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Martinique : Le piège, la démagogie, la parade

par Groupe Révolution Socialiste
Des drapeaux indépendantistes et nationalistes martiniquais flottent au-dessus de la foule lors d'une manifestation à Fort-de-France, le 27 février 2021 Lionel CHAMOISEAU / AFP / Archives

Dès que le thème du changement de statut refait surface, on entend une petite musique insistante : « Ils veulent l’autonomie et l’indépendance, mais ils ne savent pas même pas gérer les problèmes qui relèvent déjà de leurs compétences ». Et l’on passe en revue toutes les tracasseries quotidiennes : l’eau, les transports, la gestion des déchets, etc. Et alors, le berger de répondre à la bergère : « impossible de résoudre les problèmes sans pouvoirs supplémentaires ». Le piège réside dans ce cercle vicieux argumentatif.

La démagogie est du côté des personnes hostiles à tout changement de statut. D’abord, parce qu’elles se gardent bien de dire exactement comment résoudre les problèmes en question, sans changer les institutions, ensuite parce que nier les obstacles du système colonial, permet sans effort de discréditer les dirigeants actuels du pays, toutes tendances confondues. Enfin parce que cette posture flatte la mode populiste du rejet global de la politique et de tout ce qui s’y rapporte.

En face, on répond le plus souvent par la promesse sans garantie qu’avec plus de pouvoir on pourra tout régler.

Bref, méthode Coué contre procès en incompétence et suspicion de malhonnêteté.

Pour sortir de cette opposition stérile, nous croyons que le mouvement populaire doit s’attacher ici et maintenant aux revendications concrètes, quel que soit le système institutionnel en vigueur.

Contre le calvaire des transports, de l’eau, des déchets, défendons des services publics immédiats, hors délégations capitalistes, sous contrôle ouvrier et citoyen !

Contre la dictature du lobby de l’import-export, qui est l’une des sources de la vie chère, réclamons une centrale publique d’achat sous contrôle ouvrier et citoyen.

Contre la quasi-monoculture du lobby bananier qui aggrave la dépendance alimentaire, battons-nous pour imposer le contrôle ouvrier et citoyen sur la grande plantation.

Contre le colonialisme de peuplement, exigeons les mesures concrètes et immédiates à mettre déjà en œuvre sous l’autorité des élu·es actuel·les.

Sans vouloir décliner ici l’ensemble de ces revendications (voir RS précédents), nous insistons sur la méthode, sur la démarche permettant de ne pas rester prisonnier·es du piège dénoncé ci-dessus. Dans la Martinique d’aujourd’hui, l’audace n’est pas dans la seule répétition du mot de rupture, même traduit en kaskod. Elle est dans le combat immédiat autour de revendications mettant en cause directement le système dominant.

Publié le 13 octobre 2025 dans Révolution socialiste n°416