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Martinique : Nouvel espoir ou vieilles illusions ?

Les membres de Gran Sanblé se sont retrouvés ce dimanche matin, aux Anses-d'Arlet. © Antoine Irrien / France-Antilles

La coalition du Gran sanblé a tenu à annoncer dans un récent meeting, sa participation au Congrès des élu·es de Martinique, qui finalement se tiendra les 8 et 9 octobre courant. L’accent est mis, de part et d’autre, sur la question des institutions, même si dans les rencontres préalables du président de la CTM avec des représentants des forces politiques, syndicales, associatives, les échanges ont pu porter sur des questions économiques, sociales, culturelles, donc politiques au sens large du terme.

Dans ce cadre, le GRS a pu rappeler une conviction profonde : le changement institutionnel n’a un réel intérêt que s’il permet d’avancer vers la transformation sociale permettant de résoudre les problèmes des masses populaires. C’est bien pour cela que nous avons publié dans le précédent RS, une présentation des axes programmatiques à soumettre au débat public.

Les élu·es sont dans leur rôle lorsqu’ils s’attachent à définir leurs orientations face à l’État. Il est heureux qu’ils recueillent les avis des mouvements populaires, eu égard à leur démarche. Mais consulter, ce n’est pas définir ensemble des objectifs et des stratégies. Prévoir un référendum sur les choix faits par le Congrès est un minimum, et non un summum de démocratie. Consulter les organisations et le public nesaurait remplacer un véritable congrès du peuple, c’est-à-dire un espace à travers lequel les masses définissent démocratiquement leurs priorités.

Un tel congrès irait plus loin que la Convention du Morne-Rouge qui ne rassemblait, après tout, que des délégations de partis et de syndicats.

Un congrès du peuple, tel que nous l’entendons, aurait à cœur de reprendre l’exigence de l’élection d’une Assemblée Constituante comme moyen de décider des institutions politiques voulues par la population.

Congrès du peuple, puis Assemblée Constituante, puis référendum, d’aucuns diront que ce schéma implique beaucoup de discussions. Certes. Mais il faut cesser de sous-estimer le peuple. Le peuple est capable de mener les débats, capable de comprendre les enjeux, capable de formuler ses aspirations, de définir les stratégies de lutte qu’il devra mener pour atteindre ses objectifs. Politiser les masses, disait Frantz Fanon, c’est leur montrer que tout dépend d’elles, que les mains magiciennes sont les mains du peuple. Nous partageons totalement cette opinion.

La mobilisation des masses étant la clef de toute transformation réelle, le débat en leur sein, est une nécessité incontournable. Cette analyse permet de comprendre les limites du processus engagé par les élu·es. Ce n’est pas une raison pour adopter « l’attitude stérile du spectateur » ou de la spectatrice. Il faut au contraire saisir l’occasion de peser au maximum sur le cours des choses. Les classes laborieuses sans qui rien de profond n’est possible, sont concernées. Il faut donc mettre le nez dans les débats, se prononcer sur les positions exprimées par tel ou telle.

Imprimons donc notre marque, en défendant des revendications et des orientations conformes aux intérêts du plus grand nombre. Si nous voulons éviter qu’un nouveau cycle d’illusions ne prenne la place de l’espoir que nous devons construire de toute urgence, il est essentiel que les anticolonialistes prolétarien·nes s’emparent de ces réflexions et propositions.

Pa rété la ka gadé mas pasé !

Publié le 6 octobre par Révolution socialiste n°415