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Défendre les revendications du mouvement de masse

par Franco Turigliatto

Franco Turigliatto, sénateur démissionnaire du PRC, est membre de l'Association Sinistra Critica (Gauche Critique). Nous reproduisons ici la traduction d'une interview video datée du 26 février 2007 et présentée qur le site www.sinistracritica.org . Cette prise de position a été également reproduite en italien par le quotidien <i>Il Manifesto</i>. Traduit de l'italien par le bimensuel <i>solidaritéS</i> qui l'a publié dans son n° 103 du 1er mars 2007.

La situation difficile au Sénat de la République est issue du résultat même des élections. Le centre gauche n'a pas remporté les élections au Sénat ; il n'a pas une majorité suffisante et donc chaque vote peut incliner dans un sens ou dans l'autre suite à diverses incursions et opérations politiques. C'est dans ce cadre que nous sommes arrivés au vote de mercredi [21 févier, ndt.] sur la motion concernant la politique étrangère. En réalité, derrière ce vote, on retrouvait substantiellement la volonté d'encadrer et de diriger toujours plus fortement la politique de l'Exécutif vers des options particulièrement conventionnelles. En même temps, cependant, une grande manifestation populaire avait eu lieu le samedi précédent, qui mettait en discussion deux questions de fond : l'une concernait l'usage du sol - ou plutôt la dévastation du sol -, l'autre touchait à l'aménagement du territoire, en vue du développement d'une base conçue comme un élément fondamental du dispositif militaire d'intervention de l'OTAN et des Etats-Unis au Moyen Orient et en Asie. C'est dans ce cadre qu'est apparue une pression particulièrement forte pour donner au rapport du Ministre des affaires étrangères et à sa motion la valeur d'un véritable vote de confiance.

En réalité, il s'agissait d'une motion un peu empoisonnée, au sens où elle confirmait une orientation qui était apparue, dans le rapport présenté par d'Alema, essentiellement en continuité avec la politique atlantiste et philo-US de toujours, même si quelques éléments de différenciation par rapport à la politique poursuivie par le gouvernement Berlusconi subsistaient. C'est pour cela, disons-le ainsi, que dès le début, je me suis orienté vers une position critique : le refus de donner un aval à un choix qui constitue en réalité une politique de guerre. Et j'ai résisté à d'infinies pressions, avant tout au chantage exprimé ainsi : " si tu fais ça, tu mets en danger le gouvernement même ».

Toutefois, et justement pour répondre à cette pression, à ce chantage et à ces observations, au cours du débat, j'ai encore déclaré ma disponibilité à voter le rapport, à condition que soit introduite au moins une réaction positive à l'égard de Vicenza. Il ne s'agissait donc pas d'une demande de Franco Turigliatto ou d'un autre sénateur, mais d'une exigence de respect à l'égard de Vicenza et sa population : il fallait en somme que le gouvernement montre qu'il était prêt à une pause de réflexion, à une suspension de la décision, afin de pouvoir discuter démocratiquement avec les habitant-e-s de Vicenza. Même cela a été refusé, et c'est la raison pour laquelle j'ai considéré qu'il était nécessaire de donner, d'une manière ou d'une autre, un signal politique. Un signal qui montre que quelqu'un avait la volonté d'être cohérent avec ses propres idées, sa propre position politique, dans le cas précis, une position politique qui reprenait le programme historique de mon Parti. En même temps, cette position donnait un petit signal pour la défense des idées et des revendications du mouvement de masse pour la paix et la protection de l'environnement.

J'ai donc pris cette décision de ne pas participer au vote. En même temps, j'ai annoncé ma démission du Sénat, démission que j'ai formalisée peu après, justement parce que je voulais de cette manière marquer les rapports qui me lient à mon parti. J'ai été élu sur les listes de Rifondazione comunista, et j'ai remis, de cette manière, mon mandat dans les mains de l'organisation politique qui avait appelé et contribué à mon élection. Je crois que c'est la manière d'agir la plus correcte et la plus loyale envers la formation politique dans laquelle on a milité, y compris en termes de cohérence par rapport aux idées et aux objectifs défendus. Pour cela, je ne peux qu'être attristé, disons-le ainsi, que le Parti ait réagi à mon acte de responsabilité, tant politique qu'organisationnel, en montant une campagne assez pénible contre mes choix ; en arrivant même à proposer mon éloignement, c'est-à-dire mon expulsion du Parti même. Je dois dire, néanmoins, qu'en même temps, l'heureuse surprise est venue du développement d'une solidarité très ample, pour moi tout à fait inattendue, qui a impliqué et qui implique des milliers de personnes, que ce soit dans l'accord substantiel avec les choix que j'ai faits ou dans la solidarité politique et le respect de ces choix pour leur valeur et leur cohérence.

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