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Retour de flamme en Croatie et en Slovénie

par Lucien Perpette

Depuis un certain temps des skinheads s'en sont pris en Slovénie à des travailleurs immigrés. Ceci a provoqué l'indignation et la réaction de la jeunesse radicale et de la gauche slovène. Une manifestation a été organisée le 29 avril 2009 à Ljubljana. Quelque 2 000 personnes ont défilé dans les rues du centre de la ville. Les discours ont dénoncé les violences fascistes, mais ont aussi attaqué les conséquences de l'irruption de l'économie de marché sur la situation des travailleurs. En effet, de nombreuses entreprises sont en train de fermer et le chômage augmente considérablement dans le pays.

C’est pendant cette manifestation qu'une partie des militants de la gauche slovène ont décidé de se rendre en Croatie le jeudi 30 avril pour s'informer et soutenir les actions d'occupation de facultés universitaires et singulièrement la faculté de philosophie de Zagreb.

Très bien accueillis à Zagreb par des responsables de la faculté, deux membres du groupe slovène, Rastko Mocnik et Primoz Krasovec, ont eu l'occasion de présenter des exposés sur les conséquences désastreuses de l'introduction de l'économie de marché en Slovénie et dans les pays ex-socialistes.

Dans la soirée, s'est tenue dans la salle académique, une séance plénière où furent évoqués, non seulement la principale revendication des étudiants et des professeurs de la faculté en faveur de la gratuité de tous les niveaux d'enseignement, mais aussi un certain nombre de revendications touchant l'ensemble de la société et particulièrement le monde du travail, qui lui aussi est durement touché en Croatie par la récession de l'économie mondiale. Au nombre de ces revendications, il faut mentionner la suppression de l'impôt supplémentaire pour avoir accès aux soins de santé (auparavant, entièrement gratuits), la pénalisation des délits économiques (singulièrement visés : les vols de l'ancienne propriété collective), la création d'un fonds pour la restitution des biens qui ont été pillés, la diminution de la TVA sur l'alimentation (qui à la demande de l'Union européenne a été portée à 22 %)…

Un fait marquant a été l'intervention de la présidente de la principale confédération syndicale croate, Ana Knezevic, qui a apporté son soutien aux revendications des étudiants, les invitant à participer à la manifestation du 1er Mai le lendemain à Zagreb, soulevant l'enthousiasme de l'assemblée. Un représentant de la confédération des syndicats libres de Slovénie, Goran Lukic, ainsi qu'un étudiant slovène sont également intervenus et ils ont distribué un tract de solidarité du président du syndicat slovène, Dusan Semolic.

21 facultés universitaires étaient occupées en Croatie et tout indique que ces actions ont recueilli la sympathie de la population, car au-delà des revendications propres à l'enseignement, ce sont toutes les conséquences de l'irruption du néolibéralisme et de la crise économique mondiale qui sont remises en question dans le pays.

L'assemblée plénière du 30 avril aura été non seulement une manifestation de la force du mouvement et de son implication dans les enjeux de la société croate, elle a aussi été une énorme réunion de travail au cours de laquelle les tâches de nombreuses commissions ont été définies (par exemple celle de la vidéo) et où les exécutants des différentes tâches à réaliser ont été désignés. L'autogestion a donc ainsi commencé à retrouver ses marques dans le monde étudiant croate. ■

 

 

Ljubljana, le 4 mai 2009

 

 

* Lucien Perpette, syndicaliste de la sidérurgie liégeoise à la retraite et militant de la IVe Internationale, vit en Slovénie depuis plusieurs années.

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