
Mercredi 2 octobre, Lyannaj pou dépolyé matinik (LPDM) a réuni la presse presque complète, pour faire le point sur le combat anti-chlordécone.
Un point indispensable pour que le public ne se perde pas dans les arcanes des procédures judiciaires et surtout qu’il reste mobilisé. L’adversaire mise sur la lassitude, l’oubli, la confusion. Notre arme c’est l’exact contraire.
Deux avocats en présentiel (Sylvette Romer et Raphaël Constant), et un, via internet (Christophe Leguevaques) ont pu être disponibles, et ont d’abord souligné un atout essentiel : l’ensemble des nombreux/ses avocat·es travaillant sur le dossier ont marché ensemble, même dans des couloirs différents. Nous parlons là du dossier pénal pour lequel, en plus des associations et institutions, près de 800 personnes se sont constituées parties civiles au grand dam du camp d’en-face.
Sans doute pour empêcher ces présences gênantes pour elle, la cour d’appel de lachambre d’instruction de Paris avait ordonné à nouveau le huis clos. Personne donc pour écouter les plaidoiries, nourries, des plaignants qui, pour la première fois, depuis les plaintes déposées en 2006 et 2007, ont pu argumenter contre les empoisonneurs (État et privé). Le non-lieu prononcé en première instance, sans véritable débat de fond, a donc été combattu et laréponse du parquet, visiblement embarrassé, n’a tenu qu’en quelques minutes. Même contraste entre l’abondance des mémoires de l’accusation et la sobriété du camp d’en-face.
Personne ne sait comment interpréter l’éloignement de la date retenue pour le délibéré (mars 2026 !).
Il est vrai qu’ils ont beaucoup à lire et que l’empressement n’a pas été leur fort depuis 2006 ! Mais malgré leurs manœuvres dilatoires, ils n’ont pas réussi à enterrer l’affaire.
En 2019, Macron a reconnu « la part de responsabilité de l’État». Six ans après, nous voulons toujours que cette « part » soit jugée et que les autres « parts » soient nommées, jugées, condamnées. Face à l’action collective conjointe par laquelle 1200 Martiniquais·e·s et Guadeloupéen·ne·s demandent réparations pour le préjudice d’anxiété, l’embarras et l’entêtement de l’État sont identiques.
Au tribunal administratif de Paris, un premier jugement reconnaissait les « négligences fautives de l’État» mais pas l’obligation d’indemniser les victimes.
La cour d’appel saisie réaffirme et souligne plus nettement la responsabilité de l’État, mais n’accepte d’indemniser qu’un nombre infime de victimes. Mais pour le parquet, c’est trop, et c’est lui qui fait appel devant le Conseil d’État, en comptant sur l’asphyxie financière des victimes rendant impossible leur défense.
C’est cela, entre autres, qui rend la solidarité financière indispensable. L’appel aux artistes a rencontré un écho positif.
Un spectacle solidaire se tiendra le mercredi 15 octobre au grand carbet du parc Aimé Césaire à 19h.
On a donc besoin d’une participation massive !
Publié le 6 octobre par Révolution socialiste n°415