientifique avec Israël, tout comme leur accord de libre-échange faisant de l'Europe le principal rempart de l'économie israélienne et de la suprématie régionale de l'État d'Israël ;
• Quasiment tous les gouvernements de la région arabe - notamment l'Égypte, partenaire indéfectible d'Israël dans l'étranglement de Gaza, et le Royaume Saoudien, qui se rapproche chaque jour davantage d'une alliance avec Israël et de l'abandon du peuple palestinien ;
• L'Autorité palestinienne, qui a impitoyablement poursuivi sa " coopération sécuritaire » avec Israël face à chaque nouvelle atrocité et a pris l'initiative d'une série d'assauts contre la population de Gaza, enrôlant Israël en tant que complice volontaire ;
• Tant d'autres gouvernements et acteurs politiques à travers le monde, qui ont répondu aux crimes israéliens par des dénonciations verbales sans faire un geste pour aider pratiquement les Palestiniens.
Face à la complicité et à la passivité des dirigeants du monde, les Palestiniens de Gaza et le reste du peuple palestinien n'ont personne vers qui se tourner, à l'exception des mouvements de solidarité. Ceux-ci ne doivent pas laisser tomber les Palestiniens. Le courage des marcheurs doit susciter un renforcement qualitatif de la solidarité internationale et de la mobilisation. Si ce n'est pas maintenant, alors quand ?
Les campagnes de Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS) restent un élément clé de la résistance. Même si le BDS n'a pas encore fait payer à l'économie israélienne un lourd tribut, il a fait suffisamment de progrès pour qu'Israël et ses alliés internationaux estiment que c'est pour eux une des plus grandes menaces. Alors que l'impuissance de l'ONU et plus généralement de la " communauté internationale » pour maîtriser Israël devient de plus en plus claire, c'est aux organisations du mouvement ouvrier, politiques et citoyennes, de prendre leurs responsabilités pour couper les ressources économiques et sociales du bulldozer sioniste.
Les marcheurs de Gaza ont maintenant fourni aux militants BDS des arguments complémentaires et puissants concernant le caractère indissoluble des trois revendications centrales de la campagne, formulées dans l'appel de la société civile palestinienne en 2005 : non seulement la fin de l'occupation israélienne depuis 1967 des territoires, mais aussi l'égalité des droits pour les Palestiniens, les Juifs et tous les autres dans chaque partie de la Palestine historique, ainsi que le droit des réfugiés palestiniens de retourner dans leurs foyers dont ils ont été chassés il y a 70 ans. Ces demandes sont également - comme la IVe Internationale l'a toujours affirmé - les éléments centraux d'une solution juste de la question palestinienne. Les protestations des Juifs israéliens contre les massacres de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, même si elles sont peu audibles, sont importantes pour maintenir l'espoir d'une solution juste, fondée sur l'égalité et la solidarité, qui permettra de réaliser les trois principales demandes de la campagne BDS. Les Palestiniens de Gaza ont démontré au prix de leurs vies que la lutte palestinienne ne peut pas, et ne doit pas, s'arrêter tant que toutes ces demandes ne seront pas victorieuses.
Le 20 avril 2018