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Introduction

par
Photothèque Rouge/Sébastien Ville

Introduction

Dimanche 17 mai 2009, les armes des Tigres de Libération de l'Eelam Tamoule se sont tues et l'on a appris la mort probable de leur chef Vilupillai Prabhakaran. Cela conclut une offensive militaire brutale et sans merci du gouvernement nationaliste chauvin cinghalais dirigé par Mahinda Rajapaksa. Durant plusieurs mois, le régime a sans répit pilonné et bombardé rebelles et civils tamouls dans sa prétendue " guerre contre le terrorisme ». Des hôpitaux, des écoles, des maisons ont été bombardés faisant plus de 7000 morts et 15000 blessés, des Tamouls ont été déplacés de force et parqués dans des camps de détention qu'ils n'ont pas le droit de quitter. Tous sont des civils innocents mais suspectés de terrorisme parce qu'appartenant à la minorité tamoule du Nord et de l'Est de l'île.

Cette victoire militaire ne mettra pas pour autant fin à un conflit politique qui dure depuis plusieurs décennies. A partir de 1948, date de l'indépendance, les minorités du Sri Lanka ont été systématiquement discriminées linguistiquement, culturellement et économiquement. Jusque dans les années 70 les Tamouls du Nord-Est de l'île ont revendiqué sans succès le respect de leurs droits et de leur culture par des moyens pacifiques. Cela a abouti à une radicalisation politique de la jeunesse tamoule et à l'émergence d'une lutte armée qui a duré près de 30 ans. Si l'on ne peut que condamner les attentats suicides et la violence des Tigres tamouls, la lutte pour le respect des droits des Tamouls et de leur culture est toujours d'actualité.

Cette guerre contre les Tigres Tamoul a servi de prétexte au régime autoritaire de Rajapaksa pour limiter les libertés démocratiques, non seulement des minorités ethniques du pays mais aussi de tous les citoyens. Le gouvernement a lancé ses escadrons de la mort contre les journalistes indépendants et les critiques de sa politique guerrière.

Aucune paix durable ne sera possible sans la reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple tamoul. L'autonomie doit être accordée aux régions à majorité non cingalaise et l'égalité entre les citoyens doit être préservée, seules garanties de paix et de démocratie dans un état multiracial et multiculturel.

Une réelle démocratie ne peut exister sans respect des droits des minorités ethniques. ■

APPEL

Agissez maintenant ! Arrêtez la catastrophe au Sri Lanka !

Un appel à la société civile internationale pour agir maintenant et prévenir de plus amples destructions au Sri Lanka.

Le Sri Lanka est dans une situation dramatique qui requiert l'attention de la communauté internationale et nécessite une action immédiate pour éviter de plus amples destructions.

Le gouvernement sri lankais, soutenu par les oppresseurs chauvins cinghalais, a presque anéanti la lutte des Tamouls pour leurs droits, de façon à ce que l'État sri lankais reste une structure au service du chauvinisme cinghalais. Pendant au moins un demi-siècle, les gouvernements au service de la suprématie cinghalaise ont, à de multiples occasions, refusé d'accorder aux minorités nationales leurs droits politiques dans le cadre des structures étatiques post-coloniales. Au contraire, ils ont poussé la minorité tamoule dans le mur en commettant des pogroms à de nombreuses reprises et des actions terroristes puis, par la suite, en réprimant les luttes pacifiques des Tamouls pour obtenir leurs droits. Cela a conduit à l'irruption d'une lutte armée féroce.

Le gouvernement du Sri Lanka manipule le concept de terrorisme pour légitimer sa répression contre les minorités et obtenir le soutien des puissances mondiales afin d'anéantir leurs luttes pour les droits. En 2008, le gouvernement unilatéralement a révoqué le cessez-le-feu et a rompu le processus de paix en cours sous le patronage de la coprésidence de la communauté des donneurs. Dans le processus d'anéantissement de la lutte des Tamouls pour leurs droits démocratiques, le gouvernement a interdit les Tigres de Libération de l'Eelam tamoule (LTTE) et a déclaré la guerre au radicalisme tamoul. L'accès des médias à la zone de combat a été bloqué et par la suite, le gouvernement a ordonné aux organisations humanitaires d'évacuer leurs bureaux puis il a expulsé le personnel international. Au plus fort du siège, l'État a ordonné aux équipes soignantes de quitter les hôpitaux. Toutes ces mesures ont été prises alors même que l'armée menait une grande offensive terrestre, maritime et aérienne contre les habitats traditionnels du peuple tamoul de la province du Nord-Est du Sri Lanka.

A de nombreuses reprises, les civils ont été expulsés de leurs maisons et celles-ci ont été pilonnées et bombardées, les cultures et les propriétés dévastées et l'environnement dans son entier défiguré au-delà de ce qui est imaginable. Au maximum de l'offensive, l'État a exhorté la population à rejoindre une zone gouvernementale neutre, exempte de combats, dans une petite bande de terre où les installations de base étaient totalement insuffisantes pour l'accueillir.

Par la suite, le gouvernement a pilonné et tapissé de bombes une partie de la zone neutre sous prétexte de faire la chasse aux terroristes. A l'heure actuelle, ses troupes ont avancé dans la zone neutre en appelant l'opération " mission de sauvetage », tuant des milliers de civils. Des allégations suggèrent que le gouvernement utilise des armes chimiques contre les Tigres Tamouls sans se soucier des conséquences sur les civils regroupés sur cette petite bande de terre.

Cette guerre viole totalement les conventions de guerre et les lois internationales. Le gouvernement du Sri Lanka nie les accusations, disant que les allégations sont de la pure propagande des Tigres Tamouls. Des vérifications sont impossibles puisque les médias indépendants et les organisations humanitaires, à l'exception de la Croix-Rouge, n'ont pas l'autorisation d'accéder à la zone de combats.

Le gouvernement détient des milliers de déplacés dans des camps de rétention qu'ils n'ont pas le droit de quitter. Il les appelle " centres de protection ». Même du personnel des Nations unies, qui est sorti de la zone neutre, est détenu dans ces camps soit-disant pour démasquer les terroristes.

Il y a plusieurs mois, le gouvernement a soumis une proposition aux ambassades à Colombo en vue d'obtenir une assistance financière pour mettre en place un camp semi-permanent pour 200 000 civils pendant 3 ans. Ce n'est pas la première fois. Dans un passé proche, il avait empêché les habitants de la région de Sampur dans l'Est de se réinstaller après des opérations militaires. Actuellement, des discussions sont en cours pour construire une centrale thermique sur ces terres sans apporter de compensations aux résidents. Ainsi, derrière la dévastation des terres traditionnelles des Tamouls, se dessine l'objectif — racialement orienté — de changer la démographie des terres concernées, tout en maintenant les résidents dans des camps de détention durant une période indéterminée.

Nous, représentant la société civile de l'île, exprimons nos profonds regrets face à l'inaction et au silence approbateur donné au régime sri lankais par les organismes internationaux de bonne gouvernance tels que les Nations unies, malgré les crimes incommensurables des dirigeants sri lankais et de leurs alliés.

Nous implorons la communauté internationale, et particulièrement la société civile, de ne pas laisser le gouvernement sri lankais manipuler la soi-disant guerre contre le terrorisme pour obtenir le soutien des Nations unies et d'autres autorités et de poursuivre son terrorisme d'État contre la minorité tamoule.

La communauté internationale devrait pousser les autorités telles que les Nations unies et le groupe des donneurs du Sri Lanka à contraindre le gouvernement à cesser la guerre immédiatement et entamer un processus de paix dans le but de trouver une solution viable à ce problème national.

Le droit des populations à vivre dans leurs villages traditionnels doit être défendu. Des compensations devraient être perçues pour les dommages causés à leurs propriétés, à leur vie et une aide devrait être donnée pour la reconstruire.

Les médias et les organisations humanitaires doivent avoir accès immédiatement aux zones où sont regroupées les personnes déplacées et affectées par la guerre et leur liberté d'expression doit être garantie.

Sri Lanka, le 24 avril 2009

Signé par : Dr. Vickramabahu Karunarathna, Prof. Sucharitha Gamlath, Prof. Jayantha Senevirathna, Dr. Nirmal Ranjith Devasiri, Dr. Terrence Purasinghe, Maître Chandrapala Kumarage, Rev. Fr. Yohan Devananda, Patrick Fernando, Prof. Kumar David.

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