Tenu à Katowice le 20 novembre, en présence de 114 délégués (surtout des hommes, les femmes étant encore très minoritaires dans ce parti dont les mineurs de fond constituent l'ossature), le troisième congrès du Parti polonais du travail (PPP) avait surtout pour but de le restructurer en le dotant d'une nouvelle direction.
L'ouverture des débats a été marquée par l'intervention de Szczepan Kosinski au nom de la direction nationale du syndicat : le syndicat s'engage à fond dans la construction du PPP et propose la candidature de son président, B. Zietek, à la tête du parti. Cette dernière proposition a été reprise par les délégués qui l'ont approuvée par 87 voix.
Des modification statutaires ont été également adoptées à une large majorité : le PPP pourra employer, comme le fait déjà le syndicat libre, le sigle " Août 80 » accolé à son nom — une date qui a constitué la césure dans l'histoire de la gauche polonaise : la classe ouvrière avait alors rompu avec la tradition de la gauche confisquée par la bureaucratie au pouvoir ; le symbole de l'aigle blanc ainsi que la devise du parti (" dignité et travail ») — les deux relevant de la tradition nationaliste qui a marqué sa naissance ont été abandonnés. Ces modifications symboliques enregistrent l'évolution politique du parti depuis sa constitution en 2001 : radicalement à gauche.
Le congrès a également élu — à bulletins secrets et à deux tours, car les candidat(e)s devaient obtenir 51 % des voix — une nouvelle " commission nationale de coordination » de 30 membres, qui dirigera le parti jusqu'au prochain congrès statutaire dans quatre ans, une commission de contrôle et un " tribunal de camaraderie » (chargé de s'occuper des éventuels conflits personnels entre militants). Comme il s'agit d'un parti en construction et pour y garantir la représentation des nouvelles structures géographiques et des minorités politiques, la commission nationale de coordination pourra coopter dans l'avenir de nouveaux membres en son sein.
Saluant ce congrès au nom du NPA de France, Jan Malewski a souligné que face à la mondialisation du capital il était indispensable d'avancer vers une coopération internationale des travailleurs, rappelant que le PPP et le NPA se sont engagés ensemble dans la construction de la gauche anticapitaliste européenne et que le syndicat " Août 80 » œuvrait à l'établissement de rapports fraternels avec les syndicats d'autres pays pour pouvoir s'opposer efficacement à la mise en concurrence des travailleurs, en particulier dans les multinationales comme Fagor-Mandragone, Mittal, General Motors ou Fiat… où ses militants polonais sont actifs.
Ouvrant les débats, B. Zietek a donné le ton : " Les transformations systémiques que nous avons subies depuis 1989 n'étaient pas la seule voie possible, comme le PPP l'a toujours dit, bien qu'avec des effets divers… Cela commence à avoir aujourd'hui des effets, la conscience de la population évolue, elle se met à comprendre que le capitalisme c'est l'exploitation, la décadence sociale, les assassinats de travailleurs. Avec ce pouvoir — quelle que soit la couleur du gouvernement — il n'y a pas de véritable dialogue, il ne peut y avoir que de la confrontation. Depuis vingt ans la société n'a jamais rien gagné par ce "dialogue", cette conception a fait faillite ! »
A ce congrès, les débats sur le programme et sur la modification des statuts du parti n'ont fait que commencer. Le congrès a élu deux commissions chargées de poursuivre l'élaboration du programme et des statuts et de présenter des propositions pour les conférences nationales qui auront lieu d'ici deux ans au maximum. Au sein de la commission programmatique élue il a été décidé de coopter y compris des non-membres du parti qui, sans militer au quotidien, sont prêts à l'aider.
Finalement le congrès a décidé que le PPP participera aux élections de l'an prochain — la présidentielle, les régionales et les locales (dans ce dernier cas au sein de larges coalitions). ■
Rédaction Inprecor